note : micro partie, la migraine ne me lâche pas. Le thème du jour "Ombre".
Ce n'était qu'une ombre qui semblait parfois traverser le visage d'Erwan. Elle l'assombrissait et le vidait de ses couleurs, le rendant étrangement terne. Le jeune homme fixait le vide et ne semblait plus réagir au monde extérieur. Il paraissait calme alors que son esprit bouillonnait le surchargeant d'informations. Ca ne durait jamais longtemps et ça avait la fâcheuse d'arriver à n'importe quel instant.
Tout allait bien et l'ombre se glissait sur sa peau. Là, un éclat de douleur vrillait son corps. Ce n'était pas réel. Ca ne l'était plus en tout cas. Il sentait de nouveau le couteau dans sa chair, les doigts sur sa peau ou une bouche l'effleurant. Aussitôt, il avait envie de vomir, de crier, de se révolter, mais la sensation était juste trop écrasante pour réagir. Souvent, ça passait aussi vite que c'était venu. Parfois, Raphaël lui attrapait la main et d'une pression franche, le ramener à la réalité. Les caresses, les gestes trop doux, il ne les supportait pas. Il n'arrivait pas à les différencier assez des flash-backs.
Le temps filait, les événements s'enchaînaient, ... Le lycée était terminé, loin derrière lui, les projets s'enchaînaient, il rencontrait les parents de Raphaël, il continuait d'avancer ... Raphaël lui proposait d'emménager avec lui, ils achetaient l'imprimerie, ils vivaient ensemble, le temps continuait d'avancer ... Et malgré toutes les évolutions, tout les changements, les ombres étaient toujours là, oppressantes et cruelles. Peut-être qu'elles ne le quitteraient jamais, alors il faudrait apprendre à vivre avec et les accepter pour ce qu'elles étaient. Des moments fantômes dont les lambeaux restaient accrochés à sa peau, à ses nerfs, à son âme.
Erwan chassa l'ombre qui ne voulait pas l'abandonner en secouant la tête et observa son petit ami affairait sur leur projet. Il testait différentes colorisations depuis plusieurs jours. Doucement, Erwan se redressa et marcha jusqu'à lui, là, il se colla à son dos, l'entourant de ses bras. Les muscles étaient épais sous sa joue. Ils étaient ronds et chauds. Erwan inspira profondément l'odeur de son compagnon. Les textures, les bruits des feutres sur le papier, tout le rassurait.
- Je t'aime. lui murmura-t-il à l'oreille.
Sous lui, Raphaël sourit et lui répondit qu'il l'aimait lui aussi. Ils partagèrent une étreinte douce et sincère. Amoureuse. C'était ce qu'il chassait le mieux les ombres sur le long terme. Erwan se fit la réflexion qu'il le guerissait petit à petit. Certaines plaies seraient très difficiles, mais Raphaël l'aidait à s'en sortir.
- Je t'aime vraiment. répéta-t-il.
Ils s'embrassèrent avec toute la tendresse du monde.
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La poésie de l'encre
RomanceIl y a Solitude, d'un blanc éclatant, elle ne se laisse pas oublier. Elle a noué ses grands bras comme des voiles autour de ses épaules. Il y a Silence, il a l'habitude de passer inaperçu, mais un jour ou l'autre, il deviendra assourdissant. Il y a...