Comme la nuit précédente, Antigone ne parvient pas à trouver le sommeil. Son esprit est omnibulé par ce que son corps a subit cette après midi. Elle en voulait plus, elle le voulait lui; néanmoins elle ne peut s'empêcher de ressentir de la culpabilité à l'idée d'avoir pris du plaisir à se faire fesser. Un plaisir étrange mais plus intense que tout ce qu'elle a pu vivre jusqu'ici.
Elle sait d'après ses recherches que si tant de gens aiment les pratiques SM c'est car cela provoquerait des réactions chimiques dans le cerveau dû à la douleur et à l'adrénaline et provoquerait donc comme l'effet d'une drogue. Serait-elle donc une sorte de junkie?
Les questions se bousculent dans sa tête sans en trouver les réponses. Elle se tourne, encore et encore essayant de dormir, mais dès qu'elle ferme les paupières Césaré apparaît devant ses rétines.
Au bout d'un long, long moment d'insomnie elle pousse un soupire, se place sur le dos, plie les genoux, écarte les cuisses et fait glisser sa main jusqu'à son tanga.
« La soumise ne peut en aucun cas se masturber sans le consentement de son Maître. »
Cette règle du contrat se met à resonner dans sa tête. Ses doigts se figent une seconde contre son intimité mais l'envie est bien trop forte, elle ne peut pas y résister et de tout façon... qu'est ce que cela a de mal? Comment pourrait-il le savoir? Cela restera son secret. Parce qu'après tout... nous avons tous des secrets non? Même une soumise en a pour son Dominant. Enfin... elle imagine.
Alors sans se poser plus de questions elle fait jouer ses doigts à la perfection comme elle sait le faire et il ne lui faut que très peu de temps pour arriver au point culminant de son orgasme. Mais, étrangement, ce n'est pas le soulagement qui enivre la jeune femme mais un insupportable sentiment de culpabilité...
Un secret... oui. Un secret.
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-Alors tu as fait quoi ce week-end? -Je n'ai pas eu le temps de sortir... j'ai bossé chez moi pendant deux jours non-stop. -Tu travailles vraiment trop Antigone! Dis lui toi au lieu de t'empiffrer!
Margot donne un coup de coude dans les côtes de Damien qui s'étouffe alors à moitié avec sa bouchée de Sandwich jambon-beurre. Il tousse une seconde avant de venir soutenir sa copine contre leur amie commune:
-Elle a raison. Tu bosses trop. Si tu continues comme ça tu ne vas jamais tenir jusqu'aux exams de fin d'année.
Antigone ne peut s'empêcher de voir les images de ce week end on ne peut moins prolifique en matière d'études lui revenir en mémoire. Le club et toutes les personnes qui y étaient présentes, Césaré... ou plutôt devrait-elle dire Maitre Pendragon, le questionnaire, le contrat, la fessée... et la culpabilité qu'elle a ressentit juste pour s'être touchée, acte pourtant on ne peut plus banal et naturel.
Margot, son amie depuis le lycée et avec qui elle s'est rapprochée à leur entrée dans la même université, poursuit:
-On est allé au cinéma samedi, tu aurais du venir avec nous!
Tenir la chandelle dans une salle sombre où ils ont sûrement passé le film à être plus concentré sur leurs baisers que sur l'histoire, très peu pour Antigone:
-Oui c'est dommage mais bon on pourra se faire ça la prochaine fois...
Prochaine fois qui n'est sûrement pas prête d'arriver entre le retard qu'elle a prit dans ses révisions et les prochains rendez vous espérez avec son Dominant. La jeune femme regarde sa montre et continue:
-Bon je dois y aller il y a une conférence sur Haruki Murakami. -Tu es au courant que c'est facultatif? -Oui et alors? Tu ne penses quand même pas que je vais louper ça!
Sans lâcher son sandwich des yeux Damien intervient la bouche à moitié pleine:
-Moi je n'ai jamais pu finir un de ses bouquins.
Les deux jeunes femmes se mettent à le fixer d'un air blasé. Antigone dit, moqueuse:
-Oui mais toi on se demande tous ce que tu fous dans une fac de lettres et pas plutôt dans le domaine de la restauration. -Mais pour rencontrer la femme de ma vie bien sur!!!
Et il embrasse Margot par surprise, les lèvres couvertes de miettes de pains. Cette dernière s'essuie la bouche en hurlant et ils se mettent à se chamailler comme des enfants. Antigone sourit. Elle sait qu'ils se sont bien trouvés... et elle aimerait que se soit aussi facile pour elle.
