Rita [TERMINÉ]

• CHAPITRE QUARANTE-SIX •

Marina KAYE - Something

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Jamais je n'ai ressenti ce sentiment.
Le sentiment d'avoir donné ma confiance, mon amour et tout mon souffle pour une personne qui y a puisé jusqu'à tout détruire.

Il m'a fait croire à tellement de bonheur afin de me le dérober de la plus humiliante des façons.

Une vidéo.

Une vidéo que seul lui pouvait détenir.

Une vidéo provenant d'une caméra de surveillance de son salon.

Une vidéo où on nous voit. Lui de dos, évidement. Puis moi, cette fille stupide pensant qu'il s'agissait de notre intimité alors que depuis le début, ces inconnus face à moi étaient les futurs spectateurs de mon anéantissement.

— C'est quoi ce bordel ? crie une voix féminine, sous l'étonnement de tous.

Alexia, par l'absence de réactions des invités, hurle deux fois plus fort :

— Je crois que je me suis mal fait comprendre. C'EST QUOI CE BORDEL ?

Elle se rue vers la télé encore en marche, arrache violemment tous les fils jusqu'à ce que celle-ci redevienne noire.

— Très bien, le spectacle est fini.

Elle me regarde avec, non pas de la haine mais bien de la compassion.

Et c'est à cette instant que tout s'écroule, que le monde auquel je m'étais efforcée de reconstruire s'effondre à nouveau.

Marine me prend dans ses bras et déclenche le flot de larmes qui refusait de s'échapper comme si je ne voulais pas croire en la perte de la seule personne dont je ne suis jamais tombée amoureuse. La seule qui m'ait fait sentir vivante. J'ai cessé d'exister parce qu'il m'avait appris à vivre. Et, aujourd'hui, il a repris tout ce qu'il m'avait donné dans le seul but de me faire souffrir.

Comment peut-on jouer avec quelqu'un à ce point ?

Comment peut-on mentir sur ses sentiments simplement pour les lui jeter à la figure ?

Comment n'ai-je pu me rendre compte de ses véritables intentions ?

Tout ceci n'était basé que sur un mensonge. L'amour que je lui porte est basé sur un putain de mensonge. Rien de tout ce que nous avons vécu n'était réel. Seulement le fruit de sa volonté. Celle de me détruire.

Et il y est parvenu.

Il m'a brisé.

— Viens, on s'en va, souffle Marine alors que je m'accroche à elle désespérément.

Je hoche légèrement la tête et nous nous dirigeons vers la sortie. Je baisse la tête tout le long de notre passage entre la foule.

Je sens le regard pesant des étudiants sur moi. J'étouffe. Mon corps mis à nu devant eux ne leur a-t-il pas suffit ?

— Rita ! hurle une voix.

Cette voix que j'ai désiré et qui, dorénavant, me brûle les entrailles. Je crois halluciner en l'entendant à nouveau. Est-ce mon imagination qui jette un peu plus de sel sur le trou béant dans ma poitrine ?

J'accélère le pas. Marine s'efforce de me suivre.
Nous sommes malgré tout rapidement rattrapées par cet enfoiré que je croyais aimer. Pourtant, ce n'était pas lui, ça ne l'a jamais été.

— Rita, attends ! Je sais de quoi ça a l'air mais écoute moi. Je te jure que tu te trompes.

C'en est trop. Pourquoi continue-t-il a jouer avec mes sentiments alors qu'il a déjà tout pris ?