Chapitre 5 : On the path of war (5)

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La femme qui avait échappé de peu à la mort n'avait pas bougée depuis que Æsa l'avait laissée là. Elle était toujours là où elle s'était effondrée mais elle ne pleurait plus. La peur avait dû passer, partiellement, même si elle posait parfois un regard vide sur les hommes qui gisaient dans leur sang et qu'on n'avait pas encore pris soin de bouger. Elle se tourna vers elles lorsqu'elle les vit :

- Mais qui êtes-vous ? Pourquoi nous attaquez-vous ?

Les Valkyries avaient été plus que généreuses envers leur folle mission. Danse-Mort avait évité plusieurs jours de navigation aux combattantes mais si on lui avait reproché de pousser trop loin le contournement des règles de Mère, d'autres avaient suivi son exemple et plusieurs s'étaient associées pour accorder aux Shield Maiden le don des langues, celui de comprendre et de parler sans apprendre chacune des langues du Nord et des Terres Centrales. En conséquence, Lyvanya n'eut aucune peine à comprendre la villageoise et à lui répondre :

- Nous sommes les Shield Maiden, les guerrières de Frimarque. Et nous venons rendre à ce royaume ce qu'il nous a envoyé au début de l'été. Vos villages sont hiérarchisés. Lève-toi donc et rapporte-moi le bourgmestre et le seigneur de ce port. Nous devons lui parler.

La femme resta longtemps silencieuse et la peur perçait dans sa voix lorsqu'elle répondit, son regard étrangement fixé sur les cadavres qui se trouvaient à quelques dizaines de mètres de là.

- Vous allez le tuer aussi ?

- Peut-être pas. On va surtout essayer de ne pas avoir à réduire cette cité en cendre...

La voix de Aaditya manquait clairement de chaleur et comprenant que si la première interlocutrice lui avait demandé gentiment un service, cela ne retirait en rien l'épée de Damoclès qui pendait au-dessus de l'avenir de la ville. Elle se redressa avec difficulté, fit quelques pas chancelant vers la ruelle que les guerrières venaient de quitter puis, voyant qu'on ne la poursuivait pas et qu'aucune flèche ne semblait dirigée dans sa direction, la villageoise prit de l'assurance et se mit à courir.

Aucune des Shield Maiden qui assistèrent à la scène n'était cependant capable de dire si la femme amènerait le chef de la ville, comme on le lui avait demandé, ou si elle se cacherait simplement. Cela n'avait que peu d'importance. Une discussion avec la personne en change de la cité pouvait éviter d'avoir à désarmer chaque maison et pouvait mettre les choses au point, et pourquoi pas, faire passer des messages pour la suite. Mais maintenant que toutes les Shield Maiden étaient débarquées, elles n'auraient aucun problème pour fouiller un à un la centaine de bâtiments que comptait le village portuaire. C'était juste plus dangereux. Encore que vu leur nombre écrasant, il était peu probable qu'un quelconque patriote ose lever une arme contre les Frimarques.

Petit à petit, les Shield Maiden qui s'étaient aventurées dans les rues après l'escarmouche sur les quais et celles qui avaient débarqué plus loin rejoignirent le port qui devint bientôt le lieu d'un important rassemblement. L'espace était cependant conçu pour charger et décharger les navires de pêche et probablement aussi pour accueillir les marchés et les rassemblements de la cité. En conséquence, il y avait là bien assez d'espace si bien que malgré leur nombre qui aurait pu les gêner et les mettre en danger, l'atmosphère se détendit peu à peu, l'adrénaline retombant doucement.

Il s'avéra que la femme n'avait pas filé pour sauver sa vie. Elle réapparut quelques minutes plus tard avec un homme obèse et relativement âgé ainsi que deux gardes armés morts de peur qui prenait bien garde à garder leurs mains loin du corps. Leurs yeux affolés couraient sans cesse des Shield Maiden, aux corps sur la place avant de revenir se figer le temps d'un instant sur les quelques flèches clairement pointées dans leur direction. L'homme s'arrêta à une dizaine de mètres de la première Shield Maiden et la femme s'éloigna et se colla au mur, comme si elle voulait y disparaître mais sans pour autant s'enfuir, maintenant qu'elle avait accompli ce qu'on lui avait demandé.

- Je suis le bourgmestre Safran, on m'a informé que votre chef désire me parler.

La Shield Maiden le regarda avec un sourire en coin, jusqu'à ce que l'homme qui s'était adressée à elle comme si elle n'était qu'un détail sur son chemin, se sente mal à l'aise. Et elle garda encore le silence et ce sourire énigmatique jusqu'à ce que l'assurance du bourgmestre fonde comme la neige au cœur de l'été. Finalement, elle parla enfin :

- Nous n'avons pas de chef. Nous n'en avons pas besoin.

L'homme ouvrit la bouche mais il ne savait plus vraiment quoi dire. Il s'était préparé à négocier la reddition de sa ville avec un général et il se retrouvait face à une femme armée peu coopérative qui semblait se demandait ce qu'elle allait faire de lui.

Finalement, la guerrière lui tourna le dos et consciente que son regard la suivait, se dirigea vers l'un des cadavres puis imitant certains de ses compagnes un peu plus tôt, entailla l'un des poignets avant de le porter à sa bouche et de boire le sang.

L'homme verdit et vomit avant de trébucher en reculant. La femme qui l'avait amené ne semblait pas non plus très bien se porter, tout comme les deux gardes qui semblaient sur le point de s'évanouir. Finalement, Aaditya eut pitié de la femme et décida de mettre fin à la petite scène. Elle s'avança avec Lyvanya et, en retrait, l'arc prêt, Æsa.

Shield MaidenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant