Antigone

38] Brise

Lorsqu'Antigone ouvre les paupières Césaré a disparu. Et elle n'en est pas surprise. Elle se doutait que lorsqu'elle se réveillerait il serait déjà parti. D'ailleurs peut être n'a t'il pas dormi du tout ici et s'est éclipsé dès que la jeune femme s'est laissée emporter dans les bras de Morphée.

Elle baille, s'étire et vient enrouler son corps encore nu dans la couverture. Elle se prélasse. Se tourne et se retourne. Passe ses mains dans ses cheveux et enroule son index autour d'une mèche sauvage. Elle balaye la pièce du regard et finit par poser ses yeux vers la fenêtre. Le soleil éclate et ses doux rayons marquants la fin de l'hiver viennent lui caresser le visage. Une brise légère frappe contre les carreaux et fait frémir les branchages des arbres dénudés de la petite rue parisienne.

Elle ferme les yeux et imagine les doigts de son amant à la place de cette chaleur naturelle lui frôlant la peau et sa respiration régulière à la place de ce vent printanier. Il la regarderait en silence, admirant sa beauté, et ne souhaiterait qu'une chose: la prendre de nouveau.

La veille, après que leurs corps se soient unis, ils sont restés un long moment allongés l'un à côté de l'autre sur le lit. Sans bouger. Sans parler. Sans se toucher. En regardant le plafond dans une atmosphère apaisante. Leurs respirations étaient d'abord saccadées et essoufflées, mais elles se sont vite calmées et ont formé une merveilleuse mélodie régulière, accordée aux battements de leur cœur.

Finalement, Antigone s'est rapprochée doucement et a posé sa tête contre le torse de Césaré. Celui-ci a eu un soubresaut. Il n'est pas habitué à ce genre d'attitudes et n'apprécie guère ces contacts, cependant il n'a pas bougé. Il la laissée faire sans montrer aucun signe de désapprobation.
La jeune femme l'a bien compris, et l'a remercié intérieurement de ne pas la rejeter.
Elle a finit par s'endormir sans vraiment s'en rendre compte. Contre lui, contre sa peau chaude, bercée par son souffle réconfortant et protecteur.

Elle réalise qu'elle n'avait pas aussi bien dormi depuis longtemps et peu importe qu'il ne soit pas là à son réveil. Elle ne veut pas d'une relation où ils se sentiraient l'un comme l'autre obligés de prendre le petit déjeuner ensemble et de se raconter leur journée le soir. Si c'est ça qui lui convenait alors elle ne serait jamais allé dans ce club.

« La nuit porte conseil ». En effet.
Antigone réalise qu'elle s'est donnée à lui pleinement hier et qu'elle ne veut pas que ça s'arrête là. Il a plusieurs soumises? Très bien. C'est son droit. Qu'il s'amuse avec autant de femmes qu'il souhaite. Mais sa fierté n'est pas néanmoins inexistante, bien au contraire. Et à cet instant précis, Antigone se jure de devenir la meilleure soumise dont il est possible de rêver. Pour honorer son Maître elle est désormais prête à tout. Car en réalité elle le sait parfaitement: plus elle sera obéissante, plus elle aura le pouvoir. Le principe même du BDSM est basé là dessus. Elle est soumise mais en réalité peut parfaitement tenir les ficelles en s'y prenant bien.
Césaré est à elle autant qu'elle est à lui.
Il est à elle.
Elle est à lui.
Il est à elle...
Elle est à lui...