Antigone

39] Sceau

En rentrant de ses cours, Antigone va prendre une douche pour se rafraîchir et surveille de prêt son portable, attendant avec impatience que le nom de Césaré apparaisse sur l'écran. C'est à lui de la recontacter, pas l'inverse, alors elle attend patiemment. Peut-être sera-t-elle sans nouvelle pendant plusieurs jours, mais elle est prête à attendre autant qu'il faudra, car elle en est sûre: il est loin d'avoir fini de jouer avec elle.

Elle coiffe ses cheveux trempés devant le miroir de la salle de bain quand elle entend frapper à la porte. Elle tend l'oreille, se demandant si c'est son imagination, mais lorsque trois coups retentissent de nouveau elle se précipite dans le couloir et va ouvrir, vêtue seulement de sa serviette.
Mais son immense sourire se dissipe aussitôt quand elle découvre que ce n'est pas Césaré qui se tient face à elle, mais un homme lambda, habille d'un jean déchiré et d'un t-shirt usé.
Aussitôt ses doigts se crispent sur le tissu et l'homme détourne aussitôt le regard, gêné par l'inattendu de cette situation.

-Bonjour. Je... j'ai un colis pour une certaine... (il regarde ses notes) Antigone. C'est vous?
-Oui.
-Très bien. Il me faudrait une signature.

Il lui tend un stylo, en prenant toujours garde à ne pas laisser ses yeux se perdre sur le corps de la jeune femme. Elle le saisit, signe et lui rend le stylo qu'il échange contre le paquet en carton qu'il tenait sous le bras. Tous deux n'ont qu'une envie: abréger cette situation au plus vite.

-Bonne journée madame.
-Merci. À vous aussi.

Et aussitôt il dévale les escaliers sans se retourner tandis qu'elle claque sa porte, soulagée.

Elle respire profondément et imagine le visage que ferait Césaré s'il apprenait ce qu'il vient de se passer.

Elle va dans son salon et s'assoir sur le canapé, se demandant de quoi il peut bien s'agir sachant qu'elle n'a rien commandé.
Elle déchire le scotch et ouvre le carton. Dedans, une grande boîte bordeaux d'une qualité rare. Elle ouvre précautionneusement le couvercle. Une enveloppe noire est posée sur du papier de soie de la même couleur.
Elle la prend, aucune inscription. En la retournant pour l'ouvrir elle découvre un sceau. Dans le rond de cire rouge se démarque le dessin d'un masque et d'une cravache.
Plus aucun doute possible: ce colis vient de la part de Césaré.

Elle brise le cachet et prend la lettre. Le papier est épais, de qualité et aussi noir que tout le reste. Tout est inscrit en lettre d'or. Elle lit:

« Invitation de la soumise Antigone, par l'intermédiaire de son Dominant, Maître Pendragon, à la soirée d'anniversaire du Rouge et Noir.

Monsieur et Madame Vespéral. »

Antigone reste bouche bée.
Quoi? C'est tout? Rien d'autre. Pas une indication de plus.
Elle tourne et retourne la feuille mais c'est tout. Ces quelques mots.
Qui sont-ils ce Monsieur et Madame Vespéral?

Elle pose la lettre et commence à retirer le papier de soie du colis lorsqu'une petite carte se glisse hors des plis. Elle la prend et reconnaît l'écriture élégante de Césaré, ce qui la soulage aussitôt:

« Sois prête à 21 heures. Le chauffeur t'attendra en bas de chez toi. Je lui ai donné comme consigne de partir sans toi si tu étais en retard.
PS: n'oublie pas ton collier. »

Décidément Antigone est complètement perdue.
Une invitation.
Une soirée d'anniversaire du club BDSM où elle avait rencontré Césaré.
Un chauffeur.
Qu'est ce que tout cela signifie?

Elle pose la petite carte sur l'enveloppe et finit de retirer le papier de soie de la boîte.
Une robe?...

Elle prend délicatement le tissu entre ses doigts et déplie le vêtement devant elle. Elle manque de s'étouffer en découvrant réellement de quoi il s'agit.
Une robe en effet. Mais c'est bien la première fois qu'elle en voit de ce genre.

Elle est complètement noire et fonctionne grâce aux jeux de matières qui lui donnent un aspect délicat et brutal.
Le décolleté est plongeant et ce qui est censé cacher sa poitrine est légèrement transparent. Ses seins seront soutenus par un corset de cuire qu'elle devra lasser par devant et qui ne manqueront pas de lui bloquer la respiration et de l'obliger à prendre une posture parfaite.
La robe est longue et traîne sur le sol, mais deux ouvertures sur les côtés, vont largement laisser entrevoir ses jambes jusqu'à la taille.

Elle a du mal à avaler sa salive en comprenant qu'elle va devoir porter quelque chose d'aussi sexy et sensuel devant d'autres personnes.
Mais après tout, elle sera loin d'être la seule. Et puis... que risque-t-elle aux côtés de son Maître?