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AVA

Il est déjà onze heures, du matin je précise. Samantha, alias Sam, car elle ne supporte pas qu'on l'appelle par son prénom, dort toujours à côté de moi. On a passé la soirée dans un bar et je crois qu'on a, comme toujours, un peu trop abusé de la tequila. Cependant, mon estomac crie famine, en plus des brûlures qui ne cesse de se manifester après une bonne soirée de ce genre, j'en ai bien besoin.

Sam et moi vivons ensemble, la plupart du temps. C'est ma meilleure amie,depuis maintenant, des années. Je l'ai connu au collège pendant une heure de colle, pas la peine de vous préciser que depuis ce jour-là,on ne s'est plus quitté. Mais je vous arrête tout de suite, elle et moi, on passe peut être nos journées ensemble à faire les 400 coups, on est capable de se séparer et ne pas se parler pendant des jours. On se retrouve comme on s'est quitté, de ce côté, il n'y a pas de soucis. Rien à voir avec ces filles qui se disent entre elles qu'elles sont toutes leur vie et j'en passe.

Je finis par manger ce que je me suis préparée, c'est à dire, du pain perdu. Je devais avoir 5 ans la première fois que ma mère m'en a fait et je n'ai pas arrêté pendant des mois de lui dire qu'elle me prépare ça toutes les semaines.

- Salut Vava, tu es réveillée depuis longtemps ?, me lance Sam par surprise.

Au passage, je n'aime pas quand on me surnomme comme ça mais elle, dirons-nous, a un traitement de faveur.

- Tu verrais ta tête Sam !, lui dis-je en souriant.

Elle a les cheveux décoiffés telle une sorcière et ne s'est même pas donné la peine de se rhabiller correctement. Je veux dire qu'elle avait son débardeur de travers,dur dur les lendemains de soirée.

- Au fait, cette semaine je ne serais pas là je pense, Diego m'emmène en vacance, me précise-t-elle.

- Sam, t'es en vacance toute l'année tu es sérieuse ?

- Je veux dire qu'on bouge, il y a un immense appart près de la plage.

- Et c'est sérieux avec lui alors ?, lui demandé-je alors que de base elle n'est pas du genre à avoir de petits copains mais plutôt des aventures sans lendemain.

- Ecoute, tu me connais, mais avec lui c'est tranquille, ce n'est pas un gros lourd tu vois, il ne prends pas la tête, on voit les choses de la même façon et en plus, c'est un bon coup.

- Merci de la précision. C'est cool quand même et j'avoue que si tu devais avoir une relation normale avec quelqu'un c'est avec lui, il est carrément comme toi.

- Yes, on verra bien, on vit au jour le jour quoi.

- Bon, je vais prendre ma douche. Et sinon, tu pars quand ?

- Je dois être chez lui avant 14h, je prends ma douche après toi et j'y vais. Tu ne vas pas trop t'ennuyer sans moi ?

- Tu parles, je trouve toujours quelque chose à faire, finis-je par lui dire sans oublier le petit clin d'œil.

Je file à la salle de sport pour me défouler. Cela faisait plus d'une semaine que je n'y suis pas allée,ça ne pourra que me faire du bien.

Je commence par un échauffement et je finis sur le sac de boxe. La rage me monte dès le premier coup. La première image qui me vient à l'esprit : mes deux frères. Le visage de mon père venait juste après. Je voyais le coach me regardait au loin alors qu'il s'occupait en même temps d'un client.Il me connait depuis que je suis gamine. Je me rappelle avoir franchi cette porte à l'âge de 6 ans, après la mort de ma mère, mon père m'a emmené ici. Depuis Franck, le coach, me surveille comme s'il avait fait une promesse à mon père, ce qui ne m'étonnerait même pas. Je lui dois beaucoup quand même, il m'a appris énormément de choses et m'a aidé quand je me suis retrouvée seule.

Il s'avance vers moi et me coupe dans mon élan. Il prit le sac de boxe devant moi de ses deux mains.

- Tu es une vraie pile électrique toi. Il s'est passé quoi encore ?, me questionne-t-il.

- Rien, mais ça fait un moment que je n'étais pas venue, j'en avais sûrement besoin et d'après ce que je vois c'est vrai.

- Je confirme aussi, tu es ici la bienvenue tu le sais, mais ne fait pas peur aux clients s'il te plait.

- Arrête, il y en a des pires que moi dans ta salle, toi même tu le sais.

- Justement, on va croire que je tiens un centre rééducation pour délinquants.

- Ce n'est pas pour ça que vous avez ouvert cette salle ?

- Si, je vais finir par le regretter.

- Je ne crois pas, sinon tu ne m'aurais pas demandé de vous aider de temps en temps pour ces jeunes, particulièrement les filles.

- Tu fais partie de ces jeunes.

- Quoi de mieux que d'avoir un passé commun pour s'entraider ?

- Tu m'énerves à avoir réponse à tout.

Je souris, il savait pertinemment que j'avais raison parce que c'est lui même qui m'a demandé de continuer à venir ici, pour d'une part, faire un travail sur moi même, et d'autres part, aider les autres à se libérer de leurs démons.

Il repart à ses occupations après notre petite conversation, je continue à taper dans ce sac pour me défouler et m'étire par la suite. Je file une fois de plus aux vestiaires pour prendre une douche.

Sam avait peut être raison, j'allais un peu m'ennuyer sans elle. En général, quand je sors ou que j'ai une bonne idée en tête c'est elle que j'appelle. Cette fois, je vais devoir trouver une autre partenaire ou m'amuser toute seule, en tout cas, une chose est sûre, je sors ce soir.


AVAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant