Les deux combattants se déplaçaient comme des chasseuses remarqua Æsa, ce qui n'était pas une surprise, puisque c'était fondamentalement leur rôle. Chasser le gibier humain et survivre en chassant les animaux. Elles étaient trois pourtant aucune d'entre elles ne faisaient craquer la moindre branche et elles progressaient rapidement dans les bois encombrés.
Il leur fallut un peu plus d'une demi-heure pour rejoindre la plage où la villageoise avait vu débarquer les soldats la veille.
Le bateau était toujours échoué sur la rive, son étrave s'avançant de presque un demi-mètre sur les galets. Le navire était équipé pour affronter les mers particulières du Nord et tous les dangers qui allaient avec. Il était très large et son fond était assez plat, pour limiter son tirant d'eau et passer sans peine certains récifs mortels. Il était équipé d'un mat mais aussi d'une vingtaine de rames, nécessaire dans la mesure où il arrivait souvent, dans la région, que le vent ne souffle pas pendant plusieurs jours.
La chasseuse abandonna les deux combattantes le temps de récupérer les proies qu'elle avait abandonnées la veille tandis que ces compagnes regardaient l'embarcation,. Les deux Glaricz avaient peu de chance de figurer au menu des prochains jours dans la mesure où il y avait plus de viande humaine qu'il n'en fallait pour les nourrir toutes les trois pendant quelques mois. Cependant leurs peaux, contrairement à celles des humains, restaient intéressantes. Elle ramena les deux carcasses sur la rive puis rejoignit ses deux compagnes.
- Il va être compliqué de le remettre à la mer, commenta-t-elle, comprenant ce que les deux femmes regardaient depuis plusieurs minutes.
- En effet. Avec toutes les rames en action, cela ne doit pas être un problème mais à trois, je ne pense pas que nous pourrons le faire. Enfin, nous pourrions si nous nous accordions quelques jours. Il suffirait de creuser autour de l'étrave et le poids de cette dernière feraient s'effondrer les galets jusqu'à ce que le navire soit à l'eau. Mais je ne pense pas que cela soit une priorité actuellement. Explorons l'intérieur.
Elles étaient toutes les trois bien plus grande que les hommes du sud. Ces derniers devaient probablement se faire la courte échelle pour regagner leur navire mais elles se contentèrent de sauter, d'agripper le bord et de se hisser en haletant.
L'intérieur du navire, contrairement à l'apparence qu'avait la coque extérieure, était proche d'une forme de U avec un bon mètre de large, au centre, où le plancher était plat. Sur les côtés, on trouvait une série de niveau en dégradé qui permettaient probablement aux rameurs d'être suffisamment haut pour plonger les rames dans la mer malgré le faible tirant d'eau et les hauts bords. À l'avant, là où elles se trouvaient, se trouvait une dunette qui mesurait dans les trois mètres de longueur. Les quelques obstacles qu'on avait placés servaient probablement de faibles protections pour les arbalétriers en cas de bataille navale.
À l'arrière, on retrouvait le même genre de structure, quoique bien plus longue. Sur le dessus, se trouvait la barre reliée directement au gouvernail tandis qu'en dessous se trouvait une structure fermée par une porte, probablement une cabine relativement spacieuse. La structure en U semblait apporter plusieurs avantages. Une longue série d'anneaux des deux côtés devaient servir à maintenir une bâche en cas de gros temps pour protéger les marins dont certains hamacs étaient encore tendus en travers du chemin.
D'un commun accord, sans même se consulter, les deux combattantes sortirent leurs épées et s'avancèrent prudemment vers la cabine tandis que la chasseuse restait quelques pas en arrière, l'arc prêt. Aucune d'entre elles n'avait été discrète pendant l'approche mais l'atmosphère avait quelque chose d'inquiétant, entre le clapotis de l'eau contre la coque, le craquement du bois et le grincement des gréements. Il était difficile de rester serein.
Conséquence de la tension qui régnait, elles mirent presque une minute pour traverser tous le navire qui ne devait pourtant guère faire plus de cinquante mètres. Finalement, après une poignée de seconde d'hésitation, Lyvanya se jeta de tout son poids contre la porte et se laissa volontairement laisser tomber au sol lorsque cette dernière céda. Presque dans le même temps, Aaditya se positionna au-dessus d'elle, ses deux lames en position de défense pour couvrir sa compagne. Mais même s'il faisait particulièrement sombre et qu'il leur fallut, à toutes les trois, une bonne minute pour que leurs yeux ne s'habituent, il n'y avait pas d'ennemi. La pièce était aussi vide que le reste du navire.
C'était probablement les quartiers du capitaine. Une lourde table, fixée au sol, faisait face à la porte et occupait un tiers de la largeur du bateau. De nombreuses cartes étaient fixées dessus, à coup de clou ou d'objet plus lourds mais moins définitif. L'un de ses coins, près duquel se trouvait une chaise, semblait bien plus en désordre, probablement l'endroit où le capitaine passait l'essentiel de son temps. On trouvait un lit contre l'une des parois du navire avec une petite commode contenant une mini bibliothèque contenant une dizaine de volumes reliés en cuir. C'était une présence surprenante dans la mesure où les livres étaient des objets de luxe mais le sud évoluait si vite qu'il était tout à fait possible que la lecture et ces objets d'art soient désormais beaucoup plus communs. Sur l'autre paroi, à la verticale cette fois, on avait fixé une autre série de cartes sur lesquelles se trouvaient de nombreuses annotations, récentes pour la plupart à ce qu'il semblait. Il y avait également un meuble relativement bas et visiblement fermé à clé, ainsi qu'un coffre. En ouvrant ce dernier, Aaditya se rendit compte que le coffre était compartimenté. La majeure partie contenait du matériel de rechange, plus ou moins fragile, pour le navire, tandis que dans l'autre, séparée par une fine cloison verticale, on trouvait du matériel de bureau : des encriers, des plumes, du papier vierge, et surtout deux lampes à huile et de quoi les recharger et les allumer. Elle les sortit et les alluma avant d'en tendre une à Æsa et l'autre à son aînée :
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Shield Maiden
FantasiIl existe au nord des terres déchiquetées, des milliers et millions d'îles et d'îlots battus par les vents et couverts de glace pendant la majeure partie de l'année. Des terres qui sont si inhospitalières que les gens qui vivent là n'ont pas même le...