• CHAPITRE DIX-HUIT •

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— OK.

Mon regard se porte premièrement sur le miroir reflétant ma mine anxieuse puis sur le visage fin d'Aaron.

Il attend, baisse les yeux, semblant réfléchir, puis reporte son attention sur moi.

Toujours entourée avec précaution par ma serviette, je m'apprête à l'interroger sur la question dont il a choisi de me poser.

Cependant, il me devance et, de ses yeux émeraudes et fiévreux, annonce :

— Je crois avoir retrouvé mes parents... mes parents biologiques.

Quoi ?

Je ne savais même pas qu'il avait tenté de les chercher.

Enfin, cela peut paraître évident, mais cette idée ne m'était encore jamais venue à l'esprit.

Je suis réellement heureuse pour lui. Je n'ai aucune idée de la sensation que l'on éprouve en sachant que ceux qui nous ont mis au monde sont ici, quelque part, sans pour autant les connaître ni savoir où ils ont refait leur vie - savoir qu'ils existent mais ne jamais en avoir tout à fait la conviction.
Alors, les retrouver, je ne peux encore moins envisager toute la charge et la force des émotions que l'on ressent.

— J'ai réussi à contacter un ami à ... - à eux, et il a accepté de me rencontrer, je dois y être dans une heure.

Comment a-t-il réussi à les retrouver ? J'hésite à lui demander. C'est certainement trop indiscret alors je me tais.

— Raphaël t'accompagne ?

— Non, il est parti. Il avait un rendez-vous.

— Un rendez-vous ? répété-je, étonnée.

Il hausse les épaules et je n'en demande pas plus. Je vois bien qu'il ne veut pas s'attarder sur cela.

On se regarde un instant, ne sachant s'il faut interrompre ce silence.

C'est Aaron qui décide de le rompre en premier :

— A toi.

J'espérais secrètement qu'il aurait oublié. Est-ce que je suis vraiment prête à me livrer ?

A cet instant précis, tout ne se rapporte plus qu'à nos regards. L'environnement autour s'évapore, se consume et le monde extérieur s'échappe ne laissant que nos yeux chercher la réponse dans ceux de l'autre. Mais la réponse à quoi ? À quelle question ? Est-ce que l'on se questionne sur l'autre simplement pour assouvir sa curiosité ? Ou est-ce bien plus complexe que cela ?

— Je t'écoute, lâché-je à contre-coeur.

Il se perd un instant dans ses pensées puis revient à lui, plus confiant qu'il y a quelques secondes.

J'ai peur. Non pas de lui avouer, mais j'ai peur de sa pitié, parce que je n'en veux pas. Ce serait comme prétendre que je ne suis pas assez forte,  pas assez aguerrie, pour surmonter toutes ces épreuves seules.

Je n'ai besoin ni de lui, ni de personne parce qu'au fond, c'est ce que je mérite, non ?

Aaron, d'un air assuré, secoue sa tête de gauche à droite, puis sourit.

— Je ne veux pas savoir. Pas comme ça.

Je suis perdue. A la fois entre le soulagement et l'incompréhension.

Ma voix se bloque à l'entrée de ma gorge mais, mon visage, quant à lui, s'exprime bien plus.

Puis, réalisant que cette personne, celle qui se tient face à moi, n'est peut-être pas si égoïste et arrogante, du moins, pas autant que j'ai pu le croire, un son parvient à franchir cette barrière :

Rita [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant