• CHAPITRE NEUF •

1.9K 146 9
                                    


« — Il faut qu'on parle. »

Je l'observe, les yeux plissés, les sourcils froncés, essayant de distinguer une quelconque émotion sur son visage, seulement la pénombre de la nuit m'en empêche.

— Raphaël, tu sais qu'il est-

— Plus de minuit, oui je sais, me coupe-t-il en jetant un bref coup d'œil vers l'intérieur de mon appartement.

Nous nous regardons dans le blanc des yeux pendant quelques secondes puis il me demande :

— Je peux rentrer ?

Je le laisse passer, une multitude de questions germant dans ma tête.

Premièrement, de quoi veut-il me parler ?

Pourquoi venir aussi tard ?

Et pourquoi décider d'avoir une discussion avec moi maintenant alors que depuis des semaines il ne fait qu'éviter la moindre altercation ?

— Pourquoi es-tu venu Raphaël ?

Il se pose sur le canapé en réfléchissant à comment débuter la conversation.

Je m'assois à ses côtés en jouant avec les deux bracelets qui entourent mon poignet.

— Quand tu es partie, il y a cinq ans, commence-t-il en cherchant les mots juste pour s'expliquer, maman a... elle est tombée malade...

— Quoi ? Comment ça ? m'emporté-je, mon poul s'accélérant de plus en plus.

Je serre la mâchoire, le regard affolé, le suppliant de continuer.

— Ça faisait deux ans et demi que tu étais partie à cette époque là. Elle était toujours fatiguée, elle ne mangeait presque plus, elle n'arrêtait pas de pleurer, elle faisait très souvent des insomnies et elle se mettait en colère contre toute ceux qu'elle côtoyait pour presque rien...

— Tu es en train de dire qu'elle faisait une dépression ? Une dépression a cause de moi ? m'horrifié-je, ma main cachant ma bouche stupéfaite.

Je n'en reviens pas. Le bruit de mes dents claquant dans ma bouche résonne dans tout mon corps.

La cadence de mes battements est montée en flèche, chaque fois que mon coeur se soulève, c'est comme si on me plantait un couteau dans le ventre.

— Il n'y a pas que toi, ce n'est pas seulement de ta faute, il y avait aussi son boulot qui commençait à partir en couilles, papa qui était parti, la maison était devenu vide subitement, il y a eu beaucoup de changement en peu de temps et je crois qu'elle a eu du mal à  supporter tout ça.

— Mais j'en étais la plus grande cause à ce que j'ai compris. Pourquoi m'aurais-tu traité de cette manière alors ? Tu étais vraiment horrible ! lui reproché-je, toujours en colère de la façon dont il agissait avec moi.

Seulement, toute cette rage, toute cette haine que je ressens, ce n'est pas seulement à cause de lui, de Raphaël, mais surtout à cause de moi. Je suis furieuse, tellement furieuse contre moi.

C'est de ma faute.

— Parce que tu n'étais pas là ! Ce n'était pas toi qui réconfortais maman quand elle était persuadée qu'elle ne valait rien. Ce n'était pas toi qui supportais toutes ses crises de colère quand elle s'acharnait sur toi parce que tu étais la seule personne sur qui elle pouvait le faire. Tu n'étais pas là quand elle refusait de manger quoi que ce soit et que tu étais contraint de la forcer pour qu'elle puisse tenir une journée sans s'écrouler. Tu n'as jamais été là, tu es partie avec papa et vous nous avez laissé tomber comme des lâches ! me reproche-t-il, ses iris maintenant devenus noirs et durs.

Rita [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant