Antigone

83] Bureau

Césaré est surpris par le SMS d'Antigone, mais soulagé de constater que tout se passe bien et qu'il n'aura donc pas à envoyer qui que ce soit à l'hôpital.
Malgré la jalousie méfiante qui perce dans son cœur il se décide d'écouter la volonté d'Antigone et rentre chez lui.
Il garde cependant précieusement son portable à ses côtés et sait parfaitement qu'il ne fermera pas l'œil tant qu'elle ne sera pas rentrée.

La voilà de retour au Rouge et Noir alors qu'elle ne voulait plus jamais y remettre les pieds.
Antigone appréhende. Elle a peur également. Mais pas dessus tout elle est en colère.
Aujourd'hui elle ne sera pas la petite soumise obéissante attachée sur La Croix de Saint-André, oh non...
Diane voulait la voir et lui parler? Elle va être servie!

Eliott guide la jeune femme jusqu'à une porte dissimulée.

-C'est le Donjon personnel de Madame Vespéral. Elle t'y attend.
-Dans son donjon?! Je croyais qu'elle voulait juste discuter! Si tu penses que je vais le laisser entraîner dans vos petites combines perverses tu...

Il la coupe calmement:

-Non non ce n'est pas ce que tu crois. Tu peux entrer. Vois plutôt ça comme... son bureau.

Eliott l'encourage du regard et après un long soupire Antigone pose sa main sur la poignée et ouvre la porte sans prendre la peine de frapper.

L'intérieur est en effet bien plus proche d'un bureau de femme d'affaires que d'un donjon. Le mobilier complet est en bois massif. Les murs sont sombres et les lumières ni trop aveuglantes ni trop tamisées, rendant l'atmosphère étrangement serein. La seule note véritablement SM présente dans la pièce est un masque et une cravache entremêlés l'un à l'autre et accroché au mur d'en face, représentant l'exact logo du club, comme sur le sceau de l'invitation qu'elle avait reçue.

Diane est assise derrière son bureau, plongée dans de la paperasse. Lorsqu'Antigone elle relève les yeux vers elle et sa bouche rouge flamboyant s'étire aussitôt en un sourire.

-Très chère Antigone! Je suis si ravie de vous voir! Je vous en prie fermez la porte et asseyez vous!

La jeune femme obéit, mais ne se montre en aucun cas docile. Elle veut simplement en venir au fait.

-Qu'est ce que vous le voulez?
-Pourquoi être aussi hâtive? Nous avons tout le temps.
-Justement non. Vous m'avez forcée à venir, je suis venue. Maintenant dites moi pourquoi!
-Oui... vous avez raison... qu'avons nous à faire de toutes ces cordialités inutiles? Vous voulez que je sois directe? Très bien. Je veux que vous me rendiez Césaré.

Antigone ne peut se retenir de pousser un rire ironique.

-Vous le rendre? Croyez vous que je vous ai volée une de vos propriétés? Césaré n'est pas un objet. Il ne vous appartient pas.
-Et à vous non plus.
-En effet, à moi non plus.
-Mais pourtant vous avez planté vos griffes en lui. Et maintenant il est prisonnier de votre charme. Il a succombé à une créature aussi basse que vous. Les hommes sont véritablement faibles.
-Vous voulez sérieusement commencé à m'insulter? Parce que je pourrais aisément vous dire quelques grossièretés moi même...
-Mais cela ne m'étonne en rien. Ça se voit tout de suite que vous jouez un rôle. Vous faites la petite naïve mais en réalité vous êtes une vipère remplie de venin.

Antigone soupire d'exaspération et se lève:

-Bon, je vois que c'était tout ce que vous aviez à me dire et comme vous vous en doutez la réponse est non, je ne vais pas renoncer à Césaré. Sur ce, bonne fin de soirée Madame.

Elle avance jusqu'à la porte, mais avant que sa main ne touche la poignée, la voix de Diane retentit:

-Oui bien-sûr je me doutais que ça ne serait pas aussi simple... Alors voici le marché...

Antigone se retourne, un sourcil dressé, et elle voit Madame Vespéral poser une valise noire sur le bureau avant de l'ouvrir puis de tourner le contenu vers elle. Les yeux de la jeune femme s'écarquillent. Diane sourit de toutes ses dents:

-Cette valise contient cinquante milles euros en liquide. Renoncez à Césaré et elle est à vous, ainsi que trois autres identiques. Deux-cent milles euros, contre un homme. Alors? Marché conclus?