Antigone

4] Étincelle

Alors qu'Antigone ne peut s'empêcher de continuer d'observer l'estampe, des personnes se mettent à s'amasser dans l'un des donjons dont la porte reste ouverte.
Elle ne peut s'empêcher d'être aussitôt irrésistiblement attirée par la curiosité de cet agroupement soudain et se met à suivre le « troupeau » jusqu'à cette pièce sombre et mystérieuse.
Lorsqu'elle entre, la première chose qui lui saute aux yeux sont les dizaines d'instruments plus effrayants les uns que les autres accrochés méthodiquement au mur. Elle en reconnaît certain, se doute de l'utilisation d'autres mais la plus part lui semble extra-terrestre et elle se demande bien comment cela peut s'utiliser et dans quel but...
Elle qui croyait ses recherches sur le net et les sites spécialisés en BDSM fructueuses ne s'avère lui avoir donné que quelques clefs, mais elle est encore loin de connaître et comprendre cet univers si indique qui l'entoure.

Soudain un gémissement étouffé suivit de rires et d'applaudissements dans l'assemblée lui coupent toute interrogation et Antigone se faufile un chemin entre les personnes agglutinées pour se retrouver face à un spectacle des plus impressionnants.
Une femme à qui Antigone ne saurait donné un âge, est attachée sur une Croix de Saint-André, les bras et les jambes bien écartés, portant uniquement un corset étouffant et un collier en cuire autour de son cou pour seuls vêtements, laissant voir sans le moindre problème toute son intimité.
Une autre femme est debout face à elle, vêtue d'un string sombre en dentelle, d'un soutient gorge assorti et de portes jarretelles ultra sexy avec bien entendu une paire de talons aiguilles rouges rappellent la couleur de son rouge à lèvres.
Elle tient dans sa main une sorte de petit tube noir allongé et finit par le diriger vers la poitrine de la femme attachée. Lorsque l'extrémité de l'objet entre en contact avec le téton de la soumise une minuscule étincelle bleue surgit et aussitôt cette dernière pousse un nouveau gémissement plus proche cette fois du cri.
Un couple à côté d'elle pouffe joyeusement. Étrangement c'est une atmosphère particulièrement légère qui entoure ce spectacle des plus impressionnants alors qu'Antigone s'attendait à une ambiance lourde et pesante imprégnée de hurlements, de cuir, dans une cave sombre. Mais à part le cuir, elle se rend de plus en plus compte que c'est loin de ressembler à ce qu'elle s'était imaginée à cause de ses aprioris véhiculés par les films pornographiques et l'imaginaire collectif.
Les gens ont l'air épanouis, heureux et détendus. Tout le contraire d'Antigone qui est au bord de l'infarctus à chaque fois qu'une étincelle bleue réapparaît sur les seins de la femme attachée face à elle. Mais ce n'est pas la douleur qui marque son visage bien au contraire, c'est plutôt l'excitation et le respect face à sa Domina.

Antigone ne se voit vraiment pas être une Dominante. Elle n'a pas cette fibre et, si elle fantasme particulièrement depuis des années sur le fait de se faire attacher ou fesser, elle n'aimerait pas du tout être celle qui tient le fouet, pas même occasionnellement. Le switch n'est pas fait pour elle...

La séance continue jusqu'à ce que la maîtresse décide que cela suffit. Elle détache alors sa soumise et la prend dans ses bras de manière réconfortante et tendre. Durant cet aftercare les voyeurs s'éclipsent peu à peu du donjon pour retourner dans La Grande Salle et Antigone se rend soudain compte qu'elle fait parti des dernières spectatrices. Se sentant soudainement de trop dans ce moment intime pour ces deux femmes elle s'éloigne a reculons le plus vite que ses talons le lui permettent et referme la porte derrière elle pour leur laisser toute l'intimité nécessaire.

Elle prend alors une grande bouffée d'oxygène, réalisant qu'elle avait quasiment arrêté de respirer et essaye tant bien que mal de calmer son rythme cardiaque et de contrôler cette excitation qui pulse dans ses veines.
Mais qui est assez dingue pour être excitée par ça?!... Moi de toute évidence... pense-t-elle au plus profond d'elle même.