Rita [TERMINÉ]

• CHAPITRE VINGT-SEPT •

Je m'apprête à franchir une étape dans ma vie. Une qu'un bon nombre de gens a déjà franchi.
Pour certains, elle n'a pas grande importance. Rien de quoi s'angoisser du moins. Mais, pour moi, cela représente une avancée vers ma vie futur et un pas de plus au dépens de mon passé.
Je dois me rendre à l'évidence, sans mon frère, jamais je n'aurais pu rencontrer Aaron.

Putain, Raphaël !

Je recule la tête d'un mouvement vif en me rendant compte de ce qui était sur le point de se produire. Il ne faut pas. Nous n'avons pas le droit.

Aaron mord sa lèvre. Il a l'air un peu confus et même déçu. Il tourne son visage vers le mur et met un peu plus de distance entre nous.

— Excuse-moi, on ne peut pas, murmuré-je pour me justifier.

— Je sais.

J'ai bien fait de ne pas aller jusqu'au bout. Je m'en serais voulue vis à vis de mon frère.

— Ce n'est pas que je n'en avais pas envie mais, enfin tu sais, il y a Raphaël...

— Oui, j'ai bien compris, on peut arrêter d'en parler maintenant ? Il ne s'est rien passé donc pas de quoi en faire un drame.

Son ton est froid et, je l'avoue, cela me vexe un peu. On ne s'est pas embrassés, certes, mais on aurait pu, alors je pense qu'il serait bien d'en discuter.

Pourquoi est-ce qu'il s'est braqué d'un coup, d'ailleurs ?

— Quoi ? ajoute-t-il en voyant ma mine renfrognée.

— Rien. Rien du tout.

— Arrêtes, je vois bien qu'il y a un problème.

Je souffle.

Il est capable de lire la plupart de mes émotions, mais il est incapable de se rendre compte que c'est à cause de lui que toutes mes pensées se bousculent dans ma tête. Il est incapable de voir que ses mots me blessent.

— Je vais redescendre.

Je commence à me lever du lit mais il m'interpelle :

— Pour quoi faire ?

— Comment ça, « pour quoi faire » ? A ton avis ?

Il hausse les sourcils, attendant que je poursuive.

— Pour danser, pour boire, pour m'amuser un peu ; comme tout le monde, tu vois. En plus, j'étouffe ici.

Je me dirige vers la porte, pensant qu'Aaron n'ajouterait rien mais, avant que je ne l'atteigne, il dit d'un ton légèrement amusé :

— T'as un sacré caractère, tu le sais ça ?

Je me retourne, interloquée.

— C'est-à-dire ?

Je m'adosse contre le mur en croisant les bras sous ma poitrine.

— Dès que quelque chose te contrarie, tu t'emportes tout de suite ou tu te casses.

Il peut bien parler, lui. Au moins, je réagis, moi. Lui, il ne dit rien et c'est d'autant plus énervant.