➵ Chapitre 48

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Lundi, lundi. Le jour de la Lune. Tu es souvent synonyme de retour à la triste réalité, associé à la morosité du début de la semaine. Et si je t'associais à une seconde chance, à un renouveau ? Tu ne me regarderais plus d'un air si affligé. Non, tu me tendrais la mains avec un grand sourire pour m'entraîner avec toi dans ta course folle à travers la journée.

C'est pourquoi je choisis de réfréner mon irrépressible envie d'exploser mon réveil d'un coup de poing bien mérité. Quelle idée de sonner si tôt ! Six heures trente pour un jour de rentrée, on ne peut pas rêver pire ! Quoique, Simon a déjà été obligé de se lever à cinq heures trente pour arriver à l'heure à un examen.

Je laissai un grognement franchir mes lèvres et extirpai ma main de la couverture pour allumer ma lampe de chevet. Évidemment, dans ma maladresse, je faillis la faire tomber, et pour couronner le tout, elle m'éblouit. J'avais au moins une bonne excuse pour cacher mon visage sous la couette...

J'entendis Alice se lever pour aller aux toilettes puis s'habiller à la salle de bains. Quant à moi, j'attrapai mes chaussettes qui, pliées, m'attendaient tranquillement. Je sautai dans mon jean noir et mon débardeur blanc. Un pull bleu clair et un pendentif flocon plus tard, j'étais dans la salle de bains entrain de brosser mes cheveux et de me laver le visage. Une dizaine de minutes plus tard, nous étions prêtes et n'avions toujours pas échangé un mot. Mon humeur « ne me parle pas tant que je n'ai pas bu mon thé » semblait avoir déteint sur Alice !

Nous descendîmes à la cafétéria où nous rejoignîmes les autres. Nous nous installâmes à une grande table, au fond de la pièce, en face de la large fenêtre et des radiateurs. Je fus surprise de voir Lise et Clara se joindre à notre tablée. Cela faisait des mois que je ne leur avais pas adressé la parole. Et ça faisait aussi des mois que je n'avais pas vu Lise avec Thomas.

Attendez une minute. Ils n'étaient plus ensemble ? Oui, Alice me l'avait dit en septembre, mais c'était visiblement entré par une oreille et sorti par l'autre... Comment avais-je pu passer à côté de ça ? J'avais tellement été obnubilée par Luke que je n'avais pas fait attention aux autres. Bravo Emilie, me complimentai-je ironiquement.

Lise s'installa à côté de moi. Quelques rares mèches rouges subsistaient dans sa chevelure brune. Je la fixais sans rien dire. Emilie.exe a cessé de fonctionner.

— Quoi ? Tu veux ma photo ? questionna-t-elle d'un air dédaigneux

Je clignais des yeux, revenant lentement à moi.

— Je... euh... quoi ? bredouillai-je

— Ça fait cinq bonnes minutes que tu me détailles, expliqua-t-elle en sirotant son thé. Tu veux une photo pour le faire chez toi ?

— Désolée, m'excusai-je, platement. C'est juste que j'ai l'impression d'avoir loupé un épisode. Carrément la saison entière, en fait.

Lise haussa les épaules :

— Crois-moi, t'as rien loupé.

Comme pour affirmer ses dires, Clara hocha vivement la tête.

— Si ce n'est que Thomas n'est qu'un abruti, marmonna-t-elle, mais ça tu le sais déjà...

Je partis dans un fou rire incontrôlé et lui tapotai l'épaule :

— Bienvenue au club ma vieille ! commentai-je

   Elle parut surprise de mon geste. Habituellement, c'était le genre de gestes que je réservais à Alice, Mike ou Caitlin.

— Chouette, on est deux. Justement, notre emblème n'aura qu'à être une chouette ! Et notre dicton « Ô rage, ô désespoir, ensemble nous vaincront cette infamie ! ».

Tout pour la musique (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant