— Je pense que vous devriez la laisser s'asseoir.
Aaron. Un amalgame d'hypocrisie et de culot.
Mais c'est aussi une source à emmerde.
Pourquoi faut-il qu'il s'emmêle ? Il y a à peine un quart d'heure, il m'humiliait devant son armée d'attardés et maintenant, il décide de me défendre. C'est quoi son problème ?
Je le fusille du regard en m'abstenant de lui montrer mon plus beau doigt.
Je balaye l'amphithéâtre du regard et chaque étudiant semble mal à l'aise.
Pas autant que moi, je peux l'assurer.
Je ne saurais dire celui que je hais le plus entre ce foutu prof ou Aaron.
Les propos de cet enseignant sont inéluctablement plus grave mais c'est juste un sale con, c'est tout, alors qu'Aaron, je pensais réellement que c'était une bonne personne, soucieuse des autres et respectueux, mais j'ai eu tord sur toute la ligne. C'est un sale con, lui aussi ; a regret.
Mr Marchand ne s'exprime toujours pas. Aurait-il perdu sa fierté ?
Nous attendons tous sa réponse, avec une certaine impatience, étonnement.
Je suis peut être sur le point de me faire renvoyer et pourtant, je suis... sereine ?
— Mlle Gomez et votre... prétendant, vous viendrez me voir à la fin du cours, achève-t-il d'un ton sec et autoritaire.
Je jette un bref regard vers Aaron et, voyant qu'il en fait de même, je détourne les yeux aussitôt.
— Vous pouvez vous asseoir, reprend-il à contrecœur.
Puis, il fait mine de se concentrer sur ses feuilles éparpillées sur son bureau avant de reprendre définitivement le cours.
Je ne parle pas durant l'heure entière. Les autres étudiants me regardent de temps à autre, croyant certainement en leur discrétion. Je n'y prête pas attention.
Le prof met fin à son cours cinq minutes avant l'heure prévue.
Il nous appelle ensuite à son bureau et attend que la vague d'élèves sorte de la pièce.
Mon poul s'accélère de plus en plus. Je ne devrais pas être angoissée parce que je suis certaine que répondre à ses allégations sexistes n'était pas un crime, au contraire, seulement, je sais parfaitement que sa parole aura bien plus de valeur que la mienne.
Je pourrais éventuellement prouver mes dires avec les quelques élèves présents mais je crains qu'ils ne me soient d'une grande d'aide. Ils n'ont pas même été capable de me défendre ici, alors je n'ose les imaginer devant un directeur ou, pire encore, un tribunal.
Dès l'instant où la dernière étudiante passe l'embrasure de la porte, M. Marchand tourne aussitôt sa tête vers nous.
— Vous avez dépassé les limites, tous les deux. Vous vous en rendez compte ? Jamais des élèves ne s'étaient permis de s'adresser à moi comme vous l'avez fait aujourd'hui ! déclare-y-il d'un ton saccadé pour, certainement, maîtriser sa colère.
Je n'ai qu'une envie, c'est de lui foutre mon poing en pleine figure.
Une explosion de rage me dévore de l'intérieur. C'est nous qui avons dépassé les limites ?!
— Rita et moi n'aurions en effet pas dû nous comporter de cette manière, nous vous prions de-
— Attends, pardon ?! m'emporté-je en fixant Aaron, ébahit.
Il serre la mâchoire avec de grands yeux. Il ne veut pas avoir d'ennuis, c'est évident, mais de là à lui demander de nous excuser pour s'être simplement défendus ?
Je me retourne ensuite vers cet enseignant, les joues rouges de fureur.
— Vous pouvez me renvoyer si ça vous chante, je ne reviendrais pas sur ce que j'ai pu dire parce que je n'ai simplement fait que défendre mes droits.
— Répondre a un enseignant avec une telle insolence, n'est certainement pas un droit !
Son poing se resserre progressivement tandis que ses sourcils noirs ébènes se froncent sur le bas de son front ridé.
Je devrais prendre mes affaires et claquer la porte mais pourtant, je reste ici, face a ce trou du cul, il faut le dire, ne faisant qu'aggraver la situation.
C'est un enseignant de merde et je me dois de lui rappeler.
Je souffle d'exaspération, les paupières baissées en hochant ma tête de gauche à droite.
Ensuite, je la relève puis le fixe intensément, espérant lui montrer que je n'ai pas peur de lui ni des répercussions.
— Vous savez de quelle manière je vais exprimer mes droits ? En déposant une plainte contre vous pour attitude désobligeante, irrespectueuse, et immanquablement sexiste devant une centaine d'élèves !
Une lueur de désarroi parcoure rapidement ses iris avant d'être relayée par une fausse assurance.
— Rita... souffle Aaron en tentant de me résonner.
C'est la goutte de trop.
— Quoi ?! Mais qu'est ce qui ne va pas chez toi ?! Tu sais peut-être ce que c'est de ne jamais être prise au sérieux pour le simple motif que tu es une fille ? Tu sais peut-être ce que ça fait quand on remet ton intelligence en question parce que t'as un putain d'utérus ? Et se faire traiter de pute dans la rue parce que tu n'as pas voulu répondre aux avances d'un mec, ou encore qu'on se permette de te toucher dans le métro ou dans le bus parce qu'au bout du compte, c'est toi, c'est de ta faute, tu n'avais qu'à ne pas porter cette robe un peu trop courte, tu l'as bien cherché finalement. Comme si une simple tenue pouvait justifier n'importe quel acte, aussi atroce soit-il. Mais peut être que tu sais ce que l'on ressent aussi lorsque l'on te viole à treize ans parce que tu as eu le malheur d'être au mauvais endroit, au mauvais moment ?! Et la seule raison à tous ça c'est que, au final, c'est normal, toutes les femmes passent par là, c'est pour les endurcir, pour qu'elles deviennent plus fortes ! En fait, c'est quoi ? C'est de la chance ? Tu as la chance de naître garçon ou la malédiction d'être une fille ? Si j'avais pu choisir entre les deux, tu te doutes bien où mon choix se serrait porté mais, comme tu le sais déjà, on ne choisit pas. Enfin, si, on peut changer de sexe, mais au risque que l'on te traite de monstre, et tu sais pourquoi ? Parce qu'ici, la plupart des gens se mêle de la vie des autres simplement parce que la leur est merdique. Alors, je n'ai qu'une chose à dire, aujourd'hui, je suis fière d'avoir un utérus et tout ceux qui se permettront de l'insulter et de lui cracher dessus, et bien je me ferais une joie de les remettre à leur place, quitte à me faire renvoyer de cours.
Je jette à ces deux hommes, mon regard le plus noir, je me saisis de mon sac puis sors de cette salle en prenant soin de flanquer la porte, laissant un bruit sourd s'échapper de celle-ci.
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#1107 mots
C'est un chapitre plutôt court mais j'espère qu'il vous aura tout de même plu.
Vous pouvez me donner votre avis sur la longueur de ce chapitre, si elle vous plait ou si vous aimez plus les chapitres longs.
Bye ! ❤️
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Rita [TERMINÉ]
Любовные романы✿ Alourdie par ses démons, Rita n'aspire qu'à une seule chose : retrouver son ancienne vie. Elle retourne ainsi sur les pas de son enfance, là où souvenir rime avec tragédie. Si elle espérait renouer les liens avec sa famille, son grand frère, lui...
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