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Je suis assise devant cette chaise vide, attendant mon frère. Je suis venue voir Damien. Pour les conseils, je préfère le consulter, mais je devrais aussi demander un parloir avec Raphaël, cela fait un moment que je ne l'ai pas vu désormais. Sachant que je demande à voir Damien la plupart du temps. C'est le grand frère, alors c'est à lui que je m'adresse en général. Mais Raphaël me manque. Petite, j'étais tellement proche de lui.

Le voilà. Il s'assoit alors sur la chaise et pose ses mains menottées sur la table. 

- Comment tu vas ?, me demande-t-il. Tu as l'air fatiguée.

- Je réfléchis beaucoup ces temps-ci mais ça va, à vrai dire, je suis là pour une raison particulière. Mais vous, vous tenez bon ?

- Eh ma belle, ici c'est chez nous, sourit-il, comme si je partageais sa joie. 

Je baisse la tête à ces mots, comme si j'avais été prise de douleur par une balle dans le ventre et que je vérifiais si c'était réel. Parce que oui, si j'ai détesté mes frères aussi longtemps c'est parce que je leur reproche de préférer la prison à moi. Cet endroit fermé où ils arrivent à dicter leurs propres lois, tout le monde les respecte et comme si, c'était la seule chose qu'ils cherchaient.

- Alors dit moi, continue-t-il. Tu as besoin de quelque chose ?

- Paccoro...

- Quoi ?, s'étonne-t-il alors que la tête du surveillant apparaît à la vitre de la porte pour vérifier si tout se passe bien.

- Paccoro veut que je travaille pour lui, pour l'instant j'ai réussi à traîner les choses mais je voulais te voir pour savoir qu'est ce que je dois faire.

- Quitte la ville.

- Damien, tu sais très bien comment il est, il veut se venger, ce n'est pas un océan qui nous sépare qu'il va l'arrêter. Et je ne veux pas quitter cette ville, on a grandi ici.

- Je m'en occupe de mon côté, toi fait attention. Va chez Manok pour t'équiper, tu en auras besoin. Surtout, ne te mets pas en danger, sois plus maline que lui. Tu l'as toujours été de toute façon, je ne m'en fais pas pour ça.

- Tu vas quoi toi ?

- Je vais mettre des hommes sur le coup.

- Non Damien, ils vont se faire tuer. Il est déterminé.

- T'inquiète pas pour ça. Il t'a touché ?

- Non, menté-je aussi vite, je ne voulais pas les faire culpabiliser plus que ça.

Son visage se ferme et il fixe la table, il était en pleine réflexion. Je me demande à cet instant si j'avais eu une bonne idée de venir le voir, j'aurais pu m'en sortir toute seule.

- En fait, j'ai ma petite idée sur comment m'en échapper, mais je voulais te tenir au courant tout de même, finis-je par lui dire.

- Tu as bien fait et je veux que tu viennes me dire ce qui se passe dans ta vie.

- Tu pourrais le savoir si tu n'avais pas fait...

- Je sais Ava, on en déjà parlé, on a fait ça pour toi.

- Laisse tomber.

Décidément, il ne comprendra jamais.

- Tu pourras dire à Raphaël que je viendrais le voir bientôt, je crois avoir dit ça aussi la dernière fois mais cette fois je vais appeler pour un parloir avec lui.

- Il sera ravi de l'apprendre.

- J'ai été prise ces derniers temps, lui avoué-je sans mentionner mes petites descentes.

Je prends les mains de mon frère sans le regarder. Il me manque tellement, leurs prises de tête, leurs affaires partout dans la maison, les fous rires entre deux scènes dramatiques, leurs conseils bons ou mauvais, tout me manque chez eux,même le pire.

- Je vais te laisser, le temps est bientôt écoulé.

- Attends encore un peu, dit-il me serrant la main d'un regard bienveillant, ce qui était rare de sa part.

Il se lève et se penche sur la table le plus possible pour atteindre mon front, ses lèvres me touchent le front et je reconnais enfin le grand frère protecteur qu'il avait toujours été malgré cette séparation. Il se redresse sur la chaise et sa main caresse ma joue à présent. Je lui manquais aussi et ce sentiment pesait lourd dans mon cœur.

Il était temps de partir et se fut d'autant plus déchirant.

AVAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant