➵ Chapitre 8

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A ces mots, Mike se leva, disant qu'il allait préparer du café pour tout le monde. Alice et moi le rejoignîmes pour l'aider à faire du thé pour Caitlin, sortir le jus de fruits pour Clara, le lait pour ceux qui voulaient agrémenter leur café.

— Merci d'être venues m'aider ! nous remercia Mike en sifflotant gaiement, et surtout, compléta-t-il en comptant les cuillères de café qu'il mettait dans le filtre, merci d'avoir accepté de vouloir rejouer avec moi ! Enfin, avec nous, se corrigea-t-il, je sais qu'il t'en coûte, Emmy, et-...

— Ne t'inquiète pas Mike, le coupai-je sur un ton rassurant, moi aussi je veux faire de la musique, et qu'importe ce qu'il s'est passé, c'est fini maintenant.

Il me sourit :

— Alors tant mieux.

Le café ayant fini de couler, il se munit d'un plateau sur lequel il posa cinq tasses dont une remplie d'eau bouillante, la cafetière et une boîte de cookies.

— Je vous laisse emmener le reste, chantonna-t-il en quittant la pièce

Boîte à thé et un verre en main, je sortis joyeusement la première, et manquai de déchanter : Luke embrassait Clara. Voilà pourquoi elle était là. J'avalai péniblement ma salive, et Alice me tira par le bras dans la cuisine. Elle se pencha vers moi.

— On sait maintenant ce qu'elle fait ici, chuchota-t-elle

— Et pourquoi elle parlait toujours de faire ses études à New-York en fin de lycée, soufflai-je, les yeux humides

— Ignore-les le temps qu'on boive un coup, et ensuite je te promets qu'on repart et qu'on en parle avec Lise, murmura Alice, en me détaillant d'un air inquiet

— Il y a un trou noir entre la cuisine et le salon ? résonna la voix de Mike

— On arrive ! Emmy s'est pris les pieds dans la nappe de la cuisine et on a dû ramasser tous les sachets de thé ! cria ma meilleure amie

— Alice ! la réprimandai-je, plus pour l'excuse qu'elle avait inventée que pour aller dans son sens

   Elle me sourit puis se détourna. Je la suivis en souriant soigneusement à Mike qui nous attendait près de la table que je n'avais remarquée en rentrant dans le salon, puisque je n'avais pas regardé à droite. Je m'y assis, Mike en face de moi et Alice à côté de moi. Caitlin s'installa entre Mike et Luke, et Clara à côté d'Alice.

— Ah, je suis si content ! rayonna Mike après avoir versé du café fumant dans les quatre tasses restantes

— Ça fait plaisir de te voir aussi enthousiaste ! Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu sans ton air lugubre ! avoua Caitlin, tout sourire

— A d'autres ! répliqua Luke. Tu ne l'as pas vu hier midi quand il a sonné chez moi pour m'annoncer qu'on avait une chance de reformer le groupe !

— Tu exagères Lulu ! rétorqua Mike

— Pas du tout ! Tu sautais littéralement sur place !

— Comme une poule, se moqua Alice

Une grimace de dégoût peignit les traits de Mike :

— Ne me parle pas de ces satanées bestioles ! Elles continuent de me poursuivre et de me pincer les fesses !

— Ah ça, c'est de ta faute ! Je t'avais bien dit que leur donner les restes de ta tourte au poulet était une grossière erreur ! lui rappelai-je, elles sont devenues cannibales, et manger un de leurs semblables les a rendues folles !

— Mais ça fait un an, geignit Mike, elles devraient avoir oublié !

   En évitant soigneusement de regarder dans la direction de Luke, je bus une gorgée de café, qui me brûla la gorge, les yeux obstinément fixés sur les arbres du jardin de Mike. Je finis par craquer et par lui jeter un petit coup d'œil. Mon coeur bondit quand je m'aperçus que ses orbes claires étaient déjà plongées sur moi, et immédiatement l'image de lui en train d'embrasser Clara surgit dans mon esprit. La mer borda mes yeux et je baissai le regard vers ma tasse de café fumante que je m'empressai de prendre. Le Placébo, comme aimait l'appeler Lise depuis que Ludovic le lui avait fait remarquer.

Tout pour la musique (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant