Antigone

2] Antre

Antigone se retrouve nez à nez avec le même homme qui avait ouvert au couple quelques minutes à peine plus tôt.
La jeune femme est tétanisée, se rendant vraiment compte de ce qu'elle est en train de faire.

-Bonsoir.

L'homme a une voix chaleureuse et rassurante. Elle lui répond après une seconde, le temps que son cerveau connecte avec sa langue:

-Bonsoir...
-C'est votre première fois?

N'ayant même pas le courage de parler elle hoche vivement la tête, ce qui le fait sourire. Il doit avoir l'habitude des novices hésitants...
Il la regarde de bas en haut avant de revenir à ses yeux:

-En tout cas vous avez parfaitement respecté le Dresscode.

Il lui fait payer l'entrée les vingt euros convenus selon les tarifs pour une femme seule, contrairement aux hommes et aux couples qui payent bien plus cher ce droit d'entrée et se décale pour la laisser passer. Antigone découvre un escalier éclairé par des lumières rouges tamisées, descendant vers l'antre si mystérieuse.

Elle fixe les marches sans oser bouger. L'homme lui tend une main professionnelle mais néanmoins amicale:

-Il fait froid dehors vous savez... Je vous en pris. Entrez.

Elle relève ses yeux vers lui et accepte sa main avant d'entrer finalement. Lorsque la porte se referme derrière elle, elle comprend que maintenant elle y est pour de bon...

-Suivez-moi. Je vais vous montrer les lieux. Et ne vous inquiétez pas... cela ne peut que bien se passer dans Le Rouge et Le Noir.

Ils descendent les escaliers, Antigone légèrement à l'arrière et arrivent dans un corridor au sol recouvert d'un tapis rouge menant jusqu'à une nouvelle porte, cette fois bien moins discrète que celle de l'extérieur.

-Donnez-moi votre manteau vous serez bien plus à l'aise.

Elle tourne son visage et découvre une cavité dans le mur qui se trouve être un vestiaire tenu par deux femmes vêtues de cuir derrière un comptoir. Elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau à l'exception de leurs couleurs de cheveux, l'une étant brune et l'autre blonde. Leur coiffure se résume à un chignon particulièrement serré et leur maquillage est extrêmement voyant sans pour autant faire vulgaire ce qui est une prouesse particulière vu les couches de peintures que l'une et l'autre portent.

Antigone finit par retirer son manteau et le tend, ainsi que son sac à main, à l'homme qui le donne à la brune qui va les ranger. Elle a lu sur le site que le passage au vestiaire était un moment incontournable et obligatoire à fin d'être libéré au maximum une fois dans La Grande Salle.

Elle se retrouve alors habillée d'une robe noire assez décolletée qui met ses formes en valeur sans trop en montrer non plus et qui lui descend à mi-cuisse. Ses bas remonte assez haut pour ne pas apercevoir la peau de ses jambes directement nues et ses talons aiguilles également noirs sont les plus hauts qu'elle avait, même si elle a maintenant l'impression qu'ils sont ridiculement petit vu les chaussures de la femme du couple de tout à l'heure.

Elle s'est laissé tenté par un vernis rouge flamboyant, seule touche de couleur dans sa tenue, et par un maquillage mettant au maximum ses yeux en valeurs tout en restant relativement sobre.
Ses longs cheveux châtains clairs aux reflets blonds sont simplement lâchés en cascade dans son dos et tombent follement sur ses épaules.
En guise de bijoux elle ne porte que ses créoles habituelles qu'elle ne quitte que pour dormir ou se doucher.

-Vous... ne me donnez pas un ticket avec un numéro?...
-La plus part des participants ne sont que trop peu habillés pour se permettre d'avoir un bout de papier avec eux. Ne vous inquiétez pas vous récupérerez vos affaires sans le moindre problème grâce à Lila et Lola.

Lila et Lola...
Des surnoms ou leurs vrais prénoms? Se demande Antigone dubitative. D'ailleurs doit-elle elle même donner sa véritable identité ou chacun choisit un pseudonyme entre ces murs?
Elle n'a pas regardé cette information sur internet et elle le regrette amèrement.

Mais elle n'a pas le temps de se poser plus de questions que déjà son guide avance dans ce long couloir pour la mener jusqu'à la porte magistrale qui fait frontière.

Elle va enfin savoir et comprendre. Comprendre si elle fait vraiment parti de ce monde qui va se présenter à elle.

L'adrénaline pulse dans ses veines et enfin, après un temps qui lui semble avoir durer une décennie, l'homme ouvre la gigantesque porte pour la laisser se trouver réellement devant ce spectacle peu commun et il lâche d'un ton victorieux:

-Bienvenue dans Le Rouge et Le Noir, le paradis du BDSM...