Rita [TERMINÉ]

• CHAPITRE VINGT •

« Puis, il se retourne et croise mon regard. »

— Vas-y ! Qu'est-ce que t'attends ?

Marine s'impatiente, bien plus enjouée que moi.

Aaron, quant à lui, me fixe toujours.
D'ici, je ne parviens pas à déchiffrer ses pensées mais je sais, malgré tout, qu'aller le voir serait une très mauvaise idée.

— Non, viens, on s'en va, ça devient terriblement gênant.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tu as vu comme il te regarde ?

— Non, je ne vois pas, démens-je en riant.

— Ne sois pas de mauvaise foi, Rita, il te dévore du regard, ça crève les yeux.

— C'est ridicule. J'ai rien à lui dire, en plus.

C'est faux. J'ai tellement de choses à lui demander. S'il s'agissait bien de ses parents, s'il est encore possible de les rencontrer, comment a t-il réagi, et encore beaucoup de questionnements similaires. Mais je ne peux rien dire à Marine.

J'imagine qu'Aaron me fait confiance pour ne pas en parler et je comprends. Il vaut mieux que je m'en aille comme si de rien était. C'est plus simple, ainsi.

— Rita, tu m'énerves, tu ne peux pas imaginer à quel point ! Mais qu'est-ce que tu ne comprends pas ? Pourquoi tu le fuis, comme ça ? T'as peur de quoi, à la fin ? Ça ne te coûte rien alors bouge ton cul et va le voir, il n'attend que ça.

Elle me pousse de sa main de toute sa force mais je résiste.

— Arrête Marine, je ne veux pas y aller.

— Je fais ça pour toi, tu sais. J'en ai marre que tu restes toute seule alors qu'il y a un putain de mec que tu surloves devant toi et qui ne veux que toi.

— Je ne le « surlove » pas du tout et lui non plus. On est juste amis, parce que, tu vois, l'amitié garçon-fille, ça existe ! répliqué-je, agacée.

— Je n'ai pas dit le contraire mais là, crois-moi, ce n'est pas de l'amitié.

— Depuis quand es-tu experte en amour, toi ? Je ne veux pas sortir avec lui ni avec personne d'autre.

— Je t'aime d'amour, tu le sais, mais clairement, parfois j'ai envie de mettre ta jolie bouille dans une friteuse.

Je rigole en roulant des yeux.

Ce qu'elle ne comprend pas, c'est qu'Aaron est le meilleur ami de mon frere et même si j'étais attirée par lui, je ne pourrais jamais l'infliger à Raphaël.

Je pense que l'on est déjà allés trop loin et il faut que l'on discute à propos de notre « amitié ». On doit arrêter. Tout. Ce serait mentir que de dire que rien a commencé. Mais il n'est pas trop tard pour revenir en arrière. Je l'espère en tout cas.

— Ok, je vais y aller, mais ne crois surtout pas que c'est toi qui m'as convaincu.

Elle parait satisfaite puis croise les bras tandis que je m'avance vers le brun, entouré de ceux qui semblent être ses amis.

Je deviens, tout à coup bien plus timide en me postant devant lui. Je ne sais ni comment l'aborder ni par quoi débuter.

Il me considère, étonné, et arque un sourcil, attendant certainement que je m'exprime.

— I-Il faut qu'on parle, exigé-je subitement.

— De quoi ?

Il est plutôt froid mais je n'y prête pas attention, gardant mon objectif en première ligne.