➵ Chapitre 78

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— Vite, Emmy ! Wiener va nous tuer si on est en retard ! s'exclama Alice depuis le couloir

— J'arrive ! criai-je en attrapant mon sac

   Pas le temps de fermer ma veste ! J'avais passé toute l'après-midi sur mon explication de texte en philosophie, au point que je n'avais pas vu l'heure passer. Nous avions rendez-vous pour partir à la salle de spectacle il y a deux minutes, et si il y avait bien une chose que M. Wiener détestait autant que les élèves qui chantent en playback en chorale, c'étaient bien les retards.

   Nous dévalâmes les escaliers et j'eus tout juste le temps de passer mon écharpe par-dessus mon épaule avant que le vent glacial de novembre ne me brûle le visage.

— Vous êtes en retard, signala froidement M. Wiener

— Sans blagues, marmonna Alice tandis que je reprenais mon souffle

— Bon. Tout le monde est là. On peut partir.

— Bah alors, qu'est-ce qui vous arrive ? nous accosta Solange alors que nous commencions à marcher

— La philosophie, répondis-je simplement. Je n'ai pas vu le temps passer.

— Tu as passé toute l'après-midi dessus ? s'étonna Judickaël. Eh ben, tu en avais des choses à dire !

— Pas toi ? demandai-je

— On a juste fait le plan Ludo et moi..., expliqua-t-il en souriant légèrement

— Moi aussi ! Et il est assez long, il fait trois pages, confiai-je

   Un parfum de sapin s'éleva jusqu'à mes narines, et je n'eus pas besoin de me tourner pour savoir qui marchait désormais à côté de moi.

— Trois pages ? répéta Ludovic. Trois pages de brouillon sur ce texte ? C'est humainement possible ?

— Oui, affirmai-je en riant. Je vous montrerai.

— Si c'est aussi tiré par les cheveux que la dernière fois, ne compte pas sur moi, grimaça-t-il

— Tu exagères, répliquai-je. Les arguments étaient clairement dans le texte...

— Je ne suis pas sûr qu'on ait lu le même texte, murmura-t-il, amusé

Son regard mutin croisa le mien et je m'esclaffai.

— Je crois surtout que tu n'aimes pas trop cette matière, répliquai-je avec un sourire au coin

— Pas faux, admit-il

— Et toi ? demanda Solange à l'attention d'Alice.

— Moi ? Eh bien je suis toujours en retard. Si j'étais à l'heure les autres fois, c'était grâce à Emmy.

— Redis-moi comment tu comptes t'y prendre pour nos instruments ? demandai-je en regardant Solange avec inquiétude

— Arrête de stresser, Emmy ! Je gère ! Donc, une bonne fois pour toute... Harry et Abdel arriveront en voiture un peu avant le spectacle. Dès que Wiener part pour la scène, on ouvre la porte des coulisses. On les aide à décharger et on entrepose tout dans la petite pièce en bas de la scène, que personne ne voit.

— Tu es sûre que tout va rentrer ? questionnai-je. Parce que ça fait beaucoup, un synthétiseur, une batterie, une basse, une guitare et des amplificateurs...

— Mais oui !

— Et s'il faisait noir et qu'on n'arrivait pas à monter la batterie ?

— Mais non ! On s'est entraîné un milliard de fois, ne t'inquiète pas ! me rassura Judickaël

Tout pour la musique (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant