Rita [TERMINÉ]

• CHAPITRE CINQUANTE-CINQ •

La porte grince venant irriter nos oreilles d'un bruit strident.

Eliot s'excuse silencieusement en grimaçant puis me laisse passer devant, dévoilant un studio pas plus grand qu'un salon. Tout est mis en place de sorte à économiser autant d'espace que possible.

— C'est pas très grand mais c'est chez moi.

— C'est parfait ! le rassuré-je.

Il m'indique la petite table qui sert à la fois de de salle à manger et de plan de travail.

Tandis qu'il s'en va chercher ses affaires, j'observe la minuscule pièce d'un œil expert, admirant l'agencement qu'Eliot est parvenu à créer malgré la surface restreinte.

Le lit sert également de canapé, la cuisine ne supporte seulement les appareils électroménagers nécessaires et la télé est suspendue au mur afin d'éviter tout encombrement inutile.

— Tu veux que l'on commence depuis le début de l'année ou simplement du semestre ? lui demandé-je afin d'évaluer le temps que prendront ces révisions.

Il me regarde déjà d'un air désolé et j'interprète aussitôt sa réponse : depuis le début de l'année.

— Mettons-nous y maintenant alors.

Il s'installe face à moi et nous commençons à revoir tous les textes un par un ainsi que la méthodologie. Le tout prend du temps mais semble autant bénéfique pour lui que pour moi.

Afin de couper court à ces longues heures de travail le temps de quelques minutes, je dévie la conversation vers un sujet plus léger.

— Alors comme ça, tu ne vis pas chez tes parents ?

Ma question le déroute un temps mais il décide d'en apporter une réponse.

— L'appartement de ma mère est très petit alors, quand elle a eu mon petit frère, c'était devenu assez compliqué donc j'ai économisé pour pouvoir louer cet appartement. Je travaille à côté pour pouvoir payer mon loyer mais c'est mieux que de se marcher dessus dans un quinze mètres carrés.

Je ne relève pas l'absence de son père, il s'agit sûrement d'un sujet qu'il refuse d'aborder.

— Et toi, tu as préféré rester chez tes parents ? me demande-t-il afin probablement de ne plus être le centre de l'attention.

Ce n'est pas la première fois que je remarque sa pudeur vis-à-vis de sa famille.

— Pas a l'origine non. Quand je suis arrivée en France, j'avais loué un appartement mais par soucis d'argent parce que ma mère venait de perdre son travail, j'ai dû venir habiter chez elle. Comment tu sais que je vis chez ma mère d'ailleurs ?

— Aaron me l'a sans doute dit.

— Il te parle de moi ?

— Ça arrive. Ne lui en veux pas, il ne me raconte pas toute ta vie, simplement quand le sujet s'y prête.

Je vois dans ses pupilles foncées qui virevoltent très légèrement de gauche à droite qu'il regrette de m'avoir fait part de cette information. Ça n'empêche pas ma curiosité de creuser un peu plus :

— Est-ce qu'il en parle aux autres aussi ?

— Non, j'en doute. La seule avec qui il discute vraiment c'est Alexia mais puisque...

— Puisqu'elle ne m'aime pas. N'ai pas peur de le dire.

Il fuit mon regard tandis que j'essaie de lire ses pensées dans le sien.

— Je ne dirais pas ça, simplement-

— Ne te fatigue pas, je ne la porte pas dans mon coeur non plus.