41] Perséphone

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Antigone se met à avancer au hasard, cherchant du regard Césaré. Sur son passage les yeux se posent sur elle, parce que personne ne l'a jamais vue ici, parce qu'elle est nouvelle, parce qu'elle est jeune, parce qu'elle est belle, mais surtout, parce que cette tenue ne peut la rendre que désirable.
Son collier, qu'elle n'a pas oublié de mette comme lui a indiqué le mot de Césaré, la met immédiatement dans la catégorie des personnes soumises; et combien de dominants en cet instant aimerait faire jouer de ses talents sur ce corps immaculé...

-Vous êtes perdue?

Une voix féminine l'interpelle. Antigone tourne son visage et tombe nez à nez avec une Domina cinquantenaire, brune, vêtue de rouge... jusqu'au bout des ongles et des lèvres. Son regard est transperçant et elle dégage quelque chose d'effrayant. Quelque chose de céleste.

-N...non. Je cherche juste... quelqu'un.
-Quelqu'un hein...

Elle avance un doigts près de la gorge de la jeune femme et vient soudainement glisser son index dans l'anneau de son collier de cuire. Elle donne un petit coup vers l'avant ce qui a pour effet de faire avancer Antigone plus près d'elle. Elle finit par décoller ses yeux des siens pour lire l'inscription sur le cuire:

-« Maître Pendragon ».

Elle pousse un éclat de rire et lâche l'anneau. Antigone est tétanisée.

-Cela ne m'étonne pas de lui. Il est bien de genre à aimer la chair fraîche.

La chair fraîche...
Antigone frémit.
Ses yeux tombent sur l'annulaire gauche de la femme: une alliance. Qu'est ce qu'une femme mariée peut bien faire ici?

-Antigone.

En entendant cette voix familière prononcée son prénom, la jeune femme ressent un immense soulagement et se retourne.
Césaré avance jusqu'à elle, mais lorsqu'il voit l'autre femme il ne se soucie alors plus une seconde de sa jeune soumise et vient s'incliner légèrement en avant tout en prenant la main de la femme pour lui faire un baise main traditionnel, c'est à dire sans la toucher de ses lèvres, ce qui serait un manque de respect. Elle se laisse faire en souriant, puis il se redresse et dit:

-Madame Vespéral. Je vois que vous avez fait connaissance avec ma nouvelle soumise.

« Madame Vespéral »?
Pourquoi ce nom lui dit quelque chose?
Il faut un instant à Antigone pour se remémorer l'invitation; mais aucun doute possible: cette femme est la maîtresse de ces lieux. Elle est la femme du diable. Elle est... Perséphone.

-Oui en effet. Elle m'a l'air bien timide.

Césaré pose une seconde son regard sur Antigone et dit avec un petit sourire en coin:

-Oui, mais elle peut également être très étonnante lorsqu'elle le souhaite.
-J'aimerais bien voir ça.

Antigone sent ses joues s'enflammer. Elle est intimidée par la situation, elle ne sait pas comment elle doit se comporter. Que ferait une parfaite soumise à sa place?

Elle regarde discrètement autour d'elle. Elle a l'impression d'être la seule à ne pas savoir quoi faire. Chacun est à sa place. Tous les dominants sont parfaits, tous les soumis sont parfaits. Il n'y a qu'elle... un peu paumée.

Soudain, un jeune homme se précipite vers la femme et lui dit discrètement:

-Madame Vespéral! Nous vous attendons.
-J'arrive.

Elle fait un sourire à Césaré:

-Je suis navrée mais je dois m'éclipser. Mais je ne doute que nous nous reverrons plus tard dans la soirée. Je n'ai pas l'intention de laisser s'échapper cette jeune fille avant d'avoir vu de quoi elle était capable...
-A tout à l'heure, donc.
-Oui. A tout l'heure.

Elle tourne les talons, s'évapore dans la foule et ce n'est qu'à cet instant qu'Antigone réalise qu'elle avait cessé de respirer.

Antigone Où les histoires vivent. Découvrez maintenant