AVA
J'ai l'impression que l'attente dure depuis des heures. Je vois enfin, une tête, puis deux apparaître à la vitre de la porte. Que la confrontation commence.
Mon frère franchit la porte le regard noir, je m'attendais à un accueil de ce genre et à la remontrance qui va suivre. Mes deux frères doivent me détester depuis la nouvelle. Forcément, ils ont été prévenu bien avant ma visite. Le gardien sort et nous laisse comme à son habitude, mon frères'installe sur la chaise et me fixe. Si la colère n'existait pas, il l'aurait inventé. Ce que je lis sur son visage me fait froid dans le dos. La relation que j'ai avec mes frères a toujours été riche en émotions, jamais stable. Des engueulades comme des fous rires, mais à cet instant précis, la rage de mon frère était à son maximum,je le sais. Je devais l'affronter et ne pas me laisser déstabiliser,dans la famille, c'est un signe de faiblesse, il est hors de question pour mon père qu'un membre de la famille soit faible. Je savais exactement pourquoi j'ai agi ainsi et que si c'était à refaire je le referais. Mes frères n'ont rien à dire, je peux prendre mes décisions seule, sans leur accord, depuis qu'ils ont choisi d'être derrière les barreaux plutôt qu'avec moi.
J'ai choisi de voir Damien, même si je sais que ce parloir se serait mieux passé avec Raphaël. Quoique...
- Qu'est ce qui t'a pris bordel ?!, lance-t-il sans que je m'y attende vu le silence qui pesait à l'instant.
- Je devais le faire, ça devenait tendu dehors. Je sais très bien que vous pouvez tout gérer même de là où vous êtes, mais papa avait confiance en moi, il disait que je pouvais prendre les décisions dans le gang quand je voulais et là, j'ai pris les choses en main, je...
- Non tu es complètement folle, tu veux te faire tuer !, me coupe-t-il, fou de rage.
- Je sais ce que j'ai fait, sans oublier ce que père nous a appris, c'est fini maintenant ! On a eu notre vengeance Dam, et je suis sûre que toi même tu sais que j'ai géré.
- Ce n'est pas la question Ava, ce n'est pas à toi de prendre ces décisions, les répercussions vont être graves !
- Mais de quoi tu parles ? Ils sont tous finis. On en a terminé avec eux.
- Les autres gangs vont se mettre à bouger et les traces que tu as laissé, tu vas finir dans le même trou que nous. Voilà ce que tu as gagné ! Bordel, t'es inconsciente !
Je comprends son inquiétude et moi même, je ne suis pas sûre qu'il ne va pas avoir de représailles. Je préfère être positive malgré tout.
- C'est déjà ça. Un problème de moins. Et de toute façon, tout a été détruit là bas, il n'y a aucune trace de moi. Pour les gangs, je peux m'en sortir s'il y a menace.
- Non, tu t'en occupes plus. Maintenant, je gère la situation. Tu en as déjà assez fait.
- Merci de la confiance !
- Ce n'est pas la question Ava. Les autres gangs vont peut être se révolter une fois de plus vu le drame qui vient de se passer.
- Tu appelles ça un drame ? J'appelle ça une victoire.
- Tu sais très bien ce que je veux dire et ce qu'ils pensent eux.
- Arrête de me traiter comme une débutante, je travaillais avec père également ne l'oublie pas.
- Tu ne comprends rien, arrête de faire la têtue bordel et pour une fois écoute moi.
- Non Dam, j'en ai marre d'être à vos ordres, je peux gérer ma vie comme je l'entends, je ne suis plus la petite sœur que vous devez protéger depuis le jour où vous avez décidé de me lâcher pour finir en taule. Ce jour-là, le dilemme était simple. La taule ou moi. Vous avez choisi et après ça, je me suis fait toute seule. Ose me dire que je n'ai pas réussi sans vous. Vous n'êtes pas dehors depuis des années mais j'ai géré les hommes et le reste toute seule. Et ce n'est pas vos quelques mots volants qui sont sortis de vos quatre murs qui a changé quoique ce soit. Finalement, c'est à toi de m'écouter, car clairement, je t'ai surpassé et ça te fait chier !
Le ton s'est levé. Je me rends compte de ce que je viens de dire et je m'en veux à la seconde où j'ai prononcé ces mots. Mais la vérité est là. Je sais que j'ai raison. Et lui aussi, je peux le remarquer à la façon dont il me regarde et souffle. Il se tait et se contente de me fixer. Je suppose qu'il est vexé et qu'il réfléchit. Je sais qu'il déteste quand je parle comme ça et qu'il a envie de m'en foutre une directement, il ne le fait jamais bien entendu, il me prévient juste. Le silence après mes mots est long, et le temps passe. Je n'ose plus ouvrir la bouche. Il soupire de nouveau et brise ce silence :
- Tu as raison. Je te traite encore comme ma petite sœur, d'ailleurs tu le resteras. Mais tu es une femme aussi maintenant, tu as la force de maman et le caractère de papa. Je t'admire, même si je ne te le dis jamais. J'ai pu voir durant toutes ces années tes évolutions, je sais que tu es très forte. Mais quand on a décidé de finir en taule, c'était justement pour tout arrêter. Je ne voulais pas de cette vie pour toi Ava. Je ne veux pas que tu finisses comme ces filles dans la rue ou comme maman. Je veux que tu es une belle vie. Loin de cette misère et de cette souffrance, je veux que tu sois libre et heureuse. Je veux que ça cesse, et ce n'était pas à toi de le faire, c'est mon rôle de te protéger et de te donner un avenir digne de ce nom.
Les yeux de mon frère brillent, je sais qu'il est touché. Rares sont les larmes qui coulent dans la famille, surtout les hommes. Quand cela arrivait, c'est vraiment le coeur qui parlait. Je sais qu'ils ont toujours été dur avec moi pour cette raison, je l'ai toujours su mais je ne les ai jamais écouté pour la simple et bonne raison, que je voulais être aussi forte qu'eux.
- Je sais et je vous remercie pour tout mais je dois faire mes propres choix et je suis libre aussi de choisir ce que je veux faire de ma vie. Si j'en suis arrivé là, c'est parce que j'ai réfléchi longuement et il était temps que je réagisse de mon côté également. Aujourd'hui, comme toi, je veux que ça s'arrête pour moi et pour vous aussi, ce serait le top. Je veux changer de vie Dam.
- C'est tout ce que je te souhaite Ava. Père le voulait aussi, malgré tout ce qui s'est passé, tu le sais.
- Oui c'est pour ça que j'ai agi en tant que tel et tu ne peux pas me le reprocher.
- Ava, je te demande juste une chose, c'est de sortir de ce milieu. Et quand on sortira de ce trou, je te fais une promesse, on change de vie également, pour toi, je t'aime petite sœur et j'ai compris que c'est que tu voulais. Je ferais tout pour toi.
Je n'arrive pas à croire de ce que mon frère vient de me dire. Il ne jure jamais sans réfléchir. De plus,quand on parle du travail, car depuis qu'on est petit, on nous bassine sur ce milieu comme un travail qu'on doit accomplir, il a toujours dit qu'il continuerait jusqu'à la fin.
- Tu es sérieux ?, lui demandé-je alors, les larmes aux yeux.
- Oui petite sœur. Dès qu'on sort, une nouvelle vie s'offrira à nous, je te le promets, on prendra soin de toi.
- Tu dis juste ça pour me faire plaisir. La rue, tu l'as dans la peau, tu n'arrêteras jamais.
- Bien sur que si, moi même j'ai du mal à croire à la décision que j'ai pris, mais on va le faire. On réfléchit énormément dans ces quatre murs Ava, et je suis sérieux.
Je vois enfin dans ses yeux qu'il ne me ment pas. A ce moment-là, j'imagine la vie qu'on pourrait avoir tous ensemble une fois sortis. Une vie normale ensemble, celle qu'on a jamais eu le droit d'avoir. Les larmes continuent de couler grâce à cette nouvelle, alors que mon sourire se dessine également, contente de retrouver la complicité avec mon frère. Il me prend la main et nous restons plusieurs minutes à parler sans remontrances de sa part.
Le temps est écoulé et je dois lui dire au revoir. Ces visites sont toujours un déchirement, mais celui-ci reste le plus positif. Je le quitte le cœur serré et avec quelques mots de sa part : fait attention à toi petite sœur, je te fais confiance. Pour la première fois depuis longtemps, mon frère me voit comme celle que je suis devenue et qui refusait de voir.
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AVA
General FictionAva Steel n'a rien d'une fille, dite, simple. Elle a perdu ses parents et le peu de famille qui lui reste, c'est à dire, ses frères, ont fini par être arrêté par la police. Elle vit sa vie comme bon lui semble et excelle dans la provocation. Elle éc...