• CHAPITRE DIX-NEUF •

1.8K 132 6
                                    

— Rita ! Je ne t'ai pas vu depuis deux jours ! Mais qu'est-ce que tu faisais enfin ?

— Je t'ai dit que j'allais voir Raphaël, maman.

Ma mère fronce les sourcils, les bras croisés.

J'ai l'impression de retourner en enfance quand je ne la prévenais pas que j'allais chez une amie après les cours.

— Mais je ne pensais pas que tu reviendrais aussi tard !

Mon sang commence à bouillir et l'irritation me gagne rapidement.

— Je n'ai plus dix ans, maman ! Je t'ai prévenu que j'allais chez Aaron alors que j'aurais parfaitement pu partir sans t'en informer. Je suis majeure, tu te souviens ?

— Je croyais que tu détestais ce garçon.

— Je n'ai jamais dit ça.

— Mais tu nous l'a bien fait comprendre. Qu'est-ce qu'il se passe entre vous deux ?

— Rien du tout. Qu'est-ce que tu vas imaginer ? Je ne suis pas allée là-bas pour lui mais pour Raphaël.

— Alors comment tu m'expliques que ce midi j'étais avec ton frère mais que tu n'étais pas là ? Tu vas me dire ce que tu faisais, oui ou non ?

C'était donc ça son « rendez-vous ». Mais pourquoi ne me l'a-t-il pas dit ? C'est un secret d'état ou je rêve ?

— Enfin, quoi, maman ? Qu'est-ce que tu veux savoir ? Si j'ai passé mon après-midi avec lui, c'est ça ? C'est ça que tu veux savoir ? Et bien oui, et alors ? Qu'est-ce que ça peut bien faire, hein ? Ça ne veut rien dire et de toute façon ça ne te regarde pas ! Tu ne peux pas me laisser tranquille, non ? J'en ai marre de t'avoir toujours sur mon dos ! Tu veux toujours savoir ce qui se passe dans ma vie, mais c'est ma vie justement, c'est ma vie privée et tu n'as pas à t'en mêler sous prétexte que tu es ma mère.

— Je m'inquiète pour toi, c'est trop difficile à comprendre ? On sait très bien ce qu'il s'est passé la dernière fois que tu n'es pas rentrée.

— Pourquoi tu remets toujours ce sujet sur le tapis ? Qu'est-ce que tu insinues, au fait ? Que je l'ai cherché, c'est ça ? Que si je t'avais écouté, rien ne serait arrivé ? Et bien, oui certainement, mais si ça ne m'était pas arrivé, ce serait sûrement arrivé à quelqu'un d'autre, alors, au final, qu'est-ce que ça change ?

Je me suis toujours dit que c'était de ma faute, que j'aurais du l'écouter et respecter les horaires que ma mère avait fixé, mais en fin de compte, pourquoi faudrait-t-il que je sois responsable et que, d'une certaine manière, je le mérite ?

Qui a commencé à affirmer que la victime est toujours en quelque sorte coupable de ce qui lui arrive ?

Un victime reste une victime et un connard reste un connard, c'est aussi simple que ça.

— Ça change que tu es ma fille et que je veux te protéger.

— Et bien je te remercie mais je n'ai pas besoin de toi pour me défendre. Maintenant, tu m'excuses, mais je vais aller dans ma chambre.

— Je n'ai pas fini ! crie-elle tandis que je m'avance vers les escaliers.

— Moi, si.

Je monte les marches quatre à quatre, espérant qu'elle ne me suive pas.

Je me suis comportée comme une adolescente en pleine crise de rébellion, mais je m'en fiche. Elle me rend totalement hors de moi.

Je m'allonge sur le dos, bras écartés, yeux faces au plafond, pensées troublées.

Rita [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant