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RYAN

Je prends la route pour rendre visite à ma mère. Mes pensées divaguent sans cesse, j'ai affreusement mal à la tête à force de me rappeler de chaque détail de mes arrestations. Je crois même que les simples vols me manquent. Mais qu'est ce que je dis ? Bien sûr que non. Je veux finir à la brigade criminelle ou finir en tant qu'inspecteur, mais jamais de la vie, je me contenterais de courir après de simples petits voyous.

- Maman ?, appellé-je après avoir ouvert la porte.

Personne ne répondait, la porte était ouverte et elle ne serait jamais partie sans la fermer, elle vérifie toujours deux fois avant. Je vais à la cuisine, ensuite dans le salon, personne. Je décide alors de monter à l'étage, pensant la trouver endormie sur son lit. Je traverse le couloir quand je vis un meuble par terre. Bordel de merde, il a recommencé.

- Maman !, crié-je me dirigeant jusqu'à sa chambre.

Elle se trouvait par terre, recroquevillée, le visage en sang qui se mêlait aux larmes.

- Ryan !, me dit-elle levant, avec le peu de force qui lui restait, la main pour m'attraper.

-Le fils de... Maman, lève toi, je t'emmène à l'hôpital.

- Non, non Ryan, ton père...

- Tait toi ! Ne me parle pas de lui !

Elle se tait alors, sachant pertinemment ce que j'en pensais.

- Comment tu peux supporter ça maman ? Bordel !, clamé-je de rage.

Je ne peux plus supporter ça, s'en est fini. Quand j'étais gamin, j'étais incapable de réagir, maintenant je le peux.

Je la porte jusqu'à la voiture, l'hôpital n'est pas loin, en une quinzaine de minutes, nous sommes arrivés. Devenue complètement faible face aux coups reçus, je lutte du mieux que je peux pour ne pas qu'elle ferme les yeux.

- S'il vous plait ! Aidez-là !

A vrai dire, je n'avais plus de force aussi. Je n'ai pas eu le temps de réagir que ma mère était déjà allongée sur un brancard et très vite emmenée.

Je sors aussitôt de cet endroit alors qu'une infirmière m'appelle au loin pour revenir. Il est hors de question que je reste ici pour le moment. Je monte dans la voiture et prends la route. Une fois arrivé à l'endroit souhaité, je descends en trombe et avance vers l'entrée sans prêter attention à ce qui se passe autour de moi. J'entre dans le bar et me dirige au comptoir.

- Où est-il ?, posé-je au barman que j'avais l'habitude de voir.

- Je ne sais pas.

- Joue pas au con avec moi !, commencé-je à hurler sans pouvoir me contrôler.

Je voyais à présent que la peur le guettait. Il me donne la réponse en pointant son doigt vers une porte. Je m'avance vers la direction présentée. J'ouvre la porte et je le vois sur une chaise, verre à la main.

- Espéce de salopard !, juré-je courant vers lui pour le prendre par le col de sa veste. Tu ne changeras jamais, espèce de lâche !

Impossible de contrôler la haine que je lui portais, peu importe qu'il soit mon géniteur ou pas. Mon poing rencontre sa joue, dans un premier temps, puis dans l'abdomen, il finit à terre me suppliant d'arrêter.

- Elle m'a provoqué, essaye-t-il de se justifier.

- Tu te fous de ma gueule en plus ?

Mon pied continue le travail avant de le reprendre par le col.

- J'ai plus 6 ans papa, tu vas me le payer !

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Je m'appuie contre l'entrée de la chambre d'hôpital où ma mère se trouvait. Ma coéquipière m'avait rejoint ici suite au message que je lui ai envoyé.

- Je suis désolée Ryan !, fait-elle me regardant attristée mais aussi enragée.

- Ouais moi aussi. Le pire...c'est qu'elle ne portera jamais plainte, je peux rien faire du coup.

- Je peux lui parler.

 - Ça ne changera rien, ça fait 20 ans que j'essaie.

- Mais je ne suis pas son fils.

- Et alors ?

Elle se tait alors voyant que la rage ne descendait pas. J'aurais pu m'emporter davantage et elle le savait, elle me connaissait depuis le temps que je travaille avec elle. 

- Elle se réveille, m'interpelle-t-elle alors mes pensées m'envahissaient.

Je m'approche d'elle, posant ma main délicatement sur son visage.

- Comment tu te sens ?, lui demandé-je.

- Ça va mon fils, dit-elle me serrant la main du mieux qu'elle peut pour me rassurer.

Mais il n'y avait rien à faire pour ça, c'était trop tard.

- Il faut que tu me laisses le foutre au trou maman, je t'en supplie.

- Arrête mon chéri, ton père nous aime, je l'ai provoqué en le rendant jaloux, c'est moi qui est commencé et....

- Non toi arrête, ce n'est pas possible, comment tu peux...

Je ne finis pas ma phrase, incapable de sortir les mots ni de trouver les bons. Kate me regarde me suppliant du regard de me calmer, mais ma mère n'arrangeait rien. Elle ne voulait rien entendre et ça avait le don de m'enrager. Je ne peux pas rester ici et l'écouter le défendre, c'est insupportable.

- Sors prendre l'air Ryan s'il te plait, je vais rester un peu avec ta mère, elle a besoin de repos, je te rejoins après, me conseille Kate finalement.

Je sors dehors et reste appuyer contre la voiture attendant qu'elle vienne me retrouver pour partir patrouiller, je devais passer au commissariat pour me changer. Je n'arrive pas à croire qu'elle subit ça depuis toutes ces années, sans jamais réagir comme elle le devrait. Au lieu de ça, elle lui trouve sans cesse des excuses, bordel. Des images ne cessent de me hanter, j'ai quitté le plus tôt possible la maison pour éviter ça, mais rien à faire, on a beau fuir, tout nous rattrape un jour où l'autre. 

AVAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant