Rita [TERMINÉ]

• CHAPITRE HUIT •

Sept semaines plus tard.

— Quoi ? Mais c'est pas possible maman !

— Je suis désolée ma puce, je n'ai pas le choix. Je suis toute seule, ça ne rapporte presque plus, je suis obligée de fermer.

J'entends sa voix trembler à l'autre bout du fil, elle est au bord des larmes.

— Ça va faire à peine deux mois que j'y suis et je suis déjà obligée de partir, c'est tellement injuste ! m'indigné-je.

— Ma chérie, le cabinet ne me rapporte plus rien, je vais devoir changer. Ton père, lui, a presque tout investi dans son entreprise et pour l'instant il ne gagne que très peu. On arrivait facilement à vous payer tout ce que vous vouliez à ton frère et toi grâce à l'argent que l'on avait mis de côté, mais ça commence à être vraiment difficile de vous soutenir financièrement.

— Je pourrais faire des petits boulots et donc réussir à payer mon appartement ! proposé-je.

— Je crains que ça ne suffise pas, ma crevette. Ton appartement coûte trop cher pour te le payer seulement avec des petits travaux le soir et le week-end.

— Et pour l'école ?

— Ça, on réussira à te la payer, ne t'inquiète pas. Tu seras simplement obligée de faire une heure de route chaque matin, tente-t-elle de me rassurer.

— Pourquoi ? J'irais vivre où ? m'enquiert-je.

— Eh bien, à la maison, avec ton frère, déclare-t-elle, comme si cette solution était une évidence pour elle comme pour moi.

C'est un cauchemar ! Vivre chez ma mère c'est déjà dur à encaisser mais, en plus, si mon frère est également de la partie, je crois que je ne vais pas supporter.

Il faut vraiment que mon frère m'explique ce qu'il s'est passé pendant mon absence ou sinon je vais devenir folle à m'imaginer une multitude de scénarios, chacun plus tragique que les autres.

De plus, cela m'éviterait de me retrouver dans ce genre de situation où emménager sous le même toit que lui devient un supplice.

— Tu es sur qu'il n'y a pas d'autres solutions ? la questionné-je, presque désespérée.

— Non, je ne vois pas.

— Je pourrais trouver un nouvel appartement, pas cher, et t'aider à le payer, c'est possible non ?

— Tous les appartements à bas prix sont déjà loués, tu sais. J'ai regardé sur les sites et aucun n'est disponible avant l'année prochaine, ou alors, les prix ne sont absolument pas abordables.

Je n'ai d'autre choix que d'accepter, il me semble. Je devrais me lever une heure plus tôt, en plus de devoir endurer les disputes avec mon frère et l'excitation de ma mère.

Je l'adore seulement, elle peut être véritablement hystérique parfois. 

Je me souviens quand mon frère et elle venaient en Italie, chez mon père pour Noël et le Nouvel An, elle était si heureuse de me revoir qu'elle me sautait dans les bras à m'en faire tomber par terre. Mon frère, quant à lui, c'est à peine s'il me disait bonjour. Je ne me suis jamais posée de question parce qu'il a toujours été très peu démonstratif en ce qui concerne ses sentiments. Je crois qu'en réalité, il m'en voulait déjà à cette époque là.

Ces fêtes étaient malgré tout très agréables. Mes parents sont séparés mais ont étonnamment décidés de les fêter en famille, comme avant.

Je n'ai jamais célébré ce genre de fête en Italie avec mes grands-parents puisque, du côté de mon père, ils sont tous deux partis vivre en Chine, ils ne reviennent donc jamais en France ; et pour ce qui est de ma mère, celle-ci ne s'entend plus avec ses parents depuis des années.