Antigone monte la marche de l'estrade et avance jusqu'à Diane qui l'attend d'un pied ferme, ce petit sourire aux lèvres rouges éclatantes toujours plaqué sur son visage. Elle la toise de haut en bas, comme tout le monde d'ailleurs, puis finit par faire un signe en direction de La Croix de Saint-André laissée vaquante.-En place!
Les yeux baissés, ne voulant pas faire un seul faux pas sachant que tous ses actes auront des conséquences pour Césaré, elle avance à toute vitesse jusqu'à l'endroit indiqué.
Un soumis monte sur l'estrade et vient lui attacher les chevilles et les poignets avec les lanières en cuire incrustées au bois avant de redescendre aussi rapidement qu'il est monté.Antigone ne peut presque plus bouger. Malgré sa détermination elle ne peut empêcher le stress et l'angoisse de lui monter à la gorge.
Elle passe ses yeux sur la foule qui l'observe attentivement et croise alors le regard de son Maître. Ils se fixent intensément et se rassurent mutuellement. Pendant quelques secondes, il n'y a plus qu'eux deux dans cette salle. Eux seuls sur terre.
Jusqu'à ce que la voix de Diane vienne briser cette osmose:-Quel est ton safeword?
-Algea.La femme s'approche un peu plus et lui murmure:
-Césaré est difficile en matière de soumise. Si tu es là c'est que tu as quelque chose en plus, quelque chose de particulier... ou alors tout simplement que tu sais parfaitement t'y prendre avec lui. Il a ses faiblesses, mais il va voir ta vraie nature maintenant.
Antigone fronce le nez. Quel est leur lien, à cette femme et à Césaré? Ils ont l'air de bien se connaître mais ils gardent néanmoins une distance respectueuses dans leurs échanges.
À écouter Madame Vespéral, la jeune soumise a l'étrange sensation de faire face à une femme jalouse...
Elle demandera des explications à Césaré. Du moins... si elle descend de cette estrade vivante.Diane fait un signe de tête à son mari et aussitôt la cérémonie reprend comme si rien ne s'était produit. L'homme poursuit ses démonstrations et elle prend une canne en bambou avant de se placer de nouveau face à Antigone.
Sans lui laisser le temps de réfléchir elle lui frappe le ventre. La jeune femme en a le souffle coupé, et avant même qu'elle n'est le temps d'avoir mal, les coups se mettent à pleuvoir sur ses seins, ses cuisses et ses bras.La douleur est totalement différente de ce qu'elle a déjà pu ressentir par les claques à la main ou avec le martinet. Parce que là ça ne fait pas juste claquer, ça s'insinue jusqu'à l'os. Ce n'est pas que la peau qui subit, mais aussi le muscle, les chairs, les tendons...
Diane est experte et elle sait parfaitement où frapper sans risquer de blesser gravement mais en faisant le plus mal possible.
Son geste est sur et adroit. Elle n'a pas besoin de mettre toute sa force, il lui suffit de faire le bon mouvement, de laisser la canne prendre son élan, fouetter le vent avant de finir sa course sur le corps de sa victime.Lorsqu'elle s'était renseignée à propos de milieu BDSM, Antigone avait appris que la canne était l'une des plus douloureuses punitions, si ce n'est la pire, en matière de flagellation.
Césaré ne l'avait jamais utilisée à son encontre même si l'envie ne lui manquait pas, mais il voulait y aller étape par étape avec elle. Mais maintenant qu'il la voit sur cette estrade, entre les mains de Diane, en train de se faire battre avec une brutalité extrême, il regrette de ne pas l'avoir fait. Parce que mieux aurait valu que ce soit lui plutôt que cette Domina.
Antigone a atrocement mal. Son traits sont tirés et tous ses muscles contractés. Elle se cambre à chaque nouveau coup. Sa peau passe du beige, au blanc, puis au rouge. Les bleus apparaîtront ce soir pour certains, demain pour les plus profonds.
Son corps hurle sa douleur, mais sa bouche, elle, reste silencieuse. Elle aimerait crier, se débattre, supplier. Mais toujours elle reste dans un silence parfait, juste perturbé par sa respiration saccadée et quelques gémissements incontrôlables au moment où la canne frappe.Elle pourrait dire son Safeword, et tout s'arrêterait maintenant. Mais la douleur, même si plus intense que jamais, ne réussit pas à lui faire oublier son but premier: résister, encore et encore. Résister pour ne pas faire se plaisir à Diane, mais surtout pour rendre fier son Maître.
Tout se joue dans la tête, elle le sait parfaitement. Alors elle ferme les yeux, respire plus profondément que jamais, et image que chaque coup est une caresse de Césaré.Ce dernier, quant à lui, n'arrive pas à croire que sa soumise puisse paraître aussi calme. Bien sûr la douleur est largement perceptible sur chaque millimètre carré de son corps, mais toujours elle résiste.
Et désormais, ce n'est plus juste par inquiétude qu'il se dit qu'il aurait mieux valu qu'il l'entraîne avec la canne, mais par jalousie.
La frustration que ce ne soit pas lui qui lui fasse découvrir ces nouvelles sensations lui pince le cœur.S'il avait su qu'elle serait aussi résistante, ce n'est pas de simples fessées au martinet qui lui aurait asséné tout à l'heure, mais bien pire...

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Antigone
Romantik« Mais la véritable question est: aimez vous les choses particulières?... » -2019-