Red Woods

Chapitre 34

Je suis encore sous le choc des révélations d'Hortensia. Combien de fois m'a-t-elle choisi dans nos cours en tant que cobaye pour nous montrer une nouvelle technique de combat ? Combien de fois je me suis tenue si près d'elle que si j'avais été plus attentive, j'aurais aperçu la marque sur sa poitrine ? Pire, combien de jours est-ce passer avec ma formatrice sans me douter de quoi que ce soit !? Ce n'est pas un endroit qui a particulièrement attiré mon attention, mais si même Noah n'a pu le remarquer combien d'autres a t-elle réussi à flouer ? Toute sa vie, elle a réussi cachée à tout le village ce qu'elle était réellement et personne n'a soupçonné quoi que ce soit. Quand j'ai refermé la porte du bureau derrière moi, le village me paraissait différent. Combien d'entre nous sont à moitié loup comme ma formatrice ? Combien de personnes que je croise tous les jours vivent en gardant un secret aussi lourd ? Combien d'autres comme elle se cachent dans les villages ou même dans les campements de loups ?

Je secoue la tête, je ne sais pas trop quoi penser. J'ai besoin de me changer les idées et de parler à Aspen de tout ça. Il a peut-être déjà entendu parler d'une liaison de se genre. Peut-être même qu'il y en a certains qui vivent librement dans son camp.

Je cours vers l'entrée de la barricade ou on prend mes informations avant de me laisser partir. Le sol de la forêt est couvert d'un mince tapis de neige et mon souffle rapide est visible par la fumée qui se dégage entre mes lèvres. Il m'est de plus en plus facile de couvrir la distance qui sépare chaque recoin de mon secteur. En plus d'être sous ma surveillance la nuit, il est devenu mon point de rencontre avec Aspen. Une fois par semaine, il arrive à s'échapper de chez lui pour venir m'y rejoindre. Son interdiction de sortie n'a pas encore été levée par son alpha et bien que celui-ci tente par tous les moyens de le retenir au camp, mon loup trouve toujours un moyen de s'évader pour me retrouver.

Dès que j'arrive, je vois Aspen allongé sur un des rochers. Ses traits sont crispés, il parait embêté, mais je ne pourrais pas dire pourquoi. Je ralentis mon rythme et m'approche prudemment. Je suis bien tenté de le laisser se reposer ou de le taquiner, mais une petite partie de moi s'inquiète. D'habitude, il a toujours un sourire arrogant sur les lèvres, se moquant de ma formation ou de certaines de mes habitudes. Cette fois, son visage est fermé sur lui-même.

''Aspen ?''

Il ouvre les yeux et se redresse. En me voyant, son visage s'adoucit, mais trahit toujours son épuisement. Il descend de son rocher et vient me rejoindre. Une fois à ma hauteur, il passe les bras autour de ma taille et enfuis son visage dans mon cou en inspirant lentement. Aspen me serre si fort qu'il pourrait me broyer les os. Visiblement, je ne suis pas la seule à avoir besoin de la présence de l'autre. Je passe mes bras autour de son cou et le presse contre moi. Sa chaleur corporelle me parvient même à travers le tissu et force mon corps l'imiter. Chacun de mes membres devient aussi léger qu'une plume et mon cœur s'emballe. Je le laisse s'agiter afin que les battements du sien lui répondre en s'y mesurant. Une plainte de satisfaction lui échappe et par ce son, je suis déjà apaisé.

C'est complètement incroyable comment a lui seul, son contact, sa présence m'est devenue aussi indispensable. Comment en si peu de temps, Aspen est devenu un besoin et non un désir ? Il ne me relâche pas et me retient fermement contre lui. Il doit s'être passé quelque chose d'important au campement. Je le repousse un peu et à contrecœur, il me laisse me détacher légèrement de lui.

''Tu veux en parler ?'' Je lui demande à voix basse.

''Pas vraiment, mais tu devrais quand même être au courant.''

''Je ne te mets aucune pression. Tu sais que si tu n'as pas envie d'en discuter, on peut faire autre chose pour te changer les idées.''

''Je sais, mais tu es en partie concerné donc je veux que tu le saches... Mon alpha... Il...'' Débute-t-il avant de s'interrompre.