Rita [TERMINÉ]

• CHAPITRE DIX •

On y est.

Je viens de ranger l'ensemble de mes affaires dans la chambre d'amis, chez ma mère, qui était anciennement la mienne.

Les murs sont toujours recouverts de ce rose poudrée et le sol d'un parquet de couleur clair.

Mon lit est également le même, grand et blanc nacré.

Les meubles n'ont pas non plus été changé. Seul les posters, les cadres photos et les autres décorations murales ont disparu. J'imagine que ma mère a dû les déplacer dans le grenier.

Je n'ai rien rapporté de cette chambre en Italie mis à part les objets auxquels je tenaient le plus tel que mes vêtements ou mes peluches préférées parce que tout le reste me rattachait bien trop à la vie que j'ai eu ici.

— Alors Ritounette, ta chambre te plaît toujours autant ? m'interpelle ma mère, a l'embrasure de la porte.

Elle me regarde, les yeux pétillants de joie, un sourire affectueux plaqué sur son visage.

Quand je pense au fait qu'elle n'a pas toujours été ainsi, qu'il y a à peine deux ans, elle se battait contre elle-même pour sortir de sa dépression. J'en est presque à avoir des frissons.

J'inspire longuement, laissant entrer le maximum d'air dans ma cage thoracique avant d'afficher mon plus beau sourire.

— C'est parfait maman.

Elle hoche brièvement la tête et sort de la pièce. J'entends ses pas redescendre les vieux escaliers en bois puis arriver enfin au rez-de-chaussée.

Je referme ma valise, maintenant complètement vide et la glisse dans mon placard situé en face de mon lit.

J'ai comme une impression de « déjà vu, ce qui est tout à fait logique quand on y pense puisque j'ai déjà emménagé dans cette maison. C'était juste après l'accident d'il y a onze ans, quand ma sœur jumelle, Rebecca, est morte.

Nous étions sœur, c'est vrai, mais pas tellement proche. Elle était très souvent avec ses amis. Les seuls moments que je passais en sa compagnie était uniquement le soir et le week-end, quand nous rentions de l'école.

Enfin, tout ceci est du passé et j'ai fait beaucoup de chemin depuis.

Une vingtaine de minutes passent, ma chambre redevient petit à petit celle qu'elle était autrefois, mais avec une touche de mon nouveau « moi », ce qui n'est pas négligeable.

J'entends la porte de ma chambre grincer, signifiant que quelqu'un vient de l'ouvrir.
Je me retourne vers la personne et reconnais mon frère, avec les mêmes yeux sans expression qu'il ne quitte jamais.

Je l'interroge du regard en haussant un sourcil.

Pourquoi me fait-il honneur de sa présence ?

— Prépare-toi, on est invité chez les parents d'Aaron pour dîner.

Je fronce automatiquement les sourcils.

Pourquoi sommes-nous invités par eux ? Ma mère ne les connaît pas, si ?

— Je connais Aaron depuis cinq ans donc maman a fini par rencontrer ses parents.

Il anticipe ma question, à croire que l'expression de mon visage était suffisante pour comprendre ce que je m'apprêtais à demander.

Sur le coup, je n'ai pas vraiment réfléchi à la possibilité que maman ai rencontré de nouvelles personnes. Cela me perturbe un peu du fait que je n'étais pas au courant.

Si tu avais été là... me chuchote la petite voix dans ma tête, d'un ton narquois, voir presque diabolique.

Mais je ne l'étais pas !