Antigone

94] Chaleur

Lorsque Verte apparaît par le seuil de la porte, les yeux d'Antigone glissent bien malgré elle sur son corps. La jeune trentenaire est entièrement nue, à l'exception d'un string noir en dentelle qui ne fait que souligner d'avantage la courbe parfaite de ses hanches.
Ses cheveux de feu tombent en cascade sur sa poitrine, laissant entrevoir ses seins.
Une petite tache de naissance orne son bas-ventre du côté gauche, comme une tache de café qui aurait formé un nuage sur sa peau et qu'elle n'aurait plus jamais pu retirer.

Lorsqu'Antigone réalise qu'elle est en train de dévorer son corps elle rougit, la chaleur lui monte aux joues instantanément. Elle reprend aussitôt et revient à son visage.
Verte ne sourit pas, elle est concentrée, sensuelle, séductrice. Elle plonge son regard noisette au plus profond des yeux d'Antigone et lui fait alors passer tellement d'émotions différentes d'un coup que c'est encore plus déstabilisant pour Antigone que le fait qu'elle soit nue.

Elle s'approche doucement. La jeune femme est incapable de bouger et ne peut détourner son regard d'elle. Lorsqu'elle arrive à sa hauteur elle cesse d'avancer, laissant quelques centimètres entre leurs deux corps et après un instant à ne rien faire pour amplifier la tension dans l'atmosphère, elle lève doucement une main vers le visage d'Antigone et passe son index sur sa lèvre inférieure en frôlant sa joue. Cette dernière est tétanisée, incapable de faire le moindre mouvement.

Ignis est toujours à côté d'elle, mais en cet instant il a disparu, il n'est plus là. Il n'y a plus que les deux jeunes femmes et rien d'autre.

Elle finit par laisser la bouche d'Antigone tranquille et vient délicatement attraper sa main. Cette dernière se laisse faire, intriguée. Ses doigts se font alors guider jusqu'aux lèvres de Verte.
Elle comprend et reproduit alors le même schéma en passant son doigt doucement dessus. Comme pour effacer quelque chose, ou y tracer un dessin invisible.

Verte et Antigone se parlent. Sans une seule parole. Elles n'en ont pas besoin. Tout passent par leur lien visuel si intensément puissant.

Antigone a chaud, une bouffée de chaleur l'étouffe. Ses joues brûlent, tout autant que son sexe. Elle contracte ses cuisses l'une contre l'autre pour tenter en vain d'éteindre cet incendie naissant dans son bas ventre.

Verte s'approche alors un peu plus. Elle s'approche inexorablement de son visage et Antigone réalise à quel point elle a envie de cette femme, mais elle ne peut pas tout gâcher pour un désir bestial. L'amour qu'elle porte à Césaré est mille fois plus puissant que n'importe quelle pulsion sexuelle.

Alors avant que leurs bouches n'entrent en contact elle pose sa main sur sa poitrine, au dessus de ses seins, pour l'arrêter dans son mouvement.

-...Non.