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Trois semaines sont passées, la mère de Ryan m'a appelé ce matin pour me prévenir de son réveil, enfin! Je suis prise d'un immense soulagement, je ne me rappelle pas d'avoir ressenti ça. Plus de dix ans qu'on est coéquipier et il n'y a que ceux qui travaillent avec nous qui y connaissent l'importance.

- Madame Corben !, l'appelé-je essoufflée d'avoir couru jusqu'à l'hôpital.

Elle ne m'entend pas et rentre dans la chambre de Ryan, qui se trouve éveillé, deuxième soulagement de la journée.

- Mon équipier préféré !, souris-je une fois dans celle-ci.

- Je suis le seul.

- Pas en ce moment non.

Il sourit à ma remarque, malgré son mauvais caractère et la mauvaise situation dans laquelle il se trouve en ce moment, il reste lucide. Ce qui ne va peut être pas durer.

- Je dois aller travailler moi, j'ai eu la chance de pouvoir rester assez longtemps. Je vous laisse, on se revoit bientôt mon chéri, nous annonce sa mère.

Je suis toujours amusée, malgré les années, de la façon que sa mère a de lui parler. Je dis souvent de lui qu'il est encore un enfant dans sa tête par moment, au vue de certaines réactions excessives qu'il peut avoir, mais sa mère ne l'aide pas non plus. "Mon chérie" répété-je intérieurement et je souris face à ce surnom. Elle quitte alors la chambre et Ryan me regarde interrogateur.

- Quoi ? J'ai fait le plus vite possible, lui avoué-je.

- J'attends que tu me racontes tout ce qui s'est passé pendant que mon esprit sommeillé.

- Comment va ta mère déjà ?

- Un vrai moulin à paroles, tu es arrivé à temps, j'étais prêt à devenir de nouveau comateux.

- T'exagères, tu as de la chance, j'aurais aimé que ma mère soit plus attentionnée avec moi.

Je repense alors à mon enfance avec elle, complètement chaotique. Les seuls moments où on prenait la peine de s'adresser une parole c'était pour se faire des reproches.

- Comment tu vas ?, poursuivé-je.

- Ça va plutôt bien, j'ai hâte de sortir et de reprendre, j'ai ouvert les yeux seulement depuis quelques heures et ça me rend fou de rester allongé ici.

- Le médecin ne t'a pas prévenu ?

- Prévenu de quoi ?

- Ils ne sont pas sûrs que tu puisses reprendre Ryan, par rapport à ta vue.

- Ne commence pas, tu me connais, il est hors de question qu'ils me disent ce que je dois faire.

Je ne préférais pas rentrer dans ce débat avec lui, je sais pertinemment qu'il n'en fait qu'à sa tête et que personne n'arrivera à le faire changer d'avis. De toute façon, il aura tout un programme à suivre pour savoir s'il est apte à reprendre du service. C'est eux les spécialistes, pas moi, ni lui.

- Des arrestations intéressantes depuis ?

Je lui explique la plupart des patrouilles effectuées avec mon nouveau partenaire ces deux derniers mois, rien de très intéressant. Mais je parle de celle qui m'ont le plus marqué. Je lui raconte les petits problèmes qu'on eut lieu au commissariat, c'est toujours amusant. Quand on se rend compte que des collègues sortent ensemble et font tout pour se cacher. Je fais donc ma petite commère.

- Et les gangs, vous avez des nouvelles ? Ava a parlé ?

- Tu te réveilles à peine et tu penses déjà à elle, elle t'obsède ma parole.

- Arrête, ne déconne pas. Je veux savoir.

- On a rien, c'est bien eux qui nous ont attaqué. Enfin si, on a leur nom, le chef se prénomme Paccoro, mais on ne sait pas où il crèche et tu sais bien que ses hommes ne balancent pas l'endroit.

- Ava le sait, j'en suis sûr.

- Et on n'a pas de preuve. Mais là, tu te rétablis, alors n'y pense pas.

- Tu es sérieuse quand tu me dis ça en plus ?

Je souris, je sais très bien que mes paroles étaient de trop, même les deux jambes amputés, il continuerait, il a ça dans le sang. Contrairement à moi, qui me demande sans cesse si je ne devrais pas changer, du moins monté en grade pour être moins sur le terrain, pour ma famille entre autre.

- Ava est venue te voir, plusieurs fois.

- Quoi ?, dit-il les sourcils froncés et étonné par ma remarque, sans grande surprise, je me pose encore des tonnes de questions sur elle et ses visites.

- Je l'ai croisé en venant de te voir, je suis venue tous les jours Ryan, et Ava était là la plupart du temps.

- Pourquoi ?

- La première fois, elle était tellement mal à l'aise que je n'ai pas eu le temps d'avoir une réponse, elle est partie en courant de la chambre. Les autres jours, j'attendais qu'elle sorte, elle restait parfois longtemps. C'était sérieux avec elle ?

- Pas du tout, j'étais avec elle comme j'étais avec les autres Kate. Pourquoi elle est venue ?, répète-t-il baissant la voix comme s'il se parlait à soi-même.

- Tu lui poseras la question.

- Il faut qu'on les arrête.

- Je sais, mais ce sera sans toi.

Les traits de son visage étaient sévères, ma remarque ne l'a pas plu.

- Je vais vite m'en remettre t'inquiète pas.

C'était une grosse partie à cause de ça mais pas seulement, je ne voulais pas en rajouter car je sais comment ça va finir. Ce type est une vraie tête brûlée.

- Il faut que je la voie.

- Elle viendra certainement, comme les autres fois.

- Tu crois qu'elle se sent coupable de ce qui s'est passé à la banque ? Qu'elle est impliquée ?

- C'est la première supposition qu'il m'est venu en tête, mais on s'est renseigné un peu plus sur elle et sur ses frères. Je ne pense pas qu'elle soit impliqué, les Sharks sont en quelques sortes, un gang ennemi de ses frères.

- Alors elle fait parti elle aussi d'un gang ?

- Tu couches avec une délinquante Corben.

- Oh tait toi !, soupire-t-il exaspéré de mes commentaires.

AVAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant