➵ Chapitre 13

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— Eh bah, Mickey ! Tu ne perds pas ton temps ! s'écria Luke, nous interrompant, par la même occasion

   Il s'était silencieusement approché pendant que nous nous embrassions, suivi de Clara. Le teint rougissant, je me séparai de Mike et me surpris à me sentir déçue de ne rien voir transparaître sur le visage de Luke. Les sanglots étaient déjà formés dans ma gorge. Qu'est-ce que j'espérais ? Qu'il se mette à hurler sur son meilleur ami et qu'il m'embrasse passionnément ? Mon estomac se tordit violemment à cette seule pensée. Je devais l'oublier. Quelqu'en soit le prix. Je me le promis.

— Va te faire voir, Luke ! répliqua Mike d'une voix pleine de colère.

   Luke écarquilla les yeux et Mike tourna les talons, me laissant en plan. Ce fut ce moment que mes larmes choisirent pour couler. Et mes sanglots de crier leur existence. Le visage inondé, j'aperçus du coin de l'œil Alice et Caitlin se lever et Clara accourir vers elles. La musique monta subitement d'un cran. Mike n'était plus là. J'étais seule. Seule au milieu d'une foule dansante et joyeuse, qui n'entendrait jamais ma détresse et ne s'en inquiéterait pas. Luke m'observait de ses yeux clairs, à un mètre de moi, silencieux et indéchiffrable. Je reculai d'un pas. Je devais fuir.

   N'y tenant plus, je me retournai et me faufilai entre les gens transpirants. La musique battait à mes oreilles. Des pieds écrasaient les miens. Une voix masculine et lointaine criait mon nom. Luke. La tête me tournait, le monde dansait autour de moi, mais il ne faisait que tournoyer au-dessus d'un grand vide. « Emilie ! Emmy ! Où tu vas ? Emmy ! » criait Luke. Je me retournai et ne le vis pas. J'étais en train de rêver. « Emmy ! Pardon, excusez-moi... Emilie ! ». Je me pris la tête entre les mains, n'entendant plus que des tambours battre au cœur de mon oreille, et sa voix, sa voix à lui, qui martelait mon nom.

— Sors de ma tête ! hurlai-je, en proie aux larmes.

Mais personne ne m'entendit dans la nuit pâle et silencieuse. C'était un cri dans la nuit. Partout autour de moi, les gens riaient, dansaient, criaient, se séduisaient.

— Hé, ça vous tente un verre ? me héla un jeune homme aux yeux sombres

— Non, désolée, bégayai-je en sanglotant encore

Et comme il ne m'entendit pas, je fis non de la tête et slalomai entre les rires et les embrassades. Il fallait que je sorte, j'étouffais, l'air était chaud et ma gorge bloquée par un chagrin irraisonné. Une main se posa brutalement sur ma taille et un cri de surprise franchit mes lèvres.

— Tu m'offres une danse ? questionna un homme, éméché au vu de ses jambes vacillantes.

— Non ! refusai-je en secouant la tête

— Tu es sûre ? Car tu es très mignonne ! insista-t-il, en appuyant plus fort sur ma taille

— Non ! Laissez-moi tranquille ! répétai-je d'une voix plaintive, et en tentant de me dégager

— Elle t'a dit non, je ne voix pas pourquoi tu insistes ! retentit une voix froide que je ne connaissais que trop bien, derrière moi

Aussitôt, l'homme me lâcha sans demander son reste et je m'enfuis vers la porte, Luke sur mes talons. J'entendais sa voix m'appeler. Sans un regard, je franchis la porte surveillée par le videur, et l'air frais caressa mon visage. Je m'éloignai de quelques pas et laissai libre court à mes larmes, me pensant seule. Mais évidemment, je ne l'étais pas. J'entendis Luke s'approcher de moi et me demander, sur un ton doux :

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

Dans un élan de courage, peut-être dû à l'unique verre que j'ai bu (quoique, c'était sûrement redescendu), je m'écriai :

Tout pour la musique (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant