Rita [TERMINÉ]

• CHAPITRE VINGT-QUATRE •

— On rentre ? suggère Marine en me voyant pétrifiée de froid.

Des gobelets en plastique délaissés ici et là recouvrent la cour tandis que nous nous orientons en direction de l'entrée.

Certaines personnes nous observent d'un regard vide, inexpressif, dù certainement à la quantité d'alcool qu'ils ont ingurgité.

Quant aux autres, ils discutent, rient ou draguent, un verre dans une main, une clope dans l'autre, aspirant succinctement la cigarette entre leur lèvre humide.

Au moment où nous nous engageons dans le Hall, une main m'attrape par l'épaule suivie aussitôt d'une voix rocailleuse :

— Hey ! Rita, qu'est-ce'tu fous la ? Putain, j'savais pas qu'tu v'nais... waouh, t'es bonne, heu... belle, pardon, 'scuse moi... j'crois j'ai un peu trop bu...

Je récupère Eliot avant qu'il ne s'écroule sur le sol, un bras sur mes épaules ainsi que la quasi totalité de son poids.

Pourquoi est-il à ce point amoché ?

— Il est à peine vingt-trois heures, pourquoi t'es dans cet état ?

Il commence à rire :

— L'alcool... glou-glou... j'ai bu la moitié de la bouteille, j'crois, oups.

Il rit de plus belle tout en avançant d'un pas instable vers le puit. 

— Une bouteille de quoi ?

— De vodka... pourquoi tu m'demandes ça ? On fout quoi ici ?

— Pourquoi t'as fait ça ? répété-je, ignorant ses questions tout en l'installant sur le rebord en pierre.

— J'ai pas envie de te le dire...

— OK, OK, comment est-ce que tu rentres ce soir ?

Une nuage de panique traverse ses yeux noisettes.

— Merde, fais chier, c'est moi qui d'vait faire SAM, j'ai, heu... tu penses que j'peux conduire ?

— Non, pas avant demain en tout cas.

Il semble déçu. Pensait-t-il qu'il serait capable de prendre le volant ? Sérieusement ?

— Où sont tes clés ?

Il fronce les sourcils :

— Mes clés ?

— Tes clés de voiture.

Il fronce d'avantage les sourcils :

— Pourquoi tu veux ma voiture ?

— Je ne veux pas ta voiture, je m'assure juste que tu ne la conduises pas.

— J'vais pas passer mes clés à une inconnue, se renfrogne-t-il.

Ma main s'aventure dans la poche de son blouson et parvient facilement à se saisir du petit instrument métallique sans qu'Eliot ne m'en empêche réellement.

Je le secoue devant ses yeux puis le fourre dans mon décolleté.

— Ça ne m'empêchera pas d'aller la chercher...me prévient-il avec un sourire malicieux.

— Essaye et tu finis la tête la première dans le puit.

— OK, j'crois que c'est clair.

Il fixe mes yeux en attendant certainement que je m'exprime ; ce que je fais après quelques secondes :

— Tu te sens mieux ?