L'enfant de Livai Ackerman.

91

Quand Livai fut de retour chez lui, Ren n'était pas là.
Au début, il refusa d'y croire. Il s'était attendu à le trouver dans le salon, l'attendant de pied ferme pour finir leur explication et mettre un terme à leur dispute. Il était arrivé avec un bouquet de fleurs, bien décidé à le convaincre qu'il avait mal interprété les choses.
Mais voilà qu'il était seul au milieu de la pièce, ses pivoines mauves à la main, cherchant en vain un signe de la présence de son homme et de sa fille.
Son homme ?
Le fait de penser à lui en ses termes le plongea dans la plus profonde confusion. Mais peu à peu cela lui apparut comme une évidence. N'avait-il pas compris depuis plusieurs jours déjà qu'il ne pourrait plus vivre sans les deux êtres qui comptaient le plus à ses yeux ?
Bouleversé, il continua à regarder autour de lui. Aucun jouet de Mika ne traînait sur le tapis. La tablette de Ren n'était pas sur la table basse, et il sentait que la maison était vide.
Son cœur se serra dans sa poitrine, et une douleur profonde envahit tout son être. Pourquoi serait-il parti sans attendre ses explications, sans même lui laisser un mot ?
Refusant d'y croire, il se dirigea vers l'escalier et fut arrêté au milieu de l'entrée par la voix de Rico.

-Ils sont partis.

-Quand ?

-Il y a quelques heures.

Plusieurs heures ? Comment était-ce possible ?

-Pourquoi ne pas m'avoir téléphoné au bureau pour me prévenir ?

-Parce qu'Eren m'a demandé de ne pas le faire, répondit Rico avec sévérité.

Manifestement, Eren n'était pas le seul à lui en vouloir aujourd'hui. Sa gouvernante avait l'air furieuse.
Mais cela ne justifiait pas son attitude.

-Vous êtes consciente que ce n'est pas pour Ren que vous travaillez, n'est-ce pas ?

-Et vous êtes conscient que je suis de son côté, n'est-ce pas ?

C'était la première fois qu'il avait l'impression d'avoir perdu le contrôle sur tout.

-Vous êtes renvoyée.

-Non. Vous ne pouvez pas me renvoyer parce que vous avez besoin de moi. Tout comme vous avez besoin d'Eren et de votre fille.

Ses mots lui firent l'effet d'un coup de poing. Et pourtant elle avait raison. Il était seul et il avait besoin d'eux.
Tout à coup, il ne savait plus s'il était plus en colère contre Rico ou contre lui-même.

-La petite pleurait quand ils sont partis.

Lui-même, décida-t-il. C'était à lui qu'il en voulait le plus. Mais Ren avait eu tort de partir. Il aurait dû rester pour parler de tout cela. Certes, il avait des choses à se reprocher. Mais Ren s'était enfui. Mika avait pleuré. Et Ren, avait-il pleuré aussi ?
Envahi par le remords, il oublia sa colère et se sentir infiniment coupable. Il peinait à respirer tant les émotions se bousculaient en lui.

-Vous auriez dû m'appeler.

Faisant volte-face, il courut vers l'escalier et monta les marches quatre à quatre. Il se précipita dans sa chambre, espérant encore que Rico lui avait menti pour lui donner une leçon, pour le mettre dans de bonnes dispositions avant d'affronter Ren. Mais elle n'avait pas menti. Dans l'armoire, il n'y avait plus aucun vêtement de Ren. Seul son parfum continuait à flotter dans l'air. Il était bel et bien parti.