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Une fois finie mon tour en moto, je monte les escaliers pour rentrer mais je vois Ryan se tenant devant la porte. Je ne m'y attendais pas du tout, je vérifie mon portable et aucun message. Il se fait désirer Monsieur.

- Je n'ai pas arrêté de te contacter, commencé-je.

- Je sais, je viens de finir mon service et je suis venu c'est encore mieux non ?

- Ça fait longtemps que tu es là ?, lui demandé-je cherchant mes clefs dans la poche intérieur de ma veste.

- Non et il n'y a personne à l'appart.

- Je sais, Sam emménage avec Diego et ils sont partis faire les cartons ensemble.

Il ne répond pas et je me rends compte seulement après de ce que je venais de dire. Pourquoi me mettais-je à raconter la petite vie de Sam à Ryan ?

Nous rentrons dans l'appartement, j'enlève ma veste et la jette sur le canapé.

- Alors c'était quoi l'urgence ?

- Par rapport à hier, je voulais m'excuser, tu es parti tellement vite, tu n'as pas à te sentir gêné, je...

- Tais-toi !, me répond-t-il d'un ton sévère sans me regarder.

- Quoi ?

- J'ai dit ferme-là.

Il n'hausse pas le ton mais l'expression de son visage en disait long, il souffrait. Et je crois savoir ce qu'il ressent. J'étais dans le même état la première fois, quand j'ai découvert ce que mon corps était devenu.

- Ryan, pas avec moi.

- Arrête, je ne veux pas de ta pitié, comme si tu étais différente, j'ai le visage défiguré alors oui je suis rentré chez moi, comment on peut regarder ça ? Même moi j'n'y arrive pas. Je n'aurais jamais dû venir, me dis-il en se tournant vers la porte pour une seconde fois prendre la fuite.

- Non attends.

Il se retourne de nouveau, vers moi. Je dois faire quelque chose et la seule pensée qui me vient à l'esprit est de lui montrer. J'attrape le bas de mon top et le défait. Je sens son regard interrogateur sur moi. Ses yeux finissent pars'écarquiller. Je me retrouve en jean et soutif devant lui, ce n'est pas comme si c'était une première, mais la plupart du temps, nous étions dans le noir. Ce qu'il vit, n'avait plus rien à voir. Son regard reste accroché.

- Tu vois, tu arrives à regarder, continué-je.

Mais lui, ne répond pas, le regard fixe sur mon ventre. C'est alors que je décide de me débarrasser de mon jean.

- Ne fait pas ça Ava, finit-il par dire.

- Regarde moi, rétorqué-je alors que je venais de le retirer. Ta joue, mon corps.

Son regard ne me quitte pas une seule seconde. Je m'avance doucement vers lui et quelques centimètres à peine nous sépare. Je pose ma main sur son pansement délicatement.

- Non, dit-il mais incapable de réagir.

- Laisse moi faire.

Je lui retire doucement et le laisse tomber par terre, lui caressant la joue et dessinant de mes doigts cette cicatrice terriblement profonde. Sa joue se colle à la paume de ma main comme pour me remercier de ce geste.

- Pourquoi tu fais ça ?, me demande-t-il.

- Pour te faire comprendre que tu n'as pas besoin de te cacher, surtout pas avec moi.

- Mais...

- Regarde moi, répondé-je lui tournant le dos, j'en suis remplie et je ne m'en cache pas, tu verras avec le temps, ça te sera égal.

Je sens ses doigts sur ma peau à présent, faisant le même schéma sur ma peau.  

- Raconte moi.

- Ryan, ce n'est pas le but.

- Je veux savoir.

Je crois qu'il est temps. Je peux lui dire, au fond, j'ai l'impression qu'il en a besoin. Mon regard plongé dans le sien, il me supplie et je cède, presque tremblante de faire ses révélations, ces confidences je ne les ai faite qu'à Sam, même mes frères sont loin de la vérité.

Il pose ses doigts sur mon ventre.

- Du fer rouge, j'ai l'impression des fois que les marques chauffent comme la première fois, cette sensation ne me quitte jamais et pourtant...

- Tu restes debout.

Il finit ma phrase comme s'il comprenait, peut être que maintenant il le peut, même si tout est différent. C'est alors qu'il finit par me prendre les poignets. Et devant lui, je me mets à nue, plus d'une fois même.

- Celles-là, c'est de ma faute.

- Comment ça ?

- J'avais 14 ans, juste après la mort de mon père, j'ai...

- été violé, me coupe-t-il, je l'ai vu dans le dossier.

- A l'époque, je n'étais pas le même genre de fille, ça a été compliqué et j'ai pris tout ce qui avait de coupant. C'était comme si une force m'obligeait à faire ça et ça me soulageait, ça a duré une bonne année mais c'est fini, ça m'a permis de combattre la douleur plus facilement.

Ses pouces les caressent, et moi, je le cherche du regard. Une impression bizarre se fait ressentir en moi,comme si, pour la première fois de ma vie, mon être est apaisé. Je me retourne doucement laissant apparaître sous ses yeux les cicatrices qui me recouvraient le dos.

- J'étais attaché et ces types m'ont roué de coups avec une cordes fines, les entailles ont été profondes alors c'est pour ça que la cicatrisation est boursouflée.

Je reste quelques secondes sans bouger après mon explication, il ne réagit pas. Je me retourne enfin pour lui faire face. Ses yeux brillaient, comme si des larmes étaient prêtes à couler. Un regard doux se posait sur moi et ses mains sur mes joues. C'est alors que je réalise que les miennes se sont échappées. En somme, ses lèvres finissent par toucher les miennes,et j'aurais aimé que ça dure une éternité, parce qu'à ce moment même, c'est ce dont j'avais besoin, une délicatesse que je n'ai jamais pu ressentir. Et je l'avoue, ce qui est surprenant venant de moi, mais ça fait un bien fou.

De la plus délicate des manières, il me soulève par les hanches et je finis par l'entourer de mes jambes. Ils'avance doucement vers la chambre et me pose sur le lit. Au dessus de moi, son regard se plonge de nouveau dans le mien, caressant mes cheveux pour dégager mon visage au passage. Il me dépose de doux baisers dans le cou, puis descends jusqu'à ma poitrine. Il continue son geste puis s'arrête.

- Et là ?

Je croyais que les confidences étaient fini mais il ne lâche pas l'affaire.

- Des brûlures de cigarettes.

Il finit par poursuivre , posant ses lèvres à l'intérieur de mes cuisses alors qu'il revient pour goûter mes lèvres. Sa peau contre la mienne, ses caresses me parcourant le corps, la nuit fut différente, limite exceptionnelle.

AVAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant