Rita [TERMINÉ]

• CHAPITRE SOIXANTE-DIX •

Les petites habitations semblent s'entasser sur des centaines de mètres et la rue est si étroite qu'elle ne laisse à peine la place à une voiture de s'y faufiler.

Aaron a la tête ailleurs, occupé à examiner les maisons afin d'y trouver celle recherchée.

Les rayons du soleil caressent mon visage d'une chaleur agréable et me rappellent le pays dans lequel nous nous trouvons.

Le Mexique est fascinant et regorge de richesses architecturales autant que culinaires.

Aaron et moi, les mains nouées, grimpons alors les quelques marches avant d'atteindre le palier.

Ils n'ont échangé que quelques mots par mail et pourtant, nous sommes là, en plein mois de juillet avec ce sentiment réconfortant qu'à présent, tout ira mieux.

— Alisa ?

Ces deux iris verts capturent aussitôt le regard d'Aaron comme si elle l'attendait depuis tout ce temps.

Elle était trop pauvre, trop jeune, pour élever un enfant seul. Ils ont profité de sa situation pour acheter son fils en échange d'une piètre commission.

Elle ne désirait que le meilleur pour lui, même si cela impliquait de s'en séparer. Et c'est ce par quoi ils ont usé afin de le lui voler.

Tant de promesses infondées, tant d'espoirs bafoués, tant de peines engendrées.

Et c'est en raison de tous ces abus que nous nous lançons dans cette aventure laborieuse. Parce qu'il faut que cela cesse.

Deux ans plus tard.

Reconnus coupables.

Mon souffle se coupe, mes yeux se ferment et ma main s'agrippe aussitôt à celle d'Aaron.

La salle d'audience reste silencieuse un temps et ce n'est que par ces quelques acclamations qui retentissent que nous prenons conscience : nous avons gagné. La dernière volonté de son oncle est achevée. L'agence d'adoption ferme ses portes et ses géniteurs n'exerceront plus.

Nous avons gagné.

Nous retournons à la voiture, l'impression qu'un poids énorme nous regarde filer vers la plénitude.

Les clés de la Mercedes en main, je me réjouis face à ce luxe auquel je n'aurais jamais pensé être affiliée.

— Je ne t'ai jamais remercié pour ce que tu as fait pour moi ces dernières années, avoue-t-il.

Je profite de cette circulation ralentie pour ôter mon regard de la route.

— Tu n'as pas à le faire. Tu as toujours agi pour le bien des autres, tu mérites que l'on te rende la pareille.

Il sourit et je fais vrombir le moteur en direction de notre appartement.

Papa était réticent face à cette décision de commencer notre vie à deux mais il apprécie beaucoup Aaron alors à l'aide de quelques arguments et un peu d'insistance, le tour était joué.

Le brun ne se voyait pas vivre chez ses parents après la mort de son oncle. Ces derniers n'ont plus autant d'emprise sur sa vie depuis ce qui nous réconforte dans l'idée que nous avons fait le bon choix.

— Tu t'es bien habituée à cette voiture, à ce que je vois.

— Ça t'étonne ?