Rita [TERMINÉ]

• CHAPITRE DIX-SEPT •

De la musique résonne dans chaque recoin de la villa.

Le vacarme est si intense qu'on sentirait presque les murs trembler au rythme de cette mélodie familière.

J'entrouvre les yeux en me les frottant vigoureusement et lâche un soupir d'exaspération.

Je regarde l'heure sur l'écran de mon téléphone et souffle d'autant plus en m'apercevant qu'il est déjà midi passé.

Ma tête pivote de l'autre côté de la pièce, face à la porte et les souvenirs remontent à ma mémoire tel un afflux de vastes fumées noires.

Je me lève paresseusement et enfile un jogging avant de descendre les escaliers.

Le brun est déjà installé sur le sofa, avec un bol de céréales entre les mains.

En entendant le bruit de mes pas, il se retourne et son regard croise le mien.

Il semble hésitant puis lâche un simple « salut » qui se noie parmi le brouhaha qu'émet la musique et il reporte son attention sur la télévision.

Je ne le suis pas. Ce mec est totalement lunatique. Il peut être autant compréhensif et rieur que froid et impassible.

Mon frère, quant à lui, chante à tue-tête dans la cuisine sur l'air de « Billie Jean » de Michael Jackson ce qui m'arrache un sourire complice le temps d'un instant.

Cette musique a bercé notre enfance. Nous avons effectué nos meilleurs déhanchés avec ma sœur et Raphaël sur celle-ci, dans le salon, devant nos parents exténués qui ne supportaient plus d'entendre cette chanson à toute heure de la journée.

Au vu de ses iris petillants et de son sourire affreusement niais, il ne semble pas s'être réveillé cette nuit et nous avoir entendu.

Je suis soulagée. S'il m'avait demandé des explications, j'aurais probablement bégayé tel un très mauvais menteur.

Sa tête se balance de gauche à droite puis d'avant en arrière tout en continuant a crier des paroles d'un anglais approximatif.

Il me regarde en riant, m'invitant certainement à chanter avec lui.

Le refrain fini par avoir raison de moi et je le rejoins dans une danse effrénée et particulièrement ridicule.

Raphaël s'approche de moi et son visage devient plus sérieux :

— Je suis content que tu sois revenue. Maman avait besoin de te revoir, et pas simplement pour quelques jours.

Mon sourire s'estompe également.

— Et toi ?

— Et moi quoi ?

— Je t'ai manqué ?

Un pot de farine qui demeurait malencontreusement sur le plan de travail se retrouve à moitié dans mes cheveux et l'autre moitié étalé sur le carrelage de la cuisine.

— Absolument pas ! nie-t-il en imprégnant autant que possible la farine sur ma tête devenue blanchâtre.

— Enfoiré ! répliqué-je en tentant désespérément de me débarrasser de la poudre qui a maintenant envahie tout mon cuire chevelu.

Je ramasse brièvement ce qu'il reste sur le sol et l'étale sur le visage de mon frère d'un sourire sadique. De ce fait, sa face ressemble d'avantage à celle d'un clown de cirque plutôt qu'à la sienne.

Mon rire fait écho dans la pièce tandis que Raphaël tente tant bien que mal d'ôter la farine qui colle à sa peau.

— Non, reste comme ça, tu es très bien, je te jure ! C'est bien mieux quand ton visage est caché !