Red Woods

Chapitre 31

''Temps écoulé ! Veuillez déposer vos crayons et m'apporter vos copies.'' S'exclame Hortensia.

C'est curieux de voir la réaction des autres apprentis autour de moi. Certaines fondent en larmes, d'autres brisent leurs crayons en deux ou encore quelques-uns ont le regard vide en déposant leurs crayons. J'ai terminé depuis environ une vingtaine de minutes, ce qui semble avoir surpris plusieurs apprentis de ma cohorte. Milan et Hortensia n'ont toutefois pas réagi en me voyant poser mon crayon sur la pile de feuilles devant moi.

Ils ont reçu une lettre semblable à la mienne pour les mettre au courant de la proposition qui m'a été faite et pour laquelle je n'ai toujours pas pris de décision. Hortensia s'est exprimée à plusieurs reprises concernant celle-ci, c'est la première fois que je la voyais aussi surexcitée et anxieuse. Je sais qu'elle a longtemps convoité cette place, de la ma confusion. Milan en revanche est resté silencieux. Peut-être a-t-il réalisé que si j'accepte l'invitation, il sera sous mon commandement. Il est devenu beaucoup moins sévère avec moi et mes ''révoltes calculées''.

Je m'étire une fois de plus avant de me lever avec ma copie d'examen entre les mains. Le dernier test écrit auquel je serais soumis avant un long moment et marque la fin de notre session. Les notes d'Aspen (si j'exclus les commentaires haineux ou inappropriés qu'il a écrits dans la marge) m'ont donné un sérieux avantage. Ils m'ont permis d'avoir beaucoup plus de temps libre et aussi d'en passer davantage avec lui. Pendant que les autres passaient des jours entiers dans la bibliothèque ou au dernier étage de l'académie, moi je les passais lové contre lui dans le secteur huit.

De l'autre côté du local, Louka et Camélia se frottent les yeux. Je ne trouve pas ça très juste qu'ils aient dû faire leur tour de garde cette nuit sachant très bien qu'il avait un examen ce matin. Ceci dit, s'il y en a deux qui peuvent le faire sans que cela impacte leurs résultats, c'est bien eux. Noah se lève aussi et me regarde tout heureux en levant les pouces en l'air. Il a fini dix minutes avant la fin du temps alloué. Il est un génie sur papier, je ne suis pas inquiète pour lui. Il passera à l'étape finale sans l'ombre d'un doute. Je dépose ma copie devant Hortensia qui l'accueille avec un sourire serein avant de quitter l'académie.

Dehors, nous avons la surprise de retrouvée un tapis de neige couvrant le village, il ne fait pas très froid, mais il était plus que temps qu'il se mette a neigé. Autour de moi, les apprentis se réjouissent et courent déjà dans tous les sens. C'est le solstice d'hiver aujourd'hui, ce soir tout le monde va se rejoindre en famille.

Tout le monde sauf moi.

J'ai une petite boule au fond de la gorge en y repensant. Je serais seule ce soir. Cette année, il n'y aura pas de tartelette au sucre faite par ma mère et il n'y aura pas les ronflements de mon père endormi sur son fauteuil pour m'accueillir quand je vais rentrer. Malgré qu'ils soient constamment en voyage, ils revenaient toujours pour les fêtes des solstices. Ce sera la première fois que je fêterais seule.

Je prends une bonne inspiration pour chasser l'émotion qui semble vouloir faire son chemin. Je ferais mieux de partir à la maison, me faire un bon repas et me coucher tôt. Si tout fonctionne bien, je ne me sentirai pas trop triste au courant des prochains jours ou j'arriverais à oublier quel jour nous sommes. Je n'attends pas que mes amis sortent pour retourner chez moi, je n'ai pas particulièrement envie de leur sourire et prétendre que tout va bien. J'ai encore moins envie qu'ils ne me voient pleurer et se sentent coupables de pouvoir rentré en famille.

J'essaie de me vider l'esprit, évité de pensée à ce que cette journée représente. Je m'occupe du mieux que je peux en préparant une petite portion au potage à la citrouille et de tartelette au sucre selon les recettes de ma mère. Je découpe les morceaux de citrouilles pendant que la tarte cuit. J'y mets toute ma concentration, mais malgré cela, les larmes me viennent aux yeux et je n'arrive bientôt plus à accomplir quoi que ce soit.