Antigone

74] Bonheur

-Plus de contrat. Plus de club. Plus d'autres soumises...

Antigone répète les paroles de Césaré, émue jusqu'aux larmes:

-Plus de contrat. Plus de club. Plus d'autres soumises...
-Seulement toi et moi. Moi et toi.
-Seulement toi et moi. Moi et toi.

Césaré murmure doucement ces paroles sans cesser de déposer des baiser sur le visage humide par les larmes d'Antigone.
Elle est allongée sur l'immense lit et lui est au dessus d'elle, leurs corps collés nus l'un à l'autre, en prenant garde de ne pas l'écraser.
Unis ainsi, désormais ce n'est plus seulement leurs corps qui ne font qu'un, mais également leurs âmes.

Antigone est plongée dans ses pensées à fixer le plafond, bercée par le bruit de la douche que Césaré est en train de prendre dans la salle de bain contigüe. Elle est nue, enveloppée dans les draps et se rend compte à quel point elle est heureuse. Et elle n'en peut par conséquent pas s'empêcher de culpabiliser.
Elle est heureuse alors qu'elle vient de détruire son amitié avec Margot et avec les autres.
Elle est heureuse alors qu'elle ne pourra jamais parler de cette relation avec sa famille.
Elle est heureuse alors que Césaré a mis fin pour elle à toute sa vie d'avant.
Elle est heureuse alors qu'elle n'a jamais été aussi seule.
Mais que lui importe d'avoir des amis? Que lui importe d'avoir une famille? Que lui importe le monde entier puisque qu'elle l'a lui?
Il n'y a que Césaré qui compte. Il n'y a que leur amour.

Il reste son Dominant, elle reste sa soumise, parce que l'un comme l'autre ne peuvent fonctionner et être épanouis que dans une relation telle qu'elle. Mais cela ne concerne désormais plus que le sexe. Pour tout le reste ils sont un couple normal. Du moins... ils sont ce qui s'en rapproche approximativement puisqu'ils n'auront aucune interaction sociale ensembles. Pas de dîners de famille. Pas de soirée entre amis ou quoi que ce soit d'autres. Ils se sont mis d'accord: ils font leur vie chacun de leurs côtés, et lorsqu'ils sont ensembles alors ils ne sont que deux, parce qu'à ce moment le monde autour n'existe plus.

Et malgré toutes ses conditions, Antigone est heureuse. Plus épanouie que jamais.
Comme toujours, elle ne réussit pas à démordre du fait qu'elle est étrange.
A son âge elle devrait vouloir présenter son « petit copain » à ses parents. Elle devrait vouloir se vanter au près de ses amis. Elle devrait se projeter dans cinq ans pour le mariage, dans dix ans pour les gosses.
Mais non. Antigone n'a aucune envie de tout ça. Elle ne veut qu'une chose: être seule. Seule avec lui, pour l'éternité. Parce que c'est ça le bonheur. C'est ça son bonheur. Et elle emmerde tous ceux qui pourraient lui dire le contraire.