• CHAPITRE CINQUANTE-SEPT •

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Un seul.

Un seul putain de message.

C'est pourtant simple.

En attendant, c'est le vide, le néant. J'ai actualisé dix fois, si ce n'est cent mais cette tête bornée n'a pas donné signe de vie depuis une semaine.

La fac est grande, certes, mais pas au point de le manquer pendant cinq jours, quarante-cinq heures, ce qui représente exactement deux mille sept cent minutes ou encore... bref.

Quand nous avons cours en commun, il s'arrange pour arriver en retard, se placer à l'opposé de moi et repartir aussitôt l'heure terminée.

Son mutisme me fait vriller.

Et les conseils de Marine me manquent.

Je sais pourtant ce qu'elle me conseillerait. Envoyer le première message.

Mais s'il n'a pas répondu à celui de dimanche, c'est qu'il refuse encore de me parler.

Ou alors il souhaite me pousser dans mes retranchements. Il souhaite que je fasse le premier pas. Il souhaite que j'assagisse m'a fierté et dompte enfin mon ego.

Ce n'est pourtant pas prévu pour sitôt.

Seul point positif : Mr Marchand a été viré. Il s'en sort pourtant bien. Aucune poursuite n'a été mené contre lui. Il fallait bien s'y attendre avec cet État qui punit les toxicos et acclament les pedophiles.

***

Le métro. C'est ce que je déteste le plus depuis que j'ai quitté mon appartement.

L'odeur nauséabonde des sous terrains de Paris. Une calamité.

Les écouteurs enfoncés dans les oreilles sur un air de Cardi B, rien de mieux pour oublier la misère des pauvres classes moyennes.

Une égoïste, c'est ce que je suis. Prônant la fraternité et ne me retournant à peine sur ceux qui crèvent de l'ignorance plus que du froid.

Merde. Dans quel monde on vit ?

J'attends patiemment jusqu'à mon arrêt et m'enfuis d'un pas soutenu vers l'air pur des rues de Paris.

Hum.

Ma mère n'est pas encore rentrée du cabinet lorsque j'entre dans la bâtisse qui nous sert de maison.

Ces temps-ci, elle ne cesse de faire des heures supplémentaires. Une vraie dingue de boulot.

D'ordinaire, ce ne serait pas pour me déplaire mais, puisque je n'ai plus d'amis à qui parler, je tourne en rond dans cette baraque où je ne me sens même pas chez moi.

C'était chez moi. Ça l'a été lorsque j'avais dix ans. Aujourd'hui, c'est celle de ma mère. Ni plus ni moins.

Alors je me morfonds dans les cours à jongler entre Sartre et Simone de Beauvoir...

J'déconne.

Jongler oui. Entre Twitter et Instagram.

Futée plus que studieuse. Mes parents en serait déçus s'ils l'apprenaient.

Les portes de l'enfer me pendent à la figure, si bien qu'il m'est difficile de me regarder parfois.

Quel paradis voudrait d'une bourgeoise larmoyante ?

Un novice, sans aucun doute.

Rita [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant