Chapitre 27

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Je regarde le paysage familier qui défile sous mes yeux. Noah est allongé sur la banquette en face de moi. Il dort comme une bûche. Des traces bleutées couvrent son visage et ses bras. Outre l'uniforme du QG que nous portons encore, ce sont des souvenirs que nous ramenons avec nous outre bien sûr la sensation de légèreté que procure mon esprit libre. J'ai sauvé un innocent d'une mort certaine, j'ai sauvé la vie l'enfant.

J'ai dû courir et sauter dans mon train alors qu'il quittait la gare, mais ça en valait la peine. Je souris derrière mon gobelet rempli de thé fumant, je ne m'attendais pas du tout à ce que Noah me laisse faire. Tout me laisse à penser qu'il est plus ou moins du même avis que moi au sujet de nos rivaux. Bien qu'il soit entièrement terrifié par eux, il partage ma vision des choses en ce qui concerne ceux qui ne font pas partie de leur combattant. Nous en avons discuté un long moment lorsque je l'ai rejoint dans notre compartiment. Il m'a avoué ne pas avoir le courage d'agir comme je l'ai fait, mais il est tout aussi apaisé sachant que le louveteau a la vie sauf.

Je termine mon thé et décide de sortir de mon wagon. Prendre de l'air frais me fera le plus grand bien. Le quartier général était bondé de monde et sortir dans les rues me rendait un peu agoraphobe tout comme le compartiment que je partage avec Noah. Il y a un petit balcon à la fin du train, ce n'est pas assez pour pouvoir me dégourdir les jambes, mais suffisant pour faire le plein d'air pur.

À l'extérieur, la forêt devient de plus en plus dense. On approche le village. Je me rends compte que le secteur 8 me manque. Je me plains souvent que je veux quitter le village pour partir à l'aventure, mais Noly est ma maison et j'y suis très attachée. Je prends appui sur la petite rampe et ferme les yeux pour savourer un court moment de détente solidaire.

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En arrivant au village, le train s'arrête par secousses suffisamment fortes pour faire tomber l'un des bagages de Noah. Celui-ci reçoit le sac directement dans l'estomac avant que j'aie pu le rattraper. Le bon côté c'est que je n'aurais pas à le réveiller. Noah se redresse en se tenant le ventre et en jurant. Je me retiens de rire même si je trouve la situation un brin comique. Je grimpe sur le banc pour prendre ma valise ainsi que le reste des bagages restant de Noah. Dehors, Hortensia et Milan nous attendent un peu plus loin sur la gare. Ils sont seuls dans la minuscule gare de Noly et facilement repérable. Notre formatrice sautille sur place en nous voyant.

''Noah ! Camomille ! Le voyage s'est bien passé ?''

''Très bien, l'arrivé un peu plus dure.''

Il se frotte le ventre et je pouffe de rire. Hortensia fronce les sourcils avant de remarquer les ecchymoses sur son visage. Elle pose les mains sur ses joues et examine son visage.

''Mais qu'est-ce qui t'est arrivé ? Tu as... c'est l'uniforme du Quartier Général ?''

''Oui, ils ont permis de les garder et pour ce qui est de mon visage, mes bras et... pratiquement tout le reste de mon corps, disons que l'apprenti au top de leur classement n'a pas retenu ses coups au test de combat.'' Avoue Noah.

''C'est peu dire ! Je ne t'ai jamais vu aussi...'' débute-t-elle sans conclure.

Notre formatrice détourne le regard et m'examine de haut en bas. À l'exception de ma lèvre fendue et une vilaine bande violette sur mes avant-bras causée par la perche, je n'ai aucune blessure qui pourrait l'alarmer. Milan quant à lui, tend la main vers moi. Vu notre relation, je doute que ce soit pour la serrer.

''Je suppose que c'est toi qui as l'enveloppe.'' Demande-t-il, désintéressé.

''L'enveloppe ? Quelle enveloppe ?''

''Non, c'est moi qui l'aie !'' Intervient Noah en tirant une longue enveloppe brune de l'un de ses sacs.

''C'est... surprenant... qu'elle ne te l'ait pas arraché des mains pour la consulter.'' Réponds le capitaine.

Red WoodsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant