Rita [TERMINÉ]

• CHAPITRE TRENTE-QUATRE •

Gavin JAMES ft. Philippine - Always

~~~~~

Nous sommes la veille de Noël, autant dire la veille du meilleur jour de l'année pour grand nombre de personnes ici, en France.

Les enfants brillent d'excitation devant leurs nouveaux jouets tandis que leurs parents et grands parents s'émerveillent face à tant d'innocence.

J'ai toujours eu la chance de célébrer cette fête avec mes deux parents malgré leur séparation et la distance qui nous a éloigné pendant cinq ans mais aujourd'hui fait exception à la règle.

Mon père sera en Italie alors que je passerais ce jour avec ma mère et mon frère.

Je lui en veux toujours, c'est certain, mais savoir qu'il ne sera pas à nos côté me rend nostalgique.

Noël est sans nul doute devenu une fête commerciale mais elle a au moins le mérite de réunir les gens avec leur famille le temps d'une journée.

Je me rends compte, en cet instant, de ce que peut ressentir un enfant qui ne peut être entouré par ses deux parents, ne serait-ce qu'une soirée et je dois dire que c'est plus dur qu'on ne le pense. Bien plus dur.

Tout le monde n'a pas la chance de fêter Noël. Tout le monde n'a pas la chance d'avoir une famille unie. Tout le monde n'a pas la chance d'avoir un parent prêt à n'importe quoi pour voir ses enfants épanouis.

Je sais que ce soir et demain ne sont que des jours ordinaires pour certains mais, pour moi, ils représentent beaucoup.

C'était les seuls jours de l'année avec le nouvel an où je retrouvais ma famille de nouveau réunie. Ce sont ces quelques jours qui nous ont permis de tenir la distance.

D'année en année, l'impression qu'une montagne nous éloignait grandissait et, malgré l'effort de nos parents pour y remédier, deux groupes se formaient. Maman et Raphaël face à papa et moi.

Nous n'étions plus sur la même longueur d'onde, comme si plus le temps passait, moins je les reconnaissais.

C'est triste à dire mais j'ai fini par m'habituer à leur absence et, bientôt, ils ne me manquaient quasiment plus.

Ils n'étaient pas devenus des inconnus mais c'était tout comme, surtout Raphaël.

Cinq ans, c'est long. Surtout à treize ans.

Pour autant, je ne regrette pas d'être partie, d'avoir pris le large.

J'ai pu m'éloigner de tout ce qui se rapportait de près ou de loin à mon traumatisme, malgré qu'il eut consumé mon esprit.

Aujourd'hui encore, il me guette, attendant le moment propice pour surgir.

La plupart du temps, c'est la nuit, quand ma conscience ne lutte plus. Et je dois dire que depuis que je suis revenue en France, mes cauchemars sont plus fréquents et semblent plus réels.

Chacun a sa manière de s'en souvenir, aussi dur soit-il et malgré tous les efforts du monde pour tenter d'oublier. La mienne, c'est les rêves.

Est-ce que revenir à Paris était une bonne idée ?

D'un côté, j'ai rencontré des personnes formidables qui m'ont permis de m'évader un peu, de sortir de ma bulle dans laquelle je m'étais enfermée tout ce temps. Mais d'un autre, ils me rendent plus vulnérable. Je les laisse s'immiscer dans ma vie au risque qu'ils en découvrent un peu trop.