Antigone

56] Fierté

Une fois dans son Donjon personnel, Césaré dépose délicatement Antigone sur le sofa rouge.
Il ouvre l'armoire et prend une petite boîte en métal blanc. Il en sort des compresses stériles et vient s'assoir à côté de la jeune femme.
Il attrape doucement son visage et vient tamponner son arcade sourcilière ensanglantée avec les compresses.
Il désinfecte et calme le saignement avant d'articuler d'une voix professionnelle:

-Il ne va pas y avoir besoin de recoudre...

Il lui met un pansement et referme la boîte.
Antigone ne sait pas quoi dire ou faire. Elle ne désirait qu'une chose lorsqu'elle était sur cette estrade, à la portée de Diane: être enfin dans les bras de Césaré. Et maintenant qu'ils sont seulement tous les deux elle perd tous ses moyens.

Finalement, c'est lui qui brise le silence:

-Antigone... je ne t'avais pas emmenée ici pour que tu subisses ça. Si j'avais su jamais je ne t'aurais faite venir.

Il soupire et passe sa main dans ses cheveux. Il ne la regarde pas dans les yeux et est visiblement plus brisé qu'elle a causé de ce qu'il s'est passé.
Cela donne à la jeune femme l'incommensurable envie de le serrer contre elle et de le rassurer. Elle répond aussitôt:

-Césa...

Elle se reprend, se racle la gorge et poursuit d'une voix plus calme:

-Maître Pendragon. Ne soyez pas désolé pour ça. Moi je ne regrette rien. Parce que j'ai vu et j'ai compris des choses que je n'aurais sans doute jamais comprises sans ça.

Césaré hausse un sourcil et lève les yeux vers les siens.

-Comme par exemple?
-J'ai compris de nouveaux aspects de cet univers. Les gens, les rôles, les limites, les règles... J'ai eu mal vous savez, vraiment. Mais jamais je n'aurais dit mon safeword. Jamais je ne vous aurais fait ça.
-Antigone! Je te l'avais dit pourtant! Je t'avais dit de ne pas penser à moi!
-Je sais ce que vous m'avez dit. Mais ça n'a fait que me conforter dans ma détermination à vous faire honneur. À vous rendre fier.

Césaré pousse un petit rire ironique:

-« Me rendre fier »...

Antigone se fige. Elle baisse les yeux et se met à se triturer les doigts.

-J'ai été... lamentable... vous avez raison... Je ne vous mérite pas...

Un sanglot lui monte à la gorge. Aussitôt Césaré attrape son visage entre ses mains pour qu'elle relève ses yeux vers lui et lui dit brusquement:

-Putain mais tu m'as rendu fier à la seconde où tu es entrée ici. Tu m'as rendu fier lorsque tu t'es mises nue, lorsque tu es restée droite et magnifique. Tu m'as rendu fier avant même de monter sur cette estrade et tellement plus après. Si tu avais dit ton safeword avant même que ça ne commence je ne t'en aurais pas voulu une seconde, mais lorsque je t'ai vue, si calme, si sereine face aux coups, face à l'humiliation, face à la douleur... face à Diane. Là crois moi, tu m'as rendu plus fier qu'aucune Maître ne l'a jamais été pour sa soumise. Et tu oses dire que tu ne me mérites pas?! Bordel Antigone! C'est moi qui ne te mérites pas! Personne ne te mérite. Parce que personne ne peut mériter la déesse que tu es...