Rita [TERMINÉ]

• CHAPITRE CINQUANTE-HUIT •

— On s'est disputé.

Elle ne me détaille pas, elle m'écoute, simplement, attendant que je poursuive.

J'inspire et continue.

— Dimanche soir. J'ai tout gaché. Parce que... parce que je ne voulais rien dire. Mais lui, oui.

Un léger silence s'installe le temps qu'elle finisse son verre d'eau. Et, alors que je pensais qu'elle ne répliquerait pas, elle me dit d'un ton nonchalant :

— C'est ça qui te met dans de tels états ?

Sa remarque m'irrite un peu. Elle ne sait pas ce que je ressens. Comment peut-elle se permettre de juger la manière dont je gère mes problèmes.

— Tous les couples se disputent...

— Je sais, la coupé-je.

— Laisse-moi finir.

Je fais profil bas comme un chien devant son maître.

— Le tout c'est de prendre des décisions ensemble et de ne pas rester sur ses propres positions, en refusant d'écouter l'autre.

Mes bras soutiennent ma tête, les coudes sur la table et les yeux orientés vers le bas.

— Si aucun de vous ne fait d'efforts pour remettre ses idées en question, ça ne peut pas marcher.

— On s'en sort très bien pourtant, m'empressé-je de contredire.

— Ah bon ?

Je serre les dents.

— Ça va faire une semaine que vous vous êtes disputés si je comprends bien et puisque ton humeur est toujours aussi détestable...

Je prends sur moi pour ne pas surenchérir.

— ...j'en déduit que ça ne va pas mieux. Que vous ne vous êtes pas expliqués.

— Il ne me parle plus.

— Et toi ?

— Qu'est-ce que tu veux que je lui dise ? Il a arrêté de me parler depuis que je lui ai envoyé ce message dimanche.

— Et depuis ?

— J'attends qu'il réponde, évidement.

Elle me juge, je le vois à ses paupières qui se ferment quelques microsecondes de plus que d'habitude.

— Donc tu ne lui as pas reparlé toi non plus.

— Non, puisque c'est moi qui lui ai envoyé le dernier message.

— Rita, tu n'es pas seule dans cette relation à te laisser porter par l'autre. Tu dois prendre tes responsabilités et assumer tes actes et tes paroles.

— Mais je n'ai rien fait, j'ai juste dit ce que je pensais. Lui aussi, il peut écouter mes idées.

— Et qu'est-ce que tu pensais ?