Shield Maiden

Chapitre 2 : Shadows of Ancient Times (1)

Chapitre 2 : Shadows of AncientTimes

Il était déjà tard lorsque la chasseuse avait croisé les soldats et même si les nuits étaient un peu plus courtes dans le nord que dans le sud en été, elles finissaient néanmoins par tomber et avec, les températures. Les vêtements de la jeune femme étaient faits pour résister à ces conditions mais elle était dans un tel état émotionnel et physique qu'elle ne pouvait se permettre de s'attarder dehors. Elle quitta du regard la mer et son ressac léger mais permanent et entama la marche de dix minutes qui devait la ramener en un lieu qui avait été sa maison pendant la totalité de son existence. Elle avait prévu de partir d'ici à deux ans si aucun candidat intéressant au mariage ne se présentait mais c'était une préoccupation qui lui semblait plus que futile désormais.

Elle ignorait combien de temps elle s'était absentée et à dire vrai, elle se sentait incapable de se souvenir de quoi que ce soit d'autre que les combats. Il lui semblait qu'une éternité s'était écoulée depuis qu'elle avait quitté les Shield Maiden mais cela ne faisait probablement même pas une heure. Enfin, si, peut-être mais guère plus, sinon la nuit serait en train de tomber or il restait probablement encore une ou deux heures de lumière, même si cette dernière n'était plus du tout assez forte pour réchauffer l'atmosphère qui en conséquence se refroidissait rapidement.

Elle prit tout son temps pour rentrer, retardant autant que possible la tâche pénible, tant physiquement que psychologiquement de ramasser tous les morts du village. Elle ne pouvait qu'espérer qu'aucun n'avait souffert. Elle ignorait la mission de ses soldats mais il semblait trop organiser pour être de simples pillards. Avec un peu de chance, ils avaient été en mission. Une mission abjecte et sans aucun sens, assurément, mais une mission tout de même. Peut-être n'avaient-ils pas eu le temps de « s'amuser » comme disaient les hommes du sud.

Lorsqu'elle parvint au village, elle s'arrêta, surprise. Elle était persuadée que le corps d'une femme était étendu là lorsqu'elle avait pris le chemin vers la crique où les villageois se baignaient parfois, quand ils avaient un grain de folie. Ou qu'ils avaient trop travaillé et que leurs muscles avaient un désespéré besoin de fraîcheur. Elle se pencha à l'endroit où son esprit avait presque réussi à effacer la vision du cadavre et vit la couleur brune de la terre. Elle ne s'était pas trompée. Les Shield Maiden avaient-elles fait le ménage ? Pour quelle raison ? Étaient-elles encore là ? Elle ne s'attendait pas à les revoir mais il est vrai que la nuit était proche et que les deux femmes ne devaient pas cracher sur un abri contre les rigueurs du climat.

Elle s'avança avec plus de prudence, se remémorant volontairement tout ce qu'elle avait occulté et force était de constater qu'en dehors des traces de sang et des objets abandonnés qui n'auraient pas dû l'être, on aurait pu croire que rien ne s'était passé. Elle déchanta cependant en arrivant au niveau des maisons. De là où elle était, elle pouvait enfin voir le grand espace où ils cultivaient les quelques graines qui voulaient bien pousser sous cette latitude, là où s'était déroulée la bataille.

Les Shield Maiden avaient en effet dû nettoyer le village et les environs. Ils semblaient tous là, allongés et alignés, légèrement espacés les uns des autres. Presque cent cadavres en comptant les soldats qui avaient étaient alignés en trois rangées, un peu à l'écart. La position et l'ordre dans lesquels ils étaient tous déposés rendaient le décompte facile : quatre rangées de quinze personnes. Enfin, trois et la moitié d'une. Cinquante-deux personnes. La totalité...

Elle sursauta et s'élança. Ils étaient cinquante-quatre. Il y avait un survivant ou les Shield Maiden avait loupé un cadavre. C'était parfaitement possible avec les bois aux alentours mais ces mêmes bois avaient pu servir de cachette. Elle parcourut rapidement les différentes rangées de corps, essayant d'ignorer les blessures et les expressions et de se concentrer sur leur identité.

Il est difficile de se souvenir avec précision de la totalité d'un groupe de personnes. On peut les reconnaître aisément, surtout quand on les fréquente tous les jours ou presque, mais il est bien plus compliquer de savoir qui il manque lorsqu'on les a tous sous les yeux. Heureusement, l'équation n'était pas difficile. Elle ne vit qu'un seul nourrisson, un garçon. Cela signifiait que la toute dernière enfant à être née dans le village n'était pas là. Sa mère était bien là mais pas l'enfant.