• CHAPITRE VINGT-HUIT •

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« — Moi. »

J'éclate de rire aussitôt.

— Mais quel prétentieux ! C'est fou à quel point tu t'appropries toujours le rôle du méchant garçon.

J'arbore une mine faussement attendrie.

— Tu veux peut-être partager cette bouteille avec moi ? lui proposé-je, levant cette dernière.

Je commence à verser une nouvelle fois l'alcool dans mon gobelet dans le but de lui donner mais il attrape le verre avant que je ne puisse en faire couler une goutte. De ce fait, un peu de whisky tombe sur ma robe et sur le carrelage.

Je regarde la tache et relève mes yeux vers lui.

— Bravo ! C'est qui qui va nettoyer maintenant ?

— Ça suffit, arrête de boire !

— D'accord mais seulement si tu bois un verre avec moi.

Je me joue de lui et cela me fait un bien fou de voir que, pour une fois, c'est moi qui tiens les rênes. J'ai le dessus sur lui et ça me satisfait pleinement.

— Non.

Je hausse les épaules.

— Comme tu voudras.

Je porte le goulot à mes lèvres et savoure cette délicieuse brûlure familière.

Il m'arrache la bouteille après plusieurs gorgées et la pose brutalement sur la table.

Je le fusille du regard.

— Tu veux que je te dise ce que je déteste le plus chez toi ? Ta manie à toujours te mêler de ce qui ne te regarde pas. Personne ne t'a rien demandé et pourtant, tu joues au super héros à vouloir sauver la terre entière. Tu prétends qu'une seule personne ne peut changer le monde alors que c'est exactement ce que tu tentes de faire avec les gens autour de toi. Tu veux les sauver de je-ne-sais-quoi sans te soucier de leur désir. Certains ne veulent pas être sauvés, Aaron, alors arrêtes de vouloir être leur porte de sortie, celle qui leur permettra de de se relever et de laisser derrière eux ce qui appartient au passé. On a peut-être envie de vivre cette vie de merde où rien d'autre ne nous importe que notre petite personne pourrie de l'intérieur avec un cœur de marbre et une envie constante de ruiner celle des autres. Mais ça, tu ne le sauras jamais.

— Cette personne, ce n'est pas toi. Je le sais.

Je rie amèrement cette fois-ci.

— Ah oui, et qu'est-ce que tu en sais ?

— J'ai vu combien ton frère compte pour toi et aussi toute l'importance que tu portes à la cause féminine. Au combat acharné que tu mènes pour le respect et à l'égalité. Alors ne me fais pas croire que cette fille que tu décris, c'est toi.

Je tourne à plusieurs reprises ma tête de gauche à droite.

— Waouh, j'aurais presque pu y croire, tu sais. Mais, encore une fois, tu t'aventures dans un terrain qui n'est pas le tien. Te ferais mieux de t'occuper de toi avant de te préoccuper des autres.

Rita [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant