Il existe au nord des terres déchiquetées, des milliers et millions d'îles et d'îlots battus par les vents et couverts de glace pendant la majeure partie de l'année. Des terres qui sont si inhospitalières que les gens qui vivent là n'ont pas même le...
Avant de commencer cette histoire, j'ai eu la chance de décrocher la première place au concours "une plume exceptionnelle" et je trouvais dommage que la magnifique récompense qui va avec reste dans mes fichiers. Alors voilà :
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Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture :) N'hésitez pas à laisser votre avis, cela fait toujours plaisir ! Puisse le souffle des dragons veiller sur vous. ______________________________
Récit par Paladim, Marchand de sa majesté le comte de Val Buren
Il existe des terres au nord de notre continent chéri. Ces terres forment une sorte d'état que l'on nomme Frima, qui signifie Glace dans l'ancienne langue des gens du crû. Un nom plus qu'adéquat pour une terre qui est gelée presque toute l'année.
Pour accéder à ces terres, il faut naviguer trois jours vers le nord, jusqu'à atteindre la Mâchoire des Dragons, cette large bande de récifs parfois émergents, parfois affleurants, que redoutent tous marins sensés, car les roches ne sont pas le seul danger. Cette zone est presque toujours recouverte de brume, nourrie par quelque chose qui brûle en profondeur. Cette chose qui brûle peut parfois avaler des navires entiers sans le moindre signe avant-coureur. C'est là le territoire des Drakes, la demeure de nos dieux. Si par fortune, un capitaine aventureux parvient à trouver sa route, il doit encore naviguer entre deux et cinq jours avant de voir les premières îles et îlots. La côte de cette terre du nord, la côte de « Frima » est déchiquetée et nul n'a pris la peine d'en tracer la carte. Dix vies ne sauraient suffire. Il y a là des milliers d'îles, et des millions d'îlots et de rochers. Certains objets ne dépassent guère la taille d'une maison, quand ils ont la chance d'être émergés tout au long de l'année, alors qu'il faudrait plusieurs jours à cheval pour traverser certaines îles. Certaines presqu'îles s'avancent comme de longs doigts vers le sud tandis que d'autres sont repliées sur elle-même, formant des cocons avec en leur sein, îles et îlots, encore. Une fois que l'on s'est avancé suffisamment dans ce dédale, il n'est plus possible de voir la ligne d'horizon. Où que porte le regard, on trouvera une terre, rattachée ou non à celle sur laquelle on a mis les pieds. Et cette terre n'est guère fertile, en plus d'une dizaine de visites, je ne l'ai vu verdir qu'une seule fois. Elle abrite par contre des nombreuses forêts de conifères dont la futée ne parvient guère à stopper l'épaisse couche de neige qui s'abat l'hiver. En conséquence, on trouve peu d'animaux et aucun oiseau. L'océan héberge des poissons qui ne sont pas comestibles, les ruisseaux et rivières sont dénuées de toute vie, car gelés la majeure partie de l'année. On trouve à l'abri des arbres quelques hardes de Siverns, un animal proche, par le sang et par l'apparence, des chevreuils de nos forêts. Il possède cependant une fourrure bien plus épaisse et longue, il est un peu plus petit en taille, est équipé de deux cornes au bout de son museau pour creuser la neige et manger racine et lichens en hiver. Ses sabots sont également bien plus larges pour lui permettre de marcher sans peine sur les congères dans lesquels un homme pourrait facilement disparaître.
L'autre animal endémique de la région est une espèce de rongeur, croisement étrange entre le rat de nos villes et le lièvre de nos campagnes. Il peut atteindre la taille d'un petit chien et peser jusqu'à quinze kilos. Si la viande de Siverns est un mets apprécié des autochtones, celle du Glaricz est par contre beaucoup plus caoutchouteuse. Cette proie n'est cependant pas dédaignée des chasseurs locaux qui savourent le sang frais de leur victime comme une source bienvenue d'énergie et de chaleur dans ce royaume du froid. Au sud de Frima, ces deux herbivores n'ont pas d'autres prédateurs que l'homme, et pas d'autres concurrents non plus.
Ce qui impressionnera toujours le visiteur, c'est le silence des forêts, nous qui sommes si habitués aux douces mélopées des oiseaux et au bourdonnement incessant des insectes. Comme je l'ai souligné plus haut dans ce texte, il n'y aucun volatile au nord de la Mer Frimarkis Fiarë Sana et aucun insecte. Le sol des forêts est encombré de bois mort qui ne pourrit guère que quelques semaines dans l'année lorsque le froid est suffisamment loin pour permettre le développement de quelques champignons. Il paraît qu'au cœur de l'été, le sol se recouvre d'une épaisse couche de fougères et d'herbes qui permet aux herbivores de faire leurs réserves. Ce phénomène est probablement l'unique chose qui maintient la vie animale au nord de nos côtes.
Une fois que le visiteur a pénétré suffisamment au nord, la mer cesse d'être présente partout et les sommets s'élèvent toujours plus haut, ne perdant jamais leur couronne glacée. Il existe quelques vallées qui traversent cette chaîne de montagnes inhospitalières de part en part mais la plupart ne sont que des culs de sacs. Il doit exister dans cette région un grand nombre de lieux où l'homme n'a jamais mis les pieds et n'y parviendra sûrement jamais.
Au-delà, on peut trouver une région plus plate, quoique encore plus froide, et ce bien que les montagnes la protègent des plus gros coups durs de la Mer Frimarkis Fiarë Sana. En conséquence, on y retrouve la même faune à laquelle vient s'ajouter un prédateur que nous connaissons bien : le loup. Encore que celui qui vit là-bas ait un pelage blanc et soit un peu plus petit que celui qui hante nos forêts. On n'y trouve également de grands troupeaux de rennes qui sont la propriété d'un peuple d'éleveurs nomades. Ces derniers ne se considèrent pas comme des Frimarkis et il est vrai que leurs coutumes sont vraiment différentes. Quelques Frimarkis vivent parfois sur ces terres mais ce sont des nomades qui appartiennent à un groupe bien particulier.