• CHAPITRE QUARANTE •

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Aaron me propose de s'installer sur le canapé afin de voir l'un des meilleurs films de l'univers, selon lui. Il me semble que ça s'appelle X-Men.

Il écarte les bras afin que je vienne me coller contre lui mais je refuse.

— Allez, viens, je ne vais pas te manger.

Je décline une nouvelle fois :

— On a dit qu'on recommençait depuis le début, lui rappelé-je.

— Non, on s'est mis d'accord sur le fait qu'on oubliait tout ce que l'autre avait pu faire de mal, c'est toi-même qui l'as dit. Alors viens ou c'est moi qui t'y oblige.

Je roule des yeux, vaincue, avant de venir me lover contre lui.

Il commence à caresser mes cheveux, m'obligeant à réunir toutes mes forces pour ne pas m'endormir.

Qui a découvert cette bonté du ciel pour la première fois que je vienne m'agenouiller devant lui ?

— Alexia et moi, on se connaît depuis la primaire. Quand elle ne venait pas chez moi, c'était l'inverse. On était inséparable.

Je ne pensais pas qu'ils avaient grandi ensemble et je ne m'attendais encore moins à ce qu'il décide de tout m'expliquer.

— Ses parents étaient très strictes, il ne la laissait jamais sortir hormis pour aller chez moi. Tout le monde pensait qu'on finirait par sortir ensemble...

Je fronce les sourcils inconsciemment en entendant ces mots.

— ... mais on ne s'était jamais considérés comme ça entre nous. C'était ma meilleure amie, c'est tout. Malgré tout ce que les autres pouvaient penser, il n'y avait aucune ambiguïté. On ne voulait pas détruire toute notre amitié seulement pour assouvir le désir des autres. A cette époque là, elle était très renfermée.

En voyant mon air peu convaincu, il sourit :

— Oui, je sais, c'est difficile à croire.

Il marque une pause avant de reprendre :

— Quand on a fini le lycée, ses parents l'ont forcé à faire des études. Elle n'était pas faite pour ça. Elle ne l'a jamais été. Ils ne lui ont pas laissé le choix, évidemment. Alors, comme elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait faire par la suite, elle a décidé d'aller dans la même fac que moi. Et puis, à l'instant même où elle est devenue libre de faire ses propres choix, sans avoir ses parents sur le dos, elle a commencé à sortir. Tout le temps. C'était devenu une obsession. Il fallait qu'elle rattrape toutes ces années où elle n'avait pas pu s'amuser comme elle l'aurait voulu. Au début, je la suivais, par peur qu'elle ne fasse de conneries puis, ensuite, je n'arrivais plus à tenir le rythme. J'avais envi de réussir mes études, pas elle. Elle voulait juste être loin de ses parents. Elle ne les voit que quand c'est nécessaire, histoire qu'ils ne lui coupent pas les vivres. A force de sortir en soirées, elle a fini par se faire un nom. Tout le monde la considère comme une traînée et elle ne s'est jamais tuée à dire le contraire. La vérité, c'est qu'elle veut profiter le plus possible avant que ses parents ne se rendent compte qu'elle ne travaille pas et qu'elle n'est là que pour faire la fête. Quand ils le sauront, ils ne la soutiendront certainement plus financièrement.

Cette fille que je prenais pour la reine des garces vient de me toucher plus que je ne veux bien l'admettre. Je croyais sans réfléchir que son caractère de vipère était inné sans creuser sur sa vérité. Je ne l'aime pas et je doute qu'un jour je puisse l'apprécier, seulement, dorénavant, je sais qu'elle n'est pas dénuée d'une quelconque humanité. Elle a son histoire et je ne peux la juger pour ses choix, aussi mauvais puissent-t-ils être.

Rita [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant