Antigone

33] Reptile

Antigone est face à la femme nue qui est toujours à quatre pattes à ses pieds. Elle attend d'être frappée. Mais que fait-elle là?!
Elle avait pourtant fuit. Pourquoi cela recommence-t-il?!
Elle regarde dans sa main et y trouve le martinet en cuir. Elle veut le lâcher mais ses doigts refusent de répondre.

Soudain un aboiement se fait entendre. Et ce n'est plus la femme qui est à ses pieds, mais un chien... une chienne. L'animal tire la langue et attend quelque chose de la part d'Antigone.

Et puis, le manche du martinet devient soudain glissant et fluide. Elle lève de nouveau la main pour regarder, et ce n'est plus l'objet de torture qu'elle tient, mais un serpent visqueux.
Et avant qu'elle ne puisse réagir, le reptile sort deux immenses crocs et se jette sur son visage tandis que la jeune femme pousse un hurlement strident de terreur.

Antigone se réveille en sursaut en se redressant d'un coup sur son lit. Sa respiration est saccadée et son front perle de sueur. Elle regarde autour d'elle, paniquée, mais se rassure doucement en constatant sur ce n'était d'un mauvais rêve. Un cauchemar terrifiant, mais irréel. Elle est en sécurité chez elle.

Elle n'avait pas réalisé qu'elle s'était endormie. Son esprit a sans doute finit par s'effondrer de fatigue d'avoir tant pleuré.
Elle ne s'est pas déshabillée, pas démaquillée. Elle se sent sale et abjecte.

Quelle heure peut-il bien être? Elle n'en a aucune idée. Il fait nuit dehors, mais en cette saison cela ne veut pas dire grand chose... Le Soleil se couche tôt et se lève tard. Il pourrait être six heure du matin comme six heure du soir.

Elle se lève et se traîne presque jusqu'à son sac. Elle prend son téléphone mais il s'est éteint. Plus de batterie. Elle le branche et décide d'aller prendre une douche. Si elle a bien appris quelque chose durant sa courte vie, c'est que lorsque l'eau passe sur le corps il retire autant les impuretés physiques sue psychiques... Et Antigone en a plus besoin que jamais.

Antigone est enroulée dans une serviette et ses cheveux trempés dégoulinent sur le sol mais peu lui importe l'état de son parquet en ce moment. Avec un peu de chance elle glisserait même, se briserait la nuque et mourrait sur le coup. Cette idée ne lui ai pas désagréable.
Elle avance dans sa chambre et se laisse tomber lourdement sur son lit. Elle reste inerte quelques secondes mais est soudain sortie de ses sombres pensées par la vibration de son téléphone qui lui indique qu'il se rallume.
Elle tend la main, regarde l'heure (il est deux heures moins dix du matin), puis met son code pin et aussitôt des dizaines de messages et appels manqués apparaissent à l'écran. Tous provenant de Césaré.
Elle soupire, et se reteint de pleurer une nouvelle fois en lisant les sms:

-Qu'est ce qui t'as pris?
-Tu es rentrée chez toi?
-Où es-tu?
-Réponds-moi.
-Antigone!
-Je te dis de me répondre!
-Il faut qu'on discute de ce qui s'est passé.
-!!!

Elle efface les messages sans répondre et écoute les appels vocaux:

-Antigone, c'est moi. Rappelle-moi tout de suite, c'est un ordre!

-Pourquoi ne décroches-tu pas? Antigone! Je m'inquiètes bordel! Réponds au moins à mes messages et dis moi que tu vas bien!!!

-Tu ne peux pas savoir à quel point je suis en colère contre toi. Je voudrais... je voudrais... rahhh!!! PUTAIN!

-Bon très bien. Tu as décidé de rester muette. C'est ton choix. Je suis chez toi dans trente minutes! Et cette fois tu vas me parler.

A l'écoute de ce dernier message Antigone tressaille. Elle regarde l'heure à laquelle il a laissé cet audio: 01:37 puis l'heure qu'il est: 01:59.

Son sang ne fait qu'un tour.
Il est déjà rentrée chez elle sans l'avoir prévenue, il peut très bien recommencer sans problème. Alors inutile d'imaginer ne juste pas lui ouvrir. Et il est censé arriver dans moins de dix minutes. Elle doit partir avant qu'il ne débarque! Immédiatement. Elle va passer la nuit chez Margot, ou n'importe où ailleurs, mais pas ici, pas avec lui!

Elle se lève de son lit en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, lache sa serviette, ouvre son placard et enfile au hasard un culotte, un soutien-gorge, des chaussettes, un t-shirt et un jean. Elle attrape son portable, le met dans son sac qu'elle balance sur son épaule, glisse ses pieds dans une paire de bottines, attrape son manteau et ouvre la porte de chez elle pour fuir encore une fois.

Mais avant qu'elle ne puisse faire un seul pas à l'extérieur elle se retrouve nez à nez avec celui auquel elle désirait tant échapper: son Maître.