32] Algea

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-Algea!

A peine ce mot sort-il de sa bouche que Césaré la lache sans la moindre hésitation. Il recule d'un pas pour lui laisser de l'espace. C'est comme si le temps venait de s'arrêter.
Antigone se retourne vers lui, le visage gonflé, rouge et trempé d'avoir tant pleuré.
Ses yeux continuent de verser des larmes, mais elle ne sanglote plus. Elle le regarde et il la regarde.

Son safeword a eu l'effet escompté. Il n'a pas discuté. Il a arrêté, parce que c'est la règle. Il n'enfreint pas ses propres lois, et au fond, elle lui en est reconnaissante, même si à cet instant elle aimerait surtout le gifler pour lui avoir fait subir ça. Pour l'avoir tant fait souffrir depuis qu'elle est entrée chez lui. Il a brisé son cœur, et maintenant il a également détruit beaucoup d'autres choses en elle.

Elle finit par lâcher son regard, et sort de la pièce d'un pas tremblant.

-Antigone...

Il prononce son prénom doucement, alors elle le regarde une dernière fois avant de quitter définitivement la pièce. Cette fois il ne la retient pas et ne la poursuit pas.

Elle arrive dans le salon, ramasse son sac sur le sol en essuyant du revers du liquide coulant de son nez, se fichant désormais bien de ce à quoi elle peut bien ressembler en cet instant.
Elle veut juste sortir. Elle veut quitter cet appartement. Elle veut rentrer chez elle et s'enfermer pour toujours, ne plus jamais le revoir, ne plus jamais remettre les pieds ici... Jamais.

Elle ouvre la porte d'entrée, la referme et remonte dans l'ascenseur qui la mène au rez de chaussée. Elle monte dans sa voiture et démarre, les yeux encore troublés. Elle n'a qu'une volonté: s'éloigner le plus possible de tout ça. De lui. D'elle. De ces coups. Et des morceaux de son cœur qui gisent sans doute encore sur le sol.

 Et des morceaux de son cœur qui gisent sans doute encore sur le sol

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Antigone pleure. Silencieusement. Depuis qu'elle a refermé la porte de chez elle, elle n'a cessé de pleurer encore et encore. Recroquevillée sur elle même dans son lit, encore toute habillée, avec son maquillage qui doit sans doute la défigurer d'avoir coulé.

Elle repense à tout ce qui s'est passé. Depuis la seconde où elle a entendu le premier coup... Elle aurait dû partir. Elle n'aurait jamais dû venir en fait. Elle regrette tout. Elle regrette tant.

Voilà, c'est donc ainsi que ça devait se terminer. Sur un dernier mot: « Algea ».

Elle ne lui a jamais expliqué pourquoi elle avait choisi ce safeword.

Algea est un personnage de la mythologie grecque... comme Antigone.
Elle est la fille d'Eris, la Déesse de la Discorde.
Algea est la personnification de la douleur.
Ses frères et sœurs sont: Ponos (la Peine), Léthé (l'Oubli), Limos (la Faim), Phonoi et Makhai (les Meurtres et les Combats), Dysnomie et Até (l'Anarchie et le Désastre),, Hysminai (les Mêlées), Androktasiai (les Tueries), Neikea (les Querelles), Amphillogiai (les Disputes) et Pseudologoi (les Mensonges).

Ensemble, ils forment la méchanceté. Ils sont tous malsain, immoraux, détestables.

Et à cet instant, Antigone se dit que ce prénom lui aurait bien mieux convenu « Algea ». Car elle se sent sale. Malsaine. Immorale. Détestable.

Elle se sent comme un monstre, et au plus profond d'elle même, elle pense sincèrement qu'elle a mérité tout ce qu'il vient de lui arriver...
Elle en est sûre à présent: mettre les pieds dans ce club BDSM a été la plus grosse erreur de sa vie...

Antigone Où les histoires vivent. Découvrez maintenant